Interview

Etienne Sinatambou: « On peut parler de réelle baisse des prix d’Internet »

Dans l’entretien qui suit, Etienne Sinatambou revient sur les chiffres du secteur de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation publiés par Statistics Mauritius. On peut parler d’une réelle baisse des tarifs d’Internet, selon lui.

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« les opérateurs doivent être plus agressifs en ce qui concerne l’étendue des services offerts en vue de rehausser la qualité, tout en minimisant le coût. »

Quel bilan faites-vous des quatre premiers mois en tant que ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation ?
Permettez-moi avant tout de dire que mon action se situe dans la continuité des réflexions et des actions déjà initiées par mon prédécesseur et leader Pravind Jugnauth.  Quatre mois, c’est relativement court, mais suffisant pour jeter les bases d’une île Maurice qui s’approprie les nouvelles technologies en vue d’améliorer le sort des citoyens et rendre les choses plus faciles pour le monde des affaires.

Je finalise en ce moment le National Innovation Framework (NIF) pour que les individus et les entreprises, qui veulent innover, trouvent des programmes de soutien taillés sur-mesure, afin de réaliser leurs projets. Le NIF est pourvu d’un budget de Rs 125 millions au diapason de nos ambitions comme une nation innovante.

La National Open Data Policy, qui trace la voie pour l’ouverture des données publiques non personnelles et non sensibles, a été finalisée.  Ces données ouvertes devraient permettre le développement d’applications mobiles pour le grