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Élections – Dans la nuit du dépouillement : des fonctionnaires ont vécu le cauchemar

La cour de l'école prise d'assaut.
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Travailler pour les élections, surtout le jour du dépouillement, n’a jamais engendré un sentiment de répugnance parmi des fonctionnaires comme cette année. C’est ce qui ressort de notre enquête. Ce sentiment prévalait dans les circonscriptions où la proclamation des résultats a été faite tard dans la nuit du 8 novembre. Et c’était pire au No 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) où la proclamation a eu lieu aux petites heures du matin du 9 novembre. Du coup, nombre de fonctionnaires avaient travaillé environ 18 heures d’affilées dans un climat dit d’insécurité et sans provision pour le dîner. Deux semaines après les élections, les langues commencent à se délier.

«Cauchemardesque… Une mésaventure à ne pas revivre. » C’est en ces termes que des fonctionnaires postés à l’école Ramnarain Roy Government School dans la circonscription No 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) résument la nuit du 8 novembre. Ce sentiment a été confirmé par Vikram Hurdoyal, candidat de la circonscription et nommé ministre de la Fonction publique, dans l’émission Au cœur de l’info de Radio Plus, mercredi. « Vers 2h du matin, la tension était tellement forte que des femmes et des enfants se sont mis à pleurer. C’était aussi le cas de ma fille », précise-t-il.

Leur cauchemar trouve sa genèse dans le retard dans l’exercice du dépouillement. « Contrairement aux autres circonscriptions, on a commencé à compter les premiers bulletins après 14h. Le Returning Officer et ses lieutenants se sont montrés très indulgents aux exigences de Navin Ramgoolam qui affichait une certaine méfiance depuis le jour du scrutin. Toutes les dispositions ont été prises pour qu’il n’y ait pas de reproches », nous confient des fonctionnaires. 

La psychose

Avec la tournure qu’avait prise cet exercice, ils étaient conscients que la proclamation se fera tard dans la nuit. « Nous nous sommes dits qu’on allait terminer aux alentours de 22h. Force est de constater qu’à cette heure-ci, c’était la mi-temps. C’est vers 2h du matin que l’exercice a été bouclé. Nous étions épuisés après une très longue journée la veille », expliquent-ils. Vu qu’ils n’avaient pas le droit de quitter l’enceinte de l’école, quelques fonctionnaires ont demandé à des agents politiques d’aller acheter de quoi apaiser leur faim. Heureusement que le candidat Vikram Hurdoyal a pris des dispositions pour ses agents, ceux des autres partis ainsi que pour les fonctionnaires.

Peu avant 2h du matin, c’était la panique à la Ramnarain Roy Government School. La nouvelle à l’effet que le leader du PTr retournera sur les lieux pour réclamer le recomptage des bulletins s’est propagée comme une trainée de poudre dans la foule. « L’ambiance est devenue électrique par une folle rumeur que Navin Ramgoolam sera encadré par une forte équipe de partisans d’autres circonscriptions. Vous imaginez dans quel état étaient les partisans de l’Alliance Morisien », nous confie un haut gradé de la police qui était sur place. La situation se dégrade réellement lorsque Navin Ramgoolam faisait son comeback malgré qu’il n’était pas escorté par des gros bras ou une meute de partisans. 

« La situation s’est dégénérée et une partie de la foule a commencé à lancer des bouteilles en plastique, des chaises et autres objets en direction de Navin Ramgoolam. Il y avait un bruit indescriptible dans la cour de l’école. À ce moment précis, la plupart des fonctionnaires craignaient pour leur sécurité croyant que le leader du PTr est arrivé avec un groupe de partisans et que c’est la bagarre dehors. Certaines dames se mettaient à pleurer à chaudes larmes en appréhendant que des agents politiques allaient nous prendre à partie. C’était la psychose », nous racontent quelques fonctionnaires. Ce moment d’insécurité a été confirmé par le ministre Vikram Hurdoyal sur les ondes de Radio Plus.

