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Économie océanique : la Banque mondiale montre la voie du succès

Une exploitation judicieuse et contrôlée des ressources maritimes permettra au pays de se hisser au rang de nation à hauts revenus. La Banque mondiale explique le moyen d’y parvenir dans un rapport qui vient d’être déposé.

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Maurice a intérêt à accorder plus d’attention au développement de l’économie océanique. Un secteur qui peut grandement contribuer à rehausser le statut du pays sur le plan économique.

Mais, la prudence est de mise, prévient la Banque mondiale. Car une surexploitation des ressources marines et le développement sauvage de notre Zone Économique Exclusive (ZEE) risquerait d’affecter tout le secteur touristique. C’est, en somme, les explications fournies par les experts de la Banque mondiale dans le document de 50 pages, intitulé : « The Ocean Economy in Mauritius: Making it happen, making it last », remis au gouvernement. Le rapport explique, en détail, la marche à suivre pour faire de ce secteur un des principaux piliers d’activité de notre économie.

Le secteur de la pêche

Le secteur de la pêche représente 1,5 % de notre PIB. Il emploie 22 000 personnes si on inclut ceux qui travaillent dans les usines de mise en boîte de thon. L’exploitation de produits de la mer rapporte Rs 20,3 milliards par an et représente 22 % de nos exportations. « Actuellement, la pêche et le transport maritime sont les seules activités économiques significatives déployées dans les eaux territoriales mauriciennes, lesquelles s’étendent sur une superficie de 1 400 fois la surface de Maurice », peut-on lire dans le rapport.

Les chercheurs de cette institution estiment qu’un investissement additionnel de Rs 11,5 milliards sur 10 ans permettra d’accroître les revenus actuels de ce secteur de Rs 13,3 milliards par an et générera 3 500 jobs additionnels.

Mais attention ! Il y a danger. Les ressources dans le lagon, les barrières de corail et les habitats côtiers sur le littoral se sont dégradés progressivement au cours de ces dernières décennies. Cela représente une menace à long terme pour ce secteur.

« Permettre au secteur océanique de se développer dans les conditions saines exige un regard sur la surexploitation. Il faut aussi une gestion prudente du développement des ressources sous-utilisées comme les grands bancs de pêche. Il faut aider à la création d’un climat favorable à l’investissement pour l’aquaculture et le seafood hub », recommandent les experts de la Banque mondiale.

Quant aux bancs qui se situent en haute mer, ils représentent un potentiel toujours inexploité, alors que l’aquaculture est un domaine encore pratiquement vierge. Ici aussi, il y a, selon la Banque mondiale, un potentiel à exploiter. Mais à condition d’appliquer la vigilance et un contrôle efficace.

Le port pour attirer les revenus

« Port-Louis se trouve à un point stratégique entre les routes maritimes africaines et asiatiques. Le port mauricien est devenu un hub important pour le transbordement de containers entre des pays. » Les activités portuaires représentent 2 % du PIB et font travailler 9 000 personnes. « Durant les deux dernières décennies, de gros investissements ont permis de transformer Port-Louis en un port efficient et moderne. Le gouvernement veut maintenant repositionner le port comme un hub commercial régional. Une stratégie qui apportera des revenus additionnels substantiels en provenance de l’extérieur et cela au profit de l’économie », souligne le rapport.

En 2016, 8,4 millions de tonnes de produits ont été manipulés dans le port. Pour la Banque mondiale, le pays progresse dans la bonne direction à travers le développement du port et un nouveau terminal pour les paquebots.

Les énergies marines

Avec son énorme zone maritime et sa position géographique, « l’île Maurice est bien positionnée pour capter l’énergie océanique sous la forme de vents, de vagues, de courant de l’océan et de l’énergie saline océanique ».

Actuellement, l’électricité du pays dépend à hauteur de 54 % du charbon, 26 % d’huile lourde et 20 % de bagasse. Outre le grand potentiel qu’apporte l’énergie solaire, les éoliennes en mer et l’électricité produite à partir des vagues peuvent transformer le pays en un exemple mondial.

L’usage de l’eau puisée de profondeurs marines pour la production de produits pharmaceutiques et pour refroidir les bâtiments, entre autres, est un autre créneau qui doit être exploité. La Banque mondiale prend note positivement du projet pilote pour un système de refroidissement de bâtiments de la capitale à travers l’utilisation de cette eau. Il s’agit là d’un énorme potentiel économique à exploiter.

La production énergétique à partir d’éoliennes en haute mer est examinée et commentée par les officiers de la Banque mondiale. Même si ce créneau se développe à travers le monde, il reste encore cher. Mais son financement pourrait être assuré autrement que par l’État (en introduisant une taxe carbone, par exemple). L’énergie produite à partir des vagues requiert des connaissances pointues et de gros investissements. Les deux sont cependant parfaitement réalisables techniquement et peuvent rapporter gros à moyen et long termes.

Que faire ?

Plusieurs mesures s’imposent si on veut exploiter efficacement les ressources océaniques. Tout doit commencer par une Ocean Delivery Unit hautement qualifiée. Elle devra être placée sous le ministère de l’Économie océanique, voire le Bureau du Premier ministre. Elle veillerait à la formulation des politiques et de leur mise en application. Un plan d’action détaillé devra être dégagé et un nouveau cadre légal instauré pour permettre au secteur de s’accroître tout en préservant l’écosystème.

Au niveau de la formation, des efforts soutenus seront requis pour avoir une main-d’œuvre qualifiée et efficace disponible. Le lagon devra être réhabilité, car la surpêche, l’usage de pesticide pour l’agriculture et la pollution urbaine ont causé déjà beaucoup de dégâts et risquent de dévaster le secteur. Si rien n’est fait pour renverser la tendance, le secteur de la pêche risque de mourir de sa belle mort.

 

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