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Éducation : aide sociale pour la scolarisation des enfants défavorisés

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Livres, cahiers, uniformes, sacs... Le matériel scolaire vient s’ajouter chaque année au budget familial. Si certains parents arrivent à trouver de l’argent pour les acheter, d’autres n’y arrivent pas. Ainsi, la pauvreté a une incidence certaine sur la scolarisation de nombreux enfants. Témoignages.

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Fardina Roopaye : « Je dois recevoir de l’aide pour envoyer ma fille à l’école dignement »

Depuis plus de trois ans, c’est la même rengaine chez la famille Roopaye. Fardina Roopaye, âgée de 32 ans et mère de deux enfants,  se saigne aux quatre veines pour obtenir une assistance sociale. Sa fille aînée doit refaire la Form II cette année et cela a été rendu possible grâce à l’aide qu’elle a obtenue  de  l’ONG SOS Poverty. Cette organisation lui a offert des livres et autres matériels scolaires. Dans le cas contraire, Fardina nous dit qu’elle n’aurait aucun espoir quant à l’éducation de sa fille.

Chaque mois, c’est déjà difficile de joindre les deux bouts avec les dépenses familiales, mais quand arrive le moment d’acheter le matériel scolaire pour mes enfants, je suis encore plus stressée »

« Je suis souffrante et je ne peux travailler. Mon mari est maçon et on n’a pas de revenus fixes. Chaque mois, c’est déjà difficile de joindre les deux bouts avec les dépenses familiales, mais quand arrive le moment d’acheter le matériel scolaire pour mes enfants, je suis encore plus stressée. Mo misie travay pou nou kapav manze tanto. Les officiers de la Sécurité sociale sont venus à  plusieurs reprises pour visiter la maison et faire un constat de notre situation et ils sont au courant de mon état de santé, mais rien n’a été fait pour nous », nous dit-elle tristement.

Pourtant, cette mère de famille est une battante. Elle accepte l’aide qu’elle reçoit des volontaires pour envoyer sa fille à l’école dignement. Sa belle-mère travaille comme bonne à tout faire et lui vient en aide de temps en temps.

« Nous habitons tous chez elle, dans une petite chambre. Pour cette année-ci,  le coût pour le matériel scolaire s’élevait à  plus de Rs 4 000. Je suis la seule à savoir quelle aurait été ma situation s’il n’y avait pas eu les associations. Ma fille bénéficie de leçons particulières gratuitement au centre. Je n’ose pas penser comment on aurait fait pour acheter tous ces livres par nous-mêmes. Nous ne pouvons même pas faire une demande  pour un prêt bancaire afin de construire une maison. De plus, je dois faire des transfusions de sang régulièrement et je ne suis pas en mesure de suivre un traitement médical approprié », martèle-t-elle.

Le plus dur pour cette mère est de constater que sa fille possède le potentiel approprié pour aller encore plus loin en termes de bons résultats, mais que, face à sa situation financière, cela pourrait ne s’avérer qu’un rêve.  Elle nous confie qu’elle souhaite un meilleur avenir pour ses enfants et, selon elle, c’est possible uniquement à travers l’éducation. « Ce qui est malheureux, c’est que les autorités font la sourde oreille à mes appels répétés. Kouma pu sorti dan mizer si mo tifi osi vinn kouma nou ? » s’interroge t-elle.


Soobawtee Beekarry : « Les autorités auraient dû  intervenir pour aider notre enfant »

Son fils est en Form I et elle a dû  débourser  environ Rs 4 000 pour le matériel scolaire de celui-ci. Pour elle, c’est une somme exorbitante, car la famille n’a aucune source de revenus depuis quelque temps.  Soobawtee, 45 ans, nous confie qu’il y a des jours où la famille n’a pas d’argent pour acheter un repas.

« Nous étions marchands ambulants et cela nous permettait de vivre convenablement. On ne reçoit aucune aide sociale. J’ai fait plusieurs démarches en vain à la Sécurité Sociale et à la NEF. On nous a  fait tourner en rond. On m’a dit de patienter et cela dure depuis plusieurs années. Ils ont supprimé notre allocation sociale sans aucune explication et on se retrouve du jour au lendemain sans un sou. J’avais une petite somme à la banque, mais j’ai dû tout dépenser pour que mon fils  puisse aller à l’école », relate-t-elle.

Étant locataire, le couple n’arrive pas à s’occuper du garçon comme il faut. « Mon époux a un problème de vue et je l’ai aidé lorsqu’on a été transféré à la foire. Toutefois, les affaires allaient mal et on a dû cesser nos activités. Nous avons été commerçants toute notre vie et je ne peux pas le laisser travailler seul. Les autorités auraient dû intervenir pour aider notre enfant et assurer son avenir. Il aurait fallu mettre à sa disposition toutes les facilités, car il représente  l’avenir du pays. L’éducation est accessible, mais pour ceux au bas de l’échelle, elle s’avère être un parcours semée d’embuches », affirme-t-elle.


Marie-Lourde Speville  :« Nous devons tous compter sur la pension d’invalidité de ma fille aînée »

Marie-Lourde Speville est âgée de 55 ans. Si plusieurs femmes de son âge, au seuil de la retraite, rêvent d’une vie paisible, elle n’a pas, elle, cette chance. Elle a non seulement ses deux enfants à charge, mais aussi ses deux petits-enfants. Après le décès de son fils, elle s’est retrouvée être le seul soutien de la famille. Les enfants sont âgés de 15 ans, 11 ans, 7 ans et 6 ans respectivement.

La fille aînée souffre d’un handicap. Le cadet ne peut plus aller à l’école depuis quelque temps. La raison ? Sa grand-mère ne peut  lui acheter ses chaussures et son cartable. L’époux de Marie-Lourde travaille comme maçon, mais contribue rarement aux dépenses familiales.

