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Enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen : des images disparues des caméras Safe City intriguent

Le constable Abhiram.

La déposition du constable Abhiram dans le cadre de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen, le jeudi 10 décembre, soulève des interrogations. Selon le policier affecté à la Safe City Control Room, à Ebène, des images des caméras de Palma ont disparu.

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«Les caméras Safe City à Palma étaient opérationnelles, mais les images ont disparu. » C’est ce qu’a affirmé le constable Abhiram, en cour de Moka jeudi.  Lors de la cinquième audience de l’enquête judiciaire sur la mort suspecte de Soopramanien, le policier a produit des enregistrements des caméras Safe City. 

Ces images montrent Soopramanien Kistnen marchant dans la région de Rose-Hill aux alentours de 11 h 56 le 16 octobre 2020. Vers 13 h 14, il est monté à bord d’un autobus en direction de Beaux-Songes. Après cela, selon le constable affecté Safe City Control Room, il n’y a plus d’images de caméra de surveillance. Il n’a pas pu retracer Soopramanien Kistnen à Palma étant donné que les images ont disparu. Le policier a expliqué qu’après son témoignage du mercredi 9 décembre 2020, faisant état de la sauvegarde des images pendant 30 jours, il a contacté un expert de Mauritius Telecom. Selon lui, le ‘server’ peut sauvegarder des images de 4 000 caméras. Or, il s’avère que seules 2 800 caméras sont opérationnelles. Ce qui fait il y a de l’espace sur le « server » et par ricochet, les images peuvent être sauvegardées pendant plus de 30 jours.

Me Azam Neerooa a  demandé  à ce que le policier produise un document certifié s’il n’y a pas d’images pouvant retracer l’homme d’affaires pour non disponibilité de caméra. Le représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a aussi réclamé que le document soit signé par le supérieur hiérarchique du constable Abeeram..

À la suite d’une déclaration de Me Rama Valayden à la presse concernant l’hébergement des données des caméras Safe City par Mauritius Telecom, celle-ci a réagi, le jeudi 10 décembre 2020, par le biais d’un communiqué. MT indique qu’elle n’héberge aucune donnée (vidéo) provenant de ces caméras sur ses serveurs, précisant que ces données sont stockées sur les serveurs du Government Online Centre.

Le communiqué fait valoir aussi qu’aucun employé de MT n'a accès et ne peut pas avoir accès aux données de ces serveurs. Mauritius Telecom dit être uniquement responsable de la mise en place et de l'entretien de l'infrastructure de Safe City.

Le cadavre carbonisé de l’homme d’affaires Soopramanien Kistnen a été retrouvé dans un champ de canne à Telfair, Moka, le 18 octobre 2020. Le DPP a institué une enquête judiciaire en cour de Moka en vue de faire la lumière sur les circonstances entourant la mort de Soopramanien Kistnen.


Les noms de Rudy Appanah et Deepak Bonomally évoqués pour aider l’homme d’affaires

Koomadha Sawmynaden a également été auditionné dans le cadre de l’enquête judiciaire sur le décès de Soopramanien Kistnen, le jeudi 10 décembre. Le témoin a indiqué le défunt lui avait confié que Yogida Sawmynaden lui avait dit que deux personnes, nommément Rudy Appanah et Deepak Bonomally, allaient le contacter le 15 octobre 2020 pour l’aider à régler ses dettes.

Soopramanien Kistnen avait d’ailleurs précisé que Rudy Appanah était le beau-frère de Jonathan Ramsamy et que ces derniers lui remettraient de l’argent pour rembourser ses dettes. Cependant, le 15 octobre 2020, Soopramanien Kistnen aurait rencontré un dénommé Ravi qui aurait été envoyé par Rudy Appanah et Deepak Bonomally. Le dénommé Ravi lui aurait déclaré qu’il allait percevoir une somme de Rs 5 M, soit Rs 3 M pour ses dettes et le reste pour relancer son business.

D’après les dires de Koomadha Sawmynaden, Soopramanien Kistnen lui a raconté la teneur d’une rencontre concernant une cotation pour le nettoyage des bureaux de la State Trading Corporation (STC). Toutefois, il n’avait pas obtenu le contrat et cela, l’avait profondément déçu.

