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Entretien avec le Premier ministre - SAJ: «L’alliance est bien solide, mais…»

Une heure durant, Nawaz Noorbux (Radio Plus), Finlay Salesse (Radio One) et Jimmy Jean-Louis (TOP FM) ont interrogé le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, à la salle des conférences du Bâtiment du Trésor, vendredi après-midi, avec Ashok Beeharry, de la MBC, comme modérateur. Trois thèmes (le social, l’économie et la politique), étaient au menu..

Social: écart entre riches et pauvres

SAJ affirme être « conscient » du problème que pose le fossé entre riches et pauvres. « Nous avons constaté à quel point la situation est grave, lorsqu’on a pris le pouvoir. La situation continue à se dégrader au lieu de s’améliorer », répond-il à Finlay Salesse. « On ne peut résoudre tous ces problèmes en un, voire deux ou trois ans. C’est pourquoi, nous avons proposé la vision 2030, un objectif à long terme. Nous travaillons dur pour réaliser nos promesses », ajoute-t-il. Le but premier est d’éradiquer totalement l’extrême pauvreté.  

Pas de hausse des prix

  Même si la roupie s’est dépréciée par rapport au dollar et l’euro, le Premier ministre avance que les prix des commodités n’ont pas augmenté, au contraire. « Beaucoup de prix ont baissé. Les gens peuvent acheter davantage que quand le Parti travailliste était au pouvoir ». Il concède toutefois que les médicaments coûtent plus cher.

« Tout le monde égal devant la loi »

« Il faut recruter davantage de policiers et voir si la police travaille convenablement. Si besoin est, il faut les former davantage », répond SAJ à Nawaz Noorbux. Il avoue avoir le sentiment que « certaines personnes ne font pas leur travail convenablement. Des gens nous mettent des bâtons dans la roue ». Le Premier ministre affirme être contre les arrestations abusives. « Une des plus grandes victimes est mon fils. Je voudrais changer le système de charges provisoires, mais cela prend du temps ». Et de préciser que « j’ai dit au Commissaire de police qu’il doit agir selon la loi. Tout le monde est égal devant la loi ».

Trafic de drogue: « Pas facile »

La commission d’enquête contre le trafic de stupéfiants, « il fallait l’instaurer depuis longtemps. Dans le passé, cela nous a beaucoup aidés pour combattre la drogue », mais, reconnaît le Premier ministre, « aujourd’hui nous faisons face à des gens qui produisent de la drogue localement. Ce n’est pas facile de contrôler cela ». Il compte beaucoup sur la commission d’enquête pour fournir des informations utiles. « Je n’hésiterai pas à prendre des actions », lance le chef du gouvernement qui reste persuadé que la drogue est à l’origine de beaucoup de crimes.

Shakeel Mohamed

« On ne peut pas arrêter des gens s’il n’y a pas de preuve. » Il commente l’affaire Shakeel Mohamed, dont les charges provisoires ont été rayées, il y a quelques jours, en ces termes : « Kouma dire mwa kinn donne l’instruction (ndlr de l’arrêter). Je n’étais même pas au courant que son nom était mentionné dans une plainte ».

Économie: « J’ai fait perdre un peu d’emplois »

Le secteur privé a créé 14 000 emplois et le gouvernement a recruté 3 000 personnes, il en recrutera encore 7 000 personnes prochainement. Le Premier ministre admet que « j’ai fait perdre un peu d’emplois. Je n’ai pas peur de le dire. Il y avait des Assizer Baise Cash(ABC) partout. Je ne peux tolérer cela. Le pays ne peut progresser sans productivité. On ne peut retourner à l’époque des quatre jours à Paris où 20 000 personnes avaient été recrutées peu avant les élections générales ». Il reproche au précédent régime d’avoir embauché des gens à des fins électoralistes.

BAI: « Je prends toute la responsabilité »

« Le Fonds monétaire internationale (FMI) nous a félicités pour les actions prises dans l’affaire BAI. » SAJ affirme assumer « toute la responsabilité. C’est moi qui ai demandé d’agir ». Et de souligner qu’à Trinidad et Tobago, l’économie ne s’est pas encore remise d’une affaire similaire qui y a éclaté il y a quelques années. « Dawood Rawat peut être mon ami, mais je dois d’abord veiller aux intérêts du pays. » Il soutient que « 80% des problèmes ont été résolus » dans cette affaire.

