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Élection partielle au No 7 : une fausse bonne idée ?

SAJ- Vishnu Ces deux élus de la circonscription No 7 ont depuis longtemps abandonné le terrain.

Les partielles sont-elles traditionnellement plus favorables ou défavorables au pouvoir en place ? L’histoire nous démontre que tout dépend des circonstances. Les élections partielles tenues depuis l’indépendance indiquent cependant qu’en 1995, 2003 et 2009, le vainqueur a remporté les élections générales advenues peu après.

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21 septembre 1970 circonscription No 5 (Pamplemousses / Triolet)

C’est la grande entrée du MMM au Parlement. Son candidat, Dev Virahsawmy, aujourd’hui membre du Parti travailliste, se fait élire avec 8 464 votes. Il est loin devant le candidat travailliste Boodram Nundlall. Ce n’est que six ans plus tard que la population sera appelée aux urnes, car les élections générales qui devaient avoir lieu en 1972 ont été abolies par le gouvernement de coalition Parti travailliste-PMSD. Aux élections générales du 20 décembre 1976, le MMM fait élire 34 de ses candidats. Mais une alliance post-électorale entre le Ptr (28 élus) et le PMSD (8 élus) entraînera pour le MMM la perte de sa majorité qui l’empêchera de former un gouvernement.

11 juin 1989 Circonscription No 15 (La Caverne / Phoenix)

Cyril Curé, de l’alliance MSM/Ptr remporte la partielle en récoltant 48,73 % des votes contre 47,64 % pour Ivan Collendavelloo, alors candidat du MMM. Aux élections générales du 15 septembre 1991, l’alliance MSM/MMM remporte haut la main les élections. L’alliance Ptr/PMSD ne fait élire que trois députés.

18 octobre 1992 circonscription N0 3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est)

Ahmad Essoof, de l’alliance MSM/MMM, remporte facilement l’élection partielle avec 52,61 % contre 35,73% pour le second, Cehl Meeah.

29 janvier 1995 circonscription No 19 (Stanley/Rose-Hill)

L’élection partielle se déroule dans un contexte particulier où le RMM défie le MMM après une grosse cassure chez les mauves. Paul Bérenger s’y fait élire, au sein d’une alliance MMM/Ptr avec plus de 1 500 voix d’avance sur le second, James Burty David, qui se présente également pour la même alliance. En troisième et quatrième positions viennent Jean-Claude de l’Estrac et Shirin Aumeeruddy-Cziffra qui se présentent pour le MSM/RMM. Le MSM, qui est alors au gouvernement, perdra les élections générales qui auront lieu la même année, le 20 décembre 1995, avec un 60-0.

5 avril 1998 circonscription No 9 (Flacq / Bon Accueil)

Satish Faugoo se fait élire en tant que membre du Ptr. Sir Anerood Jugnauth arrive second avec près de 1 500 voix d’écart.

23 septembre 1999 circonscription No 20 (B.Bassin/petite rivière)

Xavier-Luc Duval se fait élire au sein de l’alliance Ptr/PMXD avec 13 072 voix. En seconde position, Françoise Labelle, au sein de la Fédération MSM/MMM avec 12 192. Aux élections générales du 11 septembre 2000, l’alliance Ptr/PMXD se fait battre à plate couture en ne parvenant à faire élire que 6 députés.

21 décembre 2003 circonscription No 7 (Piton / Rivière-du-Rempart)

Rajesh Jeetah fait son entrée au Parlement en remportant 51,53 % des voix contre 43,28 % pour Prakash Maunthrooa. Ce dernier représente l’alliance MSM/MMM qui est alors au pouvoir. Cette partielle agit comme un catalyseur pour les rouges qui remportent les élections générales du 3 juillet 2005.

1e mars 2009 circonscription No 8 (Quartier Militaire /Moka)

Pravind Jugnauth, qui est dans l’opposition, fait son retour au Parlement grâce à un soutien non officiel du Ptr, qui est au pouvoir. Il a été plébiscité par 52,46 % des votants contre 42,04 % pour Ashock Jugnauth qui se présentait sous la bannière MMM/Union nationale/PMSD. Cette élection est précurseur de la victoire de l’alliance Ptr/MSM/PMSD aux élections générales du 5 mai 2010.

17 décembre 2017 circonscription No 18 (Belle-Rose / Quatre-Bornes)

Arvin Boolell remporte haut la main la partielle avec 35,11 % contre 14,33 % pour Nita Jaddoo. Le gouvernement s’abstient et n’aligne pas de candidat.


Le gouvernement divisé sur la partielle

Partielle ou pas, au sein du gouvernement les membres sont divisés sur la question. Si le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a insisté lors d’un point de presse, lundi au Bâtiment du Trésor, sur le fait qu’il compte aller de l’avant avec une partielle et qu’il a l’intention d’aligner un candidat de sa propre écurie au No 7 (Piton/ Rivière-du-Rempart), on se demande si cette intention est réelle ou pas. Car si elle l’est, l’on reste dubitatif quant à son bien-fondé. « La cote de popularité du gouvernement dans cette circonscription est loin d’être bonne. Sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo y avaient été élus avec beaucoup d’espoir en décembre 2014. Mais les deux ont délaissé le terrain. Quant à Ravi Rutnah, il fait son possible, tout comme Prakash Maunthrooa, mais ce n’est pas ça qui a été promis », indique un des principaux agents du MSM au No 7.

Parmi les députés de la majorité aussi, certains restent sceptiques. « Organiser une partielle à cet endroit qui n’est pas nécessairement un bastion MSM, à quelques mois avant les élections générales, est un gaspillage. Si l’on perd, on sera mal loti pour les élections générales. Et puis, à quoi bon faire élire un nouveau député à quelques mois seulement des générales ? Ce sera tellement facile pour l’opposition de dénoncer un gaspillage d’argent pour organiser une partielle en ce moment », analyse ce député du Sud. Cet avis est partagé par beaucoup au sein de la majorité gouvernementale. Le discours officiel est tout autre. « Nous sommes confiants. Cette élection partielle sera comme un examen. La tenue de cette partielle embarrassera les partis de l’opposition, car ces derniers devront présenter un candidat », avance le député MSM, Zouberr Joomaye.

Il se confiait lors de l’émission Au cœur de l’info, sur Radio Plus, lundi dernier. Mais là aussi, l’opposition n’y croit pas vraiment. Le MMM songe très sérieusement à ne pas présenter de candidat, tout comme le PMSD.  Pour Paul Bérenger, «c’est un prétexte pour retarder les élections générales et un gaspillage de fonds ». Il a brièvement commenté la partielle lors de sa conférence de presse, samedi. Au niveau de l’opposition, on hésite donc aussi à entrer dans la danse, même si, au Parti travailliste, Navin Ramgoolam a déjà demandé à Anil Bachoo de réfléchir à sa candidature ou à l’éventualité d’être campaign manager s’il y a une partielle.

Quoiqu’il en soit, si Pravind Jugnauth veut tenir des élections générales en décembre ou au début de l’année prochaine, la loi l’oblige à enclencher les procédures pour une partielle. Celle-ci doit obligatoirement se tenir dans un délai de 240 jours après que le siège de Vishnu Lutchmeenaraidoo ait été déclaré vacant. Ce dernier a démissionné le jeudi 21 mars. La partielle doit donc avoir lieu d’ici mi-novembre. Cependant, libre à Pravind Jugnauth de dissoudre le Parlement avant cette date butoir. Alors, la partielle n’aurait plus lieu d’être.

 

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