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En attendant le Metro Express : le voyage du dernier train de passagers à Maurice

Dernier train
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C’est avec tristesse que de nombreux Mauriciens ont vécu le voyage du dermier train de passagers à Maurice, le 31 mars 1956. Tristan Bréville, auteur du romanquête « Le dernier train », fait revivre cette journée. Il se réjouit également de la « résurrection » du train à Maurice, à travers le Metro Express.

Le 31 mars 1956 a été un jour sombre pour de nombreux Mauriciens, selon Tristan Bréville. Pour la dernière fois, le train de voyageurs a fait le trajet de Port-Louis à Curepipe. Il a ainsi mis fin à 92 années de voyages à travers l’île pour les trains des Mauritius Government Railways. Le gouvernement britannique considérait, à l’époque, que les lignes de chemin de fer n’étaient plus rentables, en raison de la baisse du nombre de passagers due à l’avènement de l’automobile et à la hausse du prix du charbon. Les locomotives étaient aussi considérées comme polluantes avec la grosse fumée noire qui s’échappait de leur cheminée. Il avait alors délégué dans l’île un expert pour évaluer la situation.

Tristan Bréville
Tristan Bréville

Pour le dernier voyage du train, c’est de Port-Louis que le convoi a quitté la gare Victoria pour prendre la direction de Pailles, Richelieu, Petite-Rivière, Beau-Bassin, Rose-Hill, Quatre-Bornes, Phœnix, Vacoas, Floréal, Curepipe Road et la gare de Curepipe, à côté de l’hôtel de ville. « De chaque côté du chemin de fer, ceux qui n’avaient pu avoir un ticket pour faire le dernier voyage s’étaient massés pour le voir passer », explique Tristan Bréville, qui avait 10 ans à l’époque. Tous avaient les larmes aux yeux, selon lui. C’était un déchirement de voir ainsi partir le train, qui n’allait plus siffler pour s’annoncer.

Avec nostalgie, il ajoute, que parmi les passagers de ce dernier train, il y avait les couples qui s’étaient rencontrés sur des gares et qui s’étaient mariés par la suite. Selon lui, il était important pour eux d’être du voyage ce jour-là. Amoureux des trains, il a effectué de nombreuses recherches sur l’histoire du train à Maurice pour rédiger son livre et donner moult détails sur les faits marquants.

Il en est ainsi du discours de Maxime Anime, qui était alors secrétaire de la ville de Quatre-Bornes : « Il faut savoir se résigner et dire adieu au chemin de fer, ce vieux serviteur qui nous a si bien servis. Une époque a vécu ! Sachons dire, comme pour un royal passage : le roi est mort, vive le roi ! Le rail est mort, vive la route ! »

Avec l’avènement du Metro Express, les deux vont cohabiter. Mais avec l’arrivée des automobiles en 1901 et des autobus en 1927 et les camions, le train allait connaître une mort lente. « Les gens ont commencé à avoir leur propre moyen de transport, les autres prenaient le taxi, ce qui a entrainé une baisse du nombre de passagers pour les trains », explique-t-il.

Des madriers sur lesquels étaient posés les rails ont été transformés en meubles.
Des madriers sur lesquels étaient posés les rails ont été transformés en meubles.

Selon Tristan Bréville, nombreux sont ceux qui ont pu, avec le démantèlement du chemin de fer, acheter les madriers sur lesquels les rails avaient été posés. « C’était du bois de teck de grande qualité. Cela a été mis en vente et ils en ont fait des meubles », raconte-t-il. Il garde lui-même précieusement des madriers, rails et roues des trains qu’il a pu acquérir. Il a aussi des photos de l’époque.

Pour lui, il faut restaurer les anciennes gares de train, au lieu d’essayer d’effacer le passé. Il regrette ainsi l’absence d’un musée sur l’histoire du train à Maurice. Il se réjouit cependant du retour du chemin de fer à travers le Metro Express.

Pour lui, ce projet va ressusciter le train à Maurice. Aussi, il attend la mise en service du nouveau train pour pouvoir être parmi les premiers passagers et faire des photos. Pour la postérité, il fait déjà des photos des différentes étapes de l’évolution des travaux.

Les prix de l’époque
Le prix du ticket de train était de Rs 1,45 pour les adultes en première classe, de 50 sous en seconde et de 25 sous pour les enfants de plus de 3 ans. Les chefs de gare étaient toujours élégamment vêtus dans leur uniforme bleu-noir. En 1864, quand le train a commencé à rouler, cela a été un succès et les gens l’utilisaient pour aller travailler, les riches comme les pauvres. Il y avait les première, deuxième et troisième classes.

Fallait-il arrêter le train ?

Tristan Bréville posant fièrement devant les rails qu’il conserve précieusement.
Tristan Bréville posant fièrement devant les rails qu’il conserve précieusement.

Le gouvernement britannique n’avait d’autre choix que de fermer le chemin de fer, selon Tristan Bréville, car ce n’était plus rentable. Le train était devenu trop polluant. Avec le développement du pays, il ne passait plus à travers champs, mais dans les agglomérations. Dans la brousse, il causait parfois des incendies. La maintenance des locomotives et des wagons coûtait cher également, ajoute-t-il.

Les lignes de chemin de fer à Maurice

Les anciennes lignes de chemin de fer à Maurice.
Les anciennes lignes de chemin de fer à Maurice.
Les roues des trains convertis en objets d’art.
Les roues des trains convertis en objets d’art.

C’est en 1864 que la première ligne a été créée. Elle était connue comme The North Line. Cette ligne longue de 50 km est entrée en opération le 23 mai 1864. De Port-Louis, le train faisait le trajet jusqu’à Grande-Rivière-Sud-Est, en passant par Pamplemousses, Rivière-du-Rempart et Flacq.

Il y a eu également la ligne Midlands, longue de 35 km, qui a relié Port-Louis à Mahébourg. Elle a été ouverte le 22 octobre 1865. Cette ligne a aussi traversé Beau-Bassin, Rose-Hill, Quatre-Bornes, Phœnix, Vacoas, Curepipe et Rose-Belle.

Des lignes secondaires ont aussi été installées : Moka-Flacq, en 1876, qui a relié Midlands à Rose-Hill ; la ligne Savanne reliant Midlands à Rose-Belle, la ligne de Rivière-Noire sortant de Port-Louis en passant par Tamarin et la ligne Montagne-Longue.

L’élégant inspecteur Seesurrun Suntah

Seesurrun Suntah

À 95 ans, Seesurrun Suntah, ancien Locomotive Carriage and Wagon Inspector, à des bribes de souvenir des merveilleuses années qu’il a passées dans les trains, à s’assurer de leur bon fonctionnement. Pour lui, le 31 mars 1956 a été un jour noir, car il s’est retrouvé au chômage. Basé à Rose-Hill, c’est le cœur gros qu’il a attendu l’arrivée du train de Port-Louis.

Sur la gare parmi les badauds, des filles du collège Lorette. Si certaines disaient avec nonchalance que c’était une bonne chose de fermer le chemin de fer, en raison de la pollution qu’il causait, pour d’autres, c’était un grand chagrin, affirme-t-il. « Les proches des employés du chemin de fer étaient tristes. »

À la fermeture du chemin de fer, le vaillant inspecteur s’est retrouvé, après quelques années, comme Chief Technician à l’université de Maurice. Il a aussi travaillé dans la recherche de l’eau souterraine.
Comme Tristan Bréville, il voit, dans le projet de Metro Express, la résurrection du train à Maurice.

 

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