Gros manquement

La plus grosse faille relevée par des fonctionnaires, c’est d’avoir donné accès dans l’enceinte de l’école aux partisans des partis politiques avant même que les procédures de décompte ne soient terminées. « C’était très risqué d’ouvrir les portes aux agents pour deux raisons principales. D’abord, lors des décomptes, on savait pertinemment bien que le résultat sera serré. Ce qui fait que la tension sera omniprésente entre les agents.

Ensuite, l’un des candidats n’est autre que Navin Ramgoolam qui avait durant la campagne électorale exprimait des doutes. D’ailleurs, il avait eu une session de travail avec le Commissaire électoral, Irfan Rahman », soutiennent-ils. De plus, la cacophonie que provoquait cette foule empêchait le bon déroulement de l’exercice. « À plusieurs reprises, on a dû faire appel aux candidats et aux agents pour qu’ils demandent à leurs partisans d’être moins bruyants », précise l’une d’eux.


Manque de discipline et de sécurité : quand les agents envahissent des centres de vote

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Anwar Husnoo pris à partie.

« On ne tire toujours pas les leçons du passé ! » s’exclament des fonctionnaires postés aux écoles Jean Lebrun et Dr Idrice A. Goumany de la circonscription No 3 (Port-Louis Est/Port-Louis Maritime) et à l’école Surtee Soonnee (circonscription No 2 – Port-Louis Sud/Port-Louis Centre). Ce n’est un secret pour personne qu’il y a de l’animosité entre agents adverses dans ces centres de vote.

« À chaque élection, c’est la même rengaine. À partir de 16h, des agents et autres partisans politiques - sans pièce d’identité émise par la Commission électorale - commencent à s’attrouper dans le rayon de 200 mètres au vu et au su de tous. Vers 17h, ils prennent d’assaut la cour de l’école pour faire le ‘canvassing’ ouvertement. Ce qui est illégal. Cette situation débouche souvent sur des prises de bec et des échauffourées », tempêtent une dizaine de fonctionnaires qui ont travaillé dans ces deux circonscriptions.

Ils se disent indignés que la Commission électorale et la force policière n’arrivent pas à assurer leur sécurité, à commencer par les ‘Directing Agents’ qui ont pour mission de diriger les électeurs vers leur salle de vote. « Vu que la cour de ces écoles est exigüe, le moindre attroupement pose deux problèmes majeurs. Primo, les électeurs se fondent parmi des agents. Secundo, les ‘Directing Agents’ n’arrivent plus à aider les électeurs », font-ils ressortir. Ces fonctionnaires nous diront même que l’atmosphère devient intimidante et nullement propice pour que des électeurs aillent accomplir leur devoir civique surtout en famille et pour les ‘Directing Agents’ d’opérer. « Lorsque les agents envahissent la cour de l’école, ils agissent comme ‘Directing Agents’. Il y a des frictions entre les agents des partis adverses. Pour notre sécurité, nous sommes contraints de nous mettre en retrait », expliquent-ils.

Un fonctionnaire affecté à l’école Dr Idrice A. Goumany témoigne avoir vu des familles rebrousser chemin lorsque des agents prenaient à partie le ministre Anwar Husnoo, candidat de la circonscription No 3. « Il y avait un mouvement de gens excités dans un brouhaha indescriptible dans l’enceinte de l’école. Forcément, la majorité de personnes qui viennent voter à ce moment précis font demi-tour », déplorent-ils.

À leur avis, cette situation aurait bien pu être évitée si la Commission électorale et la force policière conjointement faisaient respecter les règlements à la lettre. « Dans ces centres de vote à problème, il faut un renforcement des effectifs de la police. Il ne faut pas laisser les agents s’y attrouper. Si dès le départ, on s’assure qu’il n’y ait pas d’intrus dans la cour de l’école et ensuite dans le rayon de 200 mètres, on n’aura pas de problème », estiment-ils.

Effectivement, dans certains centres de vote, les agents politiques non-autorisés font la haie d’honneur pour tenter d’influencer le vote des électeurs.


Les calvaires en série

Préparatifs avant les élections

Après le Nomination Day, les fonctionnaires doivent se rendent régulièrement au bureau de la Commission électorale. Il faut, entre autres, vérifier le registre électoral pour chaque circonscription. « Cet exercice se fait dans les couloirs du bureau de la Commission électorale, par manque d’espace, à la vue des membres du public », concède un Senior Presiding Officer (SPO). 

Celui-ci indique qu’il faut aussi vérifier individuellement chaque bulletin de vote, notamment s’ils ont été bien imprimés et que les numéros de série se suivent. Notre interlocuteur avance que les officiers de deux centres de vote sont regroupés autour d’une table pour cet exercice. « Dépendant du nombre d’électeurs, certains obtiennent 5000 bulletins et d’autres obtiennent le double.  Il n’y a pas une salle individuelle pour chaque circonscription. Les plus chanceux peuvent obtenir une table à eux seuls. Commission électorale asté latab plastic blanc ki amen bord lamer la. Tou bulletin checke lorla enn par enn », dit-il. 

Les Enquiry Units dépassées

Chaque centre de vote disposait d’une Inquiry Unit qui a la responsabilité, entre autres, de prendre les plaintes des personnes dont les noms ne figuraient pas sur le registre. Un Senior Presiding Officer (SPO) avance que les officiers qui y sont postés, au nombre de trois, reçoivent normalement quelques dizaines de personnes. « Or, cette fois, ils ont eu à recevoir plusieurs centaines de personnes, dans certains cas, dont les noms ne figuraient pas sur le registre. Il semblerait que la Commission électorale n’avait pas anticipé ce problème et les officiers se sont vite retrouvés débordés. Des « relief » sont venus prêter main forte mais cela a eu des répercussions sur d’autres officiers qui n’avaient personne pour les remplacer », déclare ce SPO.


Manque de remplaçants

counting

Une Directing Agent affectée dans un centre de vote de la circonscription No 20 (Beau-Bassin/Petite-Rivière) explique qu’elle a eu beaucoup de peine pour pouvoir se rendre aux toilettes. « Il nous a été dit qu’il y aurait des ‘spare’ pour nous relever lorsque ce sera nécessaire. Sauf qu’ils n’étaient jamais disponibles. À deux reprises, j’ai dû me rendre aux toilettes. C’est un Ballot Box Clerck et un Poll Clerck qui sont venus me remplacer. La oci, bizin lachasse zot, veyer kan ou trouve kiken pe mars marse dan lacour. Et si zott dir ou dan 30 minit, ou bizin tini ou pipi pendan 30 minit », dit-elle.

Dépitée, cette Directing Agent, qui était à sa première participation à des élections générales, avance qu’elle n’envisage pas de renouveler l’expérience. « Du moins, pas pour les Rs 3 800 qu’on nous paie. Rester debout de 7h à 18h dans de telles conditions est pénible. Il n’y a pas un moment où vous pouvez vous dégourdir les jambes, par exemple », déplore-t-elle.

Ces Directing Agents, premiers contacts avec le public, doivent aussi faire face aux remarques parfois désobligeantes de la part de certains électeurs. Comme l’indique ce fonctionnaire qui a endossé ce rôle dans un centre de vote de la circonscription No 4 (Port-Louis/Montagne-Longue). « Ena fer zott insignifian. Mai pa gagne droit dir zott narien. Bizin riye, dir zot s’il vous plait et merci, mem zot pe maltret ou », dénonce-t-il.  

Une Ballot Box Agent de la capitale explique qu’elle a, elle aussi, eu du mal à trouver quelqu’un pour la remplacer à l’heure du déjeuner. « Il nous a été interdit de boire ou de manger devant les électeurs. Mais que faire lorsque vous n’avez personne pour vous remplacer ? Il faut profiter des rares moments de répit pour pouvoir croquer rapidement dans votre déjeuner ou pour boire une gorgée d’eau », affirme-t-elle. 