« Dapre mwa, linn rod fer mwa konpran ki li konn boukou zafer lor Yogida, li ti asosye pou bann move pratik reliye avek bann kotasyon STC e li ti pe menas zot pou li al fer bann denonsyasyon bann linstitisyon kouma l’Icac. Alor Yogida, Appanah ek Bonomally zot redevab anver li pou bann servis ki linn rann zot e zot inn promet li ki zot pou pei tou so bann det », a déclaré Koomadha Sawmynaden en cour.


Deux chèques sans provision

Koomadha Sawmynaden dira que, le 24 juin 2020, Soopramanien Kistnen l’avait appelé pour lui dire de venir le rejoindre à Rose-Hill. Et là, il lui a remis deux chèques d’un montant de Rs 200 000 chacun. Or, quand Koomadha Sawmynaden est à la banque pour encaisser un des deux chèques, l’institution lui a appris qu’il n’y avait pas d’argent sur ce compte. Il dit avoir averti Soopramanien Kistnen tout de suite. Le 1er octobre 2020, selon Koomadha Sawmynaden, il est parti rejoindre l’homme d’affaires sur l’aire de stationnement d’un centre commercial à Helvetia. Soopramanien Kistnen lui avait demandé d’emmener un des chèques et la note de la banque précisant le manque de fonds. Koomadha Sawmynaden dit avoir vu Soopramanien Kistnen remettre la note et le chèque à un individu qui se trouvait dans un autre véhicule garé un peu plus loin. L’individu a alors remis une enveloppe à Soopramanien Kistnen qui l’a ensuite donnée à Koomadha Sawmynaden. Ce dernier dit avoir noté la présence de plusieurs liasses de billet de Rs 1 000. Il y en avait pour Rs 200 000.


« Mo pena oken lien avek sa dram la »

koomadha

Koomadha Sawmynaden s’est dit choqué des propos de la veuve de Soopramanien Kistnen. Celle-ci avait déclaré, lors de son témoignage en cour, qu’elle le soupçonnait d’être derrière la mort suspecte de son époux. « Monn soke kan monn trouv dan lapres sa ki madam Kistnen inn dir. A oken moman mo pena oken lien avek sa dram-la. Mo pa ti ena oken move lintansion kont Kaya », dit le frère du ministre Yogida Sawmynaden.


Des dettes de Rs 440 000

Soopramanien Kistnen avait, à plusieurs reprises, fait des demandes d’emprunts auprès de Koomadha Sawmynaden. Ce dernier a déclaré, en cour, que la victime lui devait au total Rs 440 000, hormis les autres sommes que le défunt lui avait empruntées de temps à autres. Lors de son témoignage, Koomadha Sawmynaden a relaté que celle-ci lui a remboursé Rs 250 000 en trois tranches, soit Rs 20 000 le 18 septembre 2020 à Moka, Rs 30 000, le 23 septembre 2020 à Ébène et Rs 200 000 ,le 1er octobre 2020 à Helvetia. Koomadha Sawmynaden a soutenu que, dans un premier temps, il ne s’est pas trop soucié du remboursement, car Soopramanien Kistnen lui avait déclaré qu’il allait lui rembourser petit à petit vu qu’il avait empoché plusieurs contrats.


Deux motions de Bhadain

L’avocat de Koomadha Sawmynaden, Roshi Bhadain, a formulé deux motions devant le tribunal de Moka. Il a d’abord réclamé à ce que la police saisisse le cellulaire du ministre Yogida Sawmynaden. L’homme de loi a fait ressortir que le contenu du cellulaire du ministre pourrait contenir des informations pertinentes entourant l’enquête dans cette affaire. D’autant plus que le ministre aurait donné un téléphone à la victime et qui demeure introuvable jusqu’à présent. La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a rejeté la motion affirmant que la demande de l’avocat est prématurée à ce stade.

Me Roshi Bhadain a ensuite demandé que son client bénéficie d’une protection policière vu l’ampleur que prend cette affaire et les révélations qu’il a faites au cours de son témoignage. La magistrate a accédé à cette motion ordonnant à ce que Koomadha Sawmynaden obtienne une protection policière jusqu’à ce que son témoignage prenne fin en cour.

 

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