Maurice, un chantier

L’an prochain, promet SAJ, « Maurice sera un chantier ». Plusieurs gros projets, dont Heritage City et des développements portuaires, démarreront et créeront de l’emploi. « Le secteur privé travaille avec nous pour que le pays progresse ». L’an prochain, « les gens seront satisfaits ». Il ajoute qu’en 1983, la situation était pire, mais le miracle économique avait pu se faire, mais cela a pris quatre ans.  

« Il faut purger la MBC »

SAJ a eu des mots durs sur la MBC. « Bien sûr qu’elle est « overstaffed ». Il faut purger la Mauritius Broadcasting Corporation. » La nomination du nouveau directeur général, « ce sont les leaders de parti qui s’en occupent. Pas moi ». Sir Anerood Jugnauth dit avoir rencontré Jean-Claude de l’Estrac, mais ne confirme pas si ce dernier sera le nouveau responsable. Idem pour Torriden Chellapermal, un ancien directeur général de la MBC. Je ne peux empêcher Jean-Claude de l’Estrac de venir koz kozer ».

Politique: pas de remaniement

« C’est vrai que tous le monde n’a pas les mêmes compétences et le même niveau », commente SAJ à une question de Nawaz Noorbux qui évoque les compétences au sein du Cabinet. « Mais, une personne apprend en ayant de l’expérience ». Il précise qu’il n’y a « aucune nécessité de procéder à un remaniement ministériel ».

Recrutement de proches

« Ne peut-on recruter une personne parce qu’il est proche d’un ministre ? Je suis satisfait si une personne est compétente », dit le chef du gouvernement en ajoutant qu’il est normal qu’il y ait des nominations politiques pour certains postes.

« Normal qu’il y a des conflits au gouvernement »

SAJ reconnait qu’il y a « des conflits » entre partenaires de l’Alliance Lepep. « Mais, ce sont des détails. Sur le fond, l’alliance est bien soudée, bien solide. On ira jusqu’au bout de notre mandat ».

Une opposition « démagogue »

Le reproche fait à l’opposition est qu’elle est « devenue plus démagogue». Quant à Paul Bérenger, leader de l’opposition, il va a l’encontre de ses principes, mais « à l’Assemblée nationale, on se respecte ».

Marchands ambulants

« J’ai demandé à la police d’être stricte à ce sujet, car il faut mettre de l’ordre. » SAJ est intransigeant sur le dossier des marchands ambulants et reproche à ses prédécesseurs d’avoir laisser la situation devenir hors de contrôle.

« Ils ne sont pas reconnaissants »

SAJ n’a toujours pas digéré sa défaite électorale de 1995. « Les gens ne sont pas reconnaissants ». Il confie qu’il ne voulait pas retourner en politique, mais avoue avoir été sensible aux arguments de Paul Bérenger qui disait qu’il fallait sauver le pays. « Au lieu de cela, il s’est sauvé ».  
   

SAJ: « Entre père et fils, il peut y avoir des conflits »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5463","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-11063","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1247","height":"867","alt":"Sir Anerood Jugnauth"}}]]À plusieurs reprises, SAJ a évoqué ses relations avec son fils Pravind. « Entre père et fils, il peut y avoir des conflits. Entre partenaires au gouvernement aussi », sourit le PM. Ces dernières semaines, Pravind Jugnauth et SAJ n’ont pas toujours été sur la même longueur d’onde, mais lorsque Nawaz Noorbux l’interroge spécifiquement à ce sujet, il répond que les relations entre eux sont « 100 % korek ». Si quelques semaines de cela, SAJ était d’accord pour un retour de Danielle Selvon au MSM, Pravind Jugnauth a dit que la députée devra patienter, car le « MSM n’est pas une boutique ». « Je ne suis pas le leader. J’ai exprimé mon opinion. Il n’est pas obligé de m’écouter. Il y a un bureau politique. » Le fait de ne pas être leader du MSM « ne pose pas de problème. » Et s’il y a désaccord, dit SAJ, « il a le droit de s’exprimer. Cela ne m’offense pas ». SAJ avoue avoir « supplié » Pravind de ne pas se lancer en politique et de s’occuper de son métier au barreau, car « les gens n’ont aucune reconnaissance ». « Je lui avais dit qu’il allait regretter, car, moi, j’ai regretté ». Lady Sarojini fera-t-elle de la politique active ? demande Nawaz Noorbux. « C’est faux ! Lady donne un coup de main. Elle aime ça, mais n’a aucune intention de se lancer. D’ailleurs, si elle me demande conseil, je lui dirais de ne pas le faire. D’ailleurs, elle ne veut pas ».
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