Je n’ai plus rien et je suis fatiguée à force de frapper à la porte des autorités »

« Il aime consommer de l’alcool et il ne nous donne pratiquement rien. Quant à moi, je ne peux pas travailler, car je suis souvent malade et il n’y a personne pour s’occuper des enfants. Nous devons tous compter sur la pension d’invalidité de ma fille aînée pour subvenir aux besoins familiaux. Comment faire alors pour acheter tout le matériel scolaire et les uniformes, entre autres ? » dit-elle.

Notre interlocutrice reconnaît que c’est triste  de devoir sacrifier l’avenir d’un enfant en le privant de l’école. « Quand je cherche de l’aide, les autorités me disent que j’ai une maison et un mari qui travaille. Mais c’est un terrain VRS et toutes mes économies ont été utilisées pour construire ma maison. Je n’ai plus rien et je suis fatiguée à force de frapper à la porte des autorités. On me fait tourner en rond. Je ne demande rien pour moi, mais pour mes enfants. Des proches nous aident, mais pendant combien de temps allons-nous dépendre d’eux ? Je dois les nourrir, les envoyer à l’école et il y aussi d’autres  dépenses. Je ne sais plus ce qui importe le plus dans ma situation actuelle », lance-t-elle.


Sajida Dauhoo, de SOS Poverty : « Les démarches administratives pour une aide sociale sont souvent longues et c’est l’enfant qui est pénalisé »

« Notre objectif est de combattre la pauvreté à travers l’éducation », nous affirme  Sajida Dauhoo, présidente de SOS Poverty. Cette ONG offre des livres et d’autres matériels scolaires aux enfants dans le besoin. Elle prend en charge environ 150 bénéficiaires.

« C’est en étant éduqué qu’on arrive à trouver un bon travail, à être indépendant financièrement et à sortir de la misère. D’où le fait que nous avons des crèches, car cela permet aux parents d’aller travailler. Il y a aussi une école maternelle, où un petit-déjeuner et un repas chaud sont offerts au quotidien. Nous faisons aussi un suivi de l’enfant quand il va à l’école primaire. Cependant, nous ne pouvons pas tout donner. C’est cas par cas, car nous voulons que les parents fassent aussi leur part pour s’occuper de leurs enfants. On met l’accent sur leur accompagnement, car ils sont nombreux ces enfants à avoir le potentiel pour briller à l’école », affirme-t-elle.

Sajida Dauhoo soutient qu’au niveau de son organisation, on essaye de faire le mieux possible pour que ces enfants disposent de tous les équipements  nécessaires pour aller à l’école.

L’enfant ne peut être pénalisé parce qu’il n’a pas de livres ou d’uniforme. Il y a des cas légitimes, qui doivent être pris en considération, car c’est malheureux qu’un enfant soit dépourvu d’éducation parce qu’il est issu d’une famille modeste »

« On a souvent des cas où la famille doit attendre longtemps pour que leurs démarches administratives aboutissent en vue d’une aide sociale. Entre-temps, l’enfant ne peut être pénalisé parce qu’il n’a pas de livres ou d’uniforme. Il y a des cas légitimes, qui doivent être pris en considération, car c’est malheureux qu’un enfant soit dépourvu d’éducation parce qu’il est issu d’une famille modeste. L’éducation est, certes, gratuite, mais il y a d’autres dépenses qui sont inévitables pour les parents. Et ceux-ci ne parviennent pas à  trouver de l’argent pour faire le nécessaire », dit-elle. 


Alice Eléonore Yvette Chan : « Eski mo bizin al kit enn mo zanfan dan kouvan ? »

« Eski mo bizin al kit enn mo zanfan dan kouvan ? » lance cette mère, qui dit ne plus savoir à quel saint se vouer. Elle a deux enfants âgés de 14 ans et de 10 ans respectivement. Après son intervention chirurgicale, Alice Eléonore Yvette Chan ne peut plus travailler et sa vie a été une succession de malheurs.  C’est le moment où on a décidé de ne plus lui accorder de pension.

« Mon mari travaille comme chauffeur et a un maigre salaire. Il doit trouver de l’argent pour mes médicaments, pour la nourriture et pour payer les factures. En décembre dernier, j’en ai vu de toutes les couleurs pour acheter le matériel scolaire de mes enfants. Il fallait trouver plus de Rs 8 000. C’est grâce aux centres qui viennent en aide aux  gens comme nous que mes enfants ont pu aller à l’école cette année-ci », dit-elle. Avant d’ajouter que sa fille doit suivre la classe avec les livrets scolaires de ses amis et doit parfois emprunter les photos de leurs livres pour travailler. « Pandan komie tan sa pu ale koumsa ? Komie tan nou pou fie lor dimoun ? »

Ma fille est intelligente et c’est chagrinant qu’on peine pour lui acheter son matériel scolaire...»

Alice a même rencontré un ministre, pour que son cas soit pris en considération, afin d’obtenir une aide sociale. Elle soutient qu’il y a des bons samaritains qui leur offrent des livres de seconde-main pour les dépanner, mais les éditions sont anciennes et ils sont finalement inutiles. « Il n’y a eu que des fausses promesses et des belles paroles sur les ondes d’une radio privée. J’attends toujours, alors que leurs enfants sont admis dans des écoles privées ! Je suis une femme éduquée, j’avais un bon travail. Je ne me lamente pas sur mon sort, mais je ne peux plus travailler à cause de ma santé. Pourtant, ma fille est intelligente et c’est chagrinant qu’on peine pour lui acheter son matériel scolaire chaque année. »

 

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