À ce même chapitre, les fonctionnaires affectés aux centres où l’exercice de dépouillement a terminé tard dans la nuit ou aux petites heures du matin, comme ce fut le cas au No 5 et au No 10, indiquent qu’aucune provision n’a été faite pour le dîner. « Nous avons apporté notre déjeuner mais nous ne pouvions pas savoir que l’exercice allait durer jusqu’aux petites heures le lendemain matin. Le soir, aucune disposition n’a été prise pour le dîner. Même si on nous a demandé d’éviter de parler aux agents, nous avons dû leur demander de nous acheter de quoi manger car nous n’avons pas le droit de quitter l’enceinte de l’école », déclarent ces fonctionnaires. 

Certains fonctionnaires qui ont travaillé le jour du scrutin et qui doivent revenir le lendemain soutiennent qu’ils n’ont pas la même lucidité et la même concentration le jour du dépouillement. « Si la majorité quitte le centre de vote 2 à 3 heures après la fermeture, certains parmi nous doivent suivre le transfert des urnes vers le centre de dépouillement. Là-bas, nous devons préparer les salles de classe pour le ‘counting’ le lendemain matin. Un exercice qui dure jusqu’à fort tard la nuit. Le lendemain, nous devons être au centre de dépouillement à 6h. Humainement, ce n’est pas facile de travailler toute une journée, de se reposer 3 à 4 heures seulement et de reprendre le travail à 6h le lendemain. Vous n’obtenez rien à manger. Même pas une tasse de thé », déplore un fonctionnaire. 


Guard Room exigüe, bondée et mal aérée

Le jour du dépouillement, tous les officiers concernés sont appelés à entrer dans la Guard Room. « De tout temps, une Guard Room a suffi pour abriter les urnes. Le Returning Officer pouvait se mettre sur une table sur laquelle il pouvait voir toutes les urnes. Cette année, certains centres de dépouillement avaient jusqu’à trois Guard Room », indique un SPO.

Chaque urne est entre les mains d’un Presiding Officer et d’un Poll Agent. « Avec environ 75 urnes dans une classe, cela vous fait 150 personnes dans une seule pièce. Il faut ajouter à cela, les agents qui assistent à l’ouverture des urnes. C’est enn veritab boîte sardine. Malgré la chaleur, vous ne pouvez non plus ouvrir les fenêtres car il y a des scellés dessus », indique ce Presiding Officer. 

Des conditions difficiles, selon lui, pour tous ceux qui s’y trouvaient. « Si vous êtes entré à l’intérieur à 7h30, vous ne pouvez quitter la salle avant que les urnes ne soient ouvertes. D’ailleurs, en sus d’être comblée, il y a très peu d’espace pour circuler entre les tables. C’est d’ailleurs ainsi que plusieurs officiers se sont blessés ou que leurs vêtements ont été déchirés lorsqu’ils se sont heurtés à des clous plantés sur les murs », poursuit-il. 


Scellés : entre ciseaux inefficaces et ‘tanay’

La Commission électorale a fourni des ciseaux à ses officiers afin de pouvoir enlever les scellés en plastique des urnes avant l’exercice de dépouillement. Un exercice durant lequel quelques officiers de la Commission électorale indiquent avoir eu quelques difficultés. « D’abord, les ciseaux étaient peu efficaces même avec les scellés en plastique. Enn ciseau ki refiz coup enn papie bristol alor ki ban scelle plastique la lepaisseur enn coin 50 sous. Ensuite, lorsqu’il a fallu enlever les scellés en métal mis par une alliance, nous avons carrément dû avoir recours à des ‘tanay’. », avance un Poll Clerck. C’est d’ailleurs ainsi, dit-il, que plusieurs officiers se sont blessés à la main et que l’exercice de counting a débuté avec plusieurs heures de retard dans certaines circonscriptions. « La mem ou fini fatiguer », ajoute-t-il. 

Une fois les bulletins en main, les officiers doivent faire des ‘bundles’ de 100 bulletins. « Lorsqu’il faut compter les bulletins un à un, cela se fait sur le rebord de l’urne. Bizin cal boite ek enn lamé apre conte fer pake 100 ek lot lame », avance le Presiding Officer. Ce n’est qu’après cet exercice que les bulletins sont acheminés vers les counting stations. 


