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Drogue et blanchiment d’argent : le gouvernement gagnera-t-il ce combat ?

Une des récentes saisies au large du Coin de Mire. Une des récentes saisies au large du Coin de Mire.

Quatre ans depuis son accession au pouvoir, le gouvernement de l’Alliance Lepep, désormais l’alliance MSM-ML, poursuit sur sa lancée dans le combat contre le trafic de drogue. Les retombées de la Task Force sont très attendues en 2019.

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Après le démantèlement du réseau de Peroomal Veeren, mené par Navin Kistnah et compagnie en 2017 et la mise hors d’état de nuire du réseau d’Oomar Karrimbaccus, alias Tirania, en 2018, les saisies de drogue ont été succédées par les saisies de biens, soupçonnés provenir du trafic de stupéfiants.

Si l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) et la Custom Anti Narcotics Section (Cans) de la Mauritius Revenue Authority (MRA) multiplient les efforts, d’autres unités telles que l’Independent Commission Against Corruption (Icac), la Financial Intelligence Unit (FIU) et l’Asset Recovery Office (Aro) s’attaquent aux moyens des trafiquants en saisissant leur argent et autres biens acquis par le biais du trafic. Le gouvernement a mis une panoplie d’infrastructures et de moyens à la disposition de ces autorités. Gagnera-t-il le combat contre le trafic de drogue ?

Si durant l’année écoulée plusieurs policiers, dont certains affectés au sein de l’Adsu, ont été épinglés pour délits de drogue, la situation est toujours jugée alarmante dans les rues. Les travailleurs sociaux, engagés dans le combat de la drogue et surtout dans la réhabilitation des toxicomanes, évoquent des problèmes tels que : la présence de brebis galeuses, la corruption, un laisser-aller au sein des prisons, entres autres.

Dans les milieux des travailleurs sociaux, même si les saisies et les arrestations se succèdent, on parle d’une plus grande ampleur du trafic. Ils évoquent un problème socio-économique qui fait que plusieurs se laissent tenter par l’argent facile venant du trafic de drogue. « Zordi, la prizon se enn lieu kot ladrog cirkile. Li rezim enn problem kass. Tou dimoun fer sa akoz larzan ». Notre interlocuteur fait illusion aux gardiens de prison et autres préposés qui introduisent la drogue ou autres objets interdits, tels que les téléphones cellulaires et les armes, dans les cellules des détenus.

Équipements et logistiques

L’année prochaine, la brigade des stups compte bel et bien améliorer les systèmes de « tracking » en misant sur l’apport technologique de nouveaux appareils. Parmi, des GPS Tracker, un système de surveillance sur plusieurs réseaux soupçonnés d’être impliqués dans le trafic de stupéfiants, mais surtout une concentration sur les gros bonnets. Les opérations de crackdown dans le combat contre la drogue synthétique s’intensifieront, tout comme les opérations de surveillance en mer, en collaboration avec la National Coast Guard (NCG).

Alors que le rapport de la Commission d’enquête sur la drogue réclame une refonte de l’Adsu, cette unité compte poursuivre sa lancée pour attaquer la nouvelle année. En 2019, l’emphase sera placée sur les jeunes, notamment sur un plan d’éducation. La lutte contre le trafic dans les rues se fait en parallèle avec une équipe dédiée aux campagnes de sensibilisation. Durant l’année 2018, plusieurs activités, conférences, ateliers de travail et campagnes de sensibilisation ont eu lieu à travers l’île. Les centres commerciaux, endroits très fréquentés par les jeunes et étudiants durant les week-ends, ont été ciblés de manière stratégique. Les officiers de l’Adsu ont tenté de conscientiser les jeunes sur les dangers liés à la drogue. Cette initiative devrait prendre plus d’ampleur en 2019.

L’ancien juge Paul Lam Shang Leen avait égratigné certains membres de l’Adsu. Avec 342 policiers au sein de cette unité depuis août 2018, il nous revient qu’en 2019 d’autres policiers la rejoindront. Si depuis le début de l’année de 2018, à plusieurs reprises les procédures au sein de l’Adsu et le mode de recrutement des agents font l’objet de vives critiques, cependant l’Adsu semble être devenue plus discrète. Le système de rotation sera de plus en plus fréquent l’année prochaine.


Imran Dhanoo du Centre Idriss Goomany : « Mo pa trouv problem ladrog pou eliminé, c’est enn ‘utopie’ »

« Le combat contre les drogues illicites est un problème qui existe bel et bien à travers le monde. Ce, depuis 1970 lorsque Nixon avait déclaré la guerre contre la drogue. Mo pas trouv problem ladrog pou elimin´´, c'es enn utopie».

C’est l’avis d’Imran Dhanoo, travailleur social qui se consacre au Centre Idriss Goomany à Plaine-Verte. Pour qu’il soit plus efficace, il estime que le combat doit être à deux volets : combattre la demande par les soins et le contrôle de l’offre. Imran Dhanoo est d’avis que l’élimination de la drogue est une utopie. Même si l’accent est mis sur le plan éducatif, les traitements et le contrôle de l’offre (le trafic) par l’Adsu, Imran Dhanoo dit déplorer l’absence d’une coordination dans la prévention. Il souligne cependant que les amendements à la Dangerous Drug Act ont apporté une aide. Cependant, le travailleur social constate que la drogue est toujours présente dans les rues malgré toutes les arrestations et saisies.  « Ena bann loop-holes. »


Collaboration régionale

La collaborations avec les pays amis de la région, notamment le continent africain, devrait connaître une intensification en 2019. Les responsables du QG de l’Adsu veulent intensifier les échanges d’informations avec des pays tels que Madagascar, l’Inde, la Chine et les pays de l’Afrique de l’Est. « La Chine est l’un des plus grands producteurs de drogue synthétique, il nous faut effectuer des échanges d’informations », souligne nos sources au sein de l’Adsu. La brigade antidrogue misera aussi sur la formation des policiers afin de mieux réaliser les « controlled deliveries ». La formation est prévue à Maurice aussi bien qu’à l’étranger.

La mise sur pied d’une Education Cell au sein de l’Adsu

Sous la supervision personnelle du directeur de l’Adsu, Choolun Bhojoo, la brigade antidrogue comptera sur une Education Cell. Le but est d’éduquer la population, particulièrement les étudiants qui sont la proie facile des trafiquants de drogue. L’Education Cell compte ainsi étaler son exercice dans l’entourage des étudiants, voire même au sein des familles et toute la société. Les méfaits de la drogue seront mis en avant en vue d’éviter des impacts sur la société et la famille des proches. Le but est aussi de promouvoir une réduction dans les dépenses publiques du gouvernement.


Début des travaux d’un centre de la MRA à l’aéroport

La Mauritius Revenue Authority (MRA) a lancé un appel d’offres pour la construction de l’Integrated Governmental Clearance Centre (IGCC) à l’aéroport de Plaisance à la fin de décembre. Les travaux de construction doivent être complétés dans un délai de 469 jours, soit en 2019.

Les travaux comprennent la construction d’un immeuble de bureaux de quatre étages, d'une surface d'environ 4 800 m² comprenant le rez-de-chaussée, les premier et deuxième étages. Un bâtiment annexe de deux étages, d'une superficie approximative de 1140 m², comprenant une cafétéria et un auditorium au rez-de-chaussée. Les travaux d’installation de drainage, d'un bâtiment technique, d'un centre de détention et des niches pour chiens sont aussi prévus au sein de l’enceinte. Provision sera également faite pour des générateurs en cas de coupure d’électricité et une installation de systèmes de vidéosurveillance. Le coût du bâtiment est estimé à Rs 450 millions. Il fonctionnera comme un ‘one stop-shop’ pour toutes les marchandises qui entrent au pays par les avions.

 

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