Les Canvasseurs traités comme des «microbes»

Des ‘canvasseurs’ soutiennent que certains membres du public ne coopèrent pas lorsqu’ils se rendent chez eux pour l’enregistrement des électeurs. « C’est le cas notamment pour de ‘nouveaux riches’. Ils nous traîtent comme des microbes et ne veulent pas qu’on touche à leur carte d’identité ou à leur acte de naissance. Lorsque nous frappons à la porte, certains tirent les rideaux pour faire croire qu’ils ne sont pas chez eux. Or, leurs voitures sont bel et bien dans leur cour », avance un ‘canvasseur’ qui fait cet exercice depuis plusieurs années. 

D’autres, poursuit un de ses collègues, considèrent les ‘canvasseurs’ comme de ‘zom gouverma’. « Il m’est arrivé qu’une personne refuse de se faire enregistrer car elle se dit partisan d’un parti de l’opposition. ‘Pa gagne mo traca, ena mo nom laba et mo pou al voter’, m’a-t-il dit d’un ton peu accueillant », dit-il. 


Rashid Imrith réclame un Fact Finding Committee

rashidRashid Imrith, président de la Fédération du syndicat du secteur public (FSSP) demande l’institution d’un Fact Finding Committee. Objectif : recueillir les doléances des officiers afin d’apporter des améliorations. 

Le président de la FSSP considère que le personnel ayant travaillé pour ces élections doivent avoir l’opportunité de faire part des difficultés qu’ils ont rencontrées et de suggérer des améliorations qui peuvent être apportées. Surtout avec l’avènement des prochaines élections municipales et villageoises. « Il n’est pas question que ces deux élections se fassent sur la base du registre électoral utilisé dans le cadre des législatives 2019. La priorité demeure la mise à jour de ce registre et de faire une campagne agressive à l’intention de ceux qui ne sont pas inscrits », déclare celui qui a travaillé comme Senior Presiding Officer lors des dernières élections. Notre interlocuteur demande que les Mauriciens en âge de voter puissent vérifier si leurs noms figurent sur le registre. 

Rashid Imrith dit s’interroger sur les conclusions du rapport des observateurs internationaux qui, selon lui, omettent les manquements relevés au cours de ces législatives. « Je ne comprend pas comment les failles rapportées par nos membres ne figurent pas dans leur rapport. Ce qui m’amène à dire qu’il faut peut être revoir le rôle des observateurs car nous faisons face à des critiques et des remarques qu’ils n’ont pas rapportées », recommande-t-il. 

Rashid Imrith préconise aussi une réduction des heures d’ouverture des centres de vote. « Les centres doivent fermer à 15h, tout en augmentant leur nombre. Il faut aussi augmenter le personnel de sorte à pouvoir faire le counting le même jour. Ce qui permettra aussi de réduire les doutes qui subsistent entourant la manipulation des urnes », suggère-t-il. 

Crainte de manque de personnel

Trois quarts des fonctionnaires ayant travaillé pour les législatives 2019 auraient déjà exprimé leur refus de travailler pour les prochaines élections. C’est ce qu’avance Rashid Imrith. 

Celui-ci considère que ce n’est pas un hasard que les fonctionnaires ne se soient pas bousculés aux portillons cette année pour travailler dans le cadre de ces législatives. Ce qui a nécessité, selon lui, plusieurs appels de la part de la Commission électorale. « Premie foi pa gagne dimounn pu travay pu eleksion », souligne-t-il. 

Selon les dires du président de la FSSP, certains fonctionnaires ont été informés la veille de la tenue des élections. « Certains officiers ont obtenu leur lettre le jour où il  y avait le General Staff Meeting. Certains n’étaient pas préparés et n’avaient même pas pu parcourir les ‘handsout’. Or, ces personnes-là doivent être formées au préalable », estime-t-il. 

Mais surtout, Rashid Imrith avance que la Commission électorale doit pouvoir dire au gouvernement et aux partis politiques si elle est en mesure de tenir des élections dans des délais aussi courtes. « Sans compter que cette fois, la tenue des élections a coïncidé avec celle des examens », précise-t-il.  

Enquête en cours

Rashid Imrith s’interroge sur le sort des fonctionnaires qui seront probablement appelés dans les prochains jours par la police. « Il y a une enquête qui se fait au niveau de la police. Les fonctionnaires concernés vont-ils obtenir une assistance de la Commission électorale ? Et si le fonctionnaire ne parvient pas à donner des explications satisfaisantes aux policiers, c’est en cour qu’il va devoir s’expliquer », appréhende-t-il. 


Les allocations jugées insuffisantes : entre Rs 3 805 et Rs 25 000  

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Pour Rashid Imrith, il est faux de dire que les fonctionnaires qui travaillent pour les élections sont grassement payés. « Ils sont des volontaires et n’obtiennent qu’une allocation », dit-il. Une allocation que le président de la FSSP juge insuffisante. 

« C’est inconcevable qu’un Returning Officer qui a la responsabilité d’une circonscription toute entière ne touche que Rs 25 000. Les Senior Presiding Officers qui ont la responsabilité d’un centre de vote et un périmètre de 200 mètres autour du centre, touchent entre Rs 12 000 et Rs 18 000 », déplore Rashid Imrith. Pour le président de la FSSP, ces allocations sont inférieures au montant payé par heure pour le salaire minimum. « Ces officiers ne travaillent pas que le jour du Nomination Day, le jour du scrutin et du dépouillement.  C’est au moins 80 à 100 heures qu’ils mettent dans l’organisation de ces élections », ajoute-t-il. D’où sa proposition pour revoir le salaire des Returning Officers à Rs 85 000 et ceux des Senior Presiding Officers et Presiding Officers proportionnellement. 

Pour ce qui est des Ballot Box Clerck, des Directing Clerk et des Poll Clerck qui perçoivent chacun une allocation de Rs 3 805 pour le jour du scrutin et Rs 1 235 additionnelles pour ceux qui travaillent aussi le lendemain, soit le jour du dépouillement des votes, Rashid Imrith propose de leur offrir le même montant que le salaire minimum, soit Rs 9 000. « Mais en attendant, je demande au Premier ministre, en concertation avec la Commission électorale, de doubler le montant des allocations de ces officiers », dit-il. 


Haniff Peerun réclame une hausse de Rs 1 000

Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, demande que l’allocation que percevront les fonctionnaires ayant travaillé le jour du dépouillement soit augmentée de Rs 1 000.

Une lettre datée du 20 novembre 2019 a été envoyée en ce sens au Commissaire électoral, Irfan A. Rahman. Dans cette correspondance, Haniff Peerun fait ressortir que certains fonctionnaires ont eu à travailler jusqu’à fort tard le jour du dépouillement. « Surtout ceux qui étaient postés dans les circonscriptions No 5 et No 10. Ils sont arrivés vendredi à 5h pour repartir le lendemain, soit samedi à la même heure, sans qu’aucune provision n’ait été faite pour les repas. C’est la première fois que l’exercice de dépouillement se déroule ainsi », fait-il comprendre. D’où sa demande pour une hausse de Rs 1 000 pour ces fonctionnaires. 

Au Défi Plus, le président du MLC dit avoir aussi noté quelques « manquements », tels que la présence de bulletins en dehors des centres de vote. « L’enquête policière est en cours et nous demandons que les conclusions soient rendues publiques. Les coupables, s’il y en a, devront être sévèrement punis. Et si jamais un fonctionnaire est impliqué, qu’il assume ses responsabilités de même que les conséquences de ses actes », prévient-il. Et d’ajouter : « Des brebis galeuses, il y en a dans tous les secteurs. Ce serait injuste de venir jeter tout le blâme sur le Commissaire électoral ». 

Haniff Peerun ne manque cependant pas de féliciter le bureau de la Commission électorale pour l’organisation de ces élections « en si peu de temps » et d’avoir, malgré tout, pu mobiliser autant de fonctionnaires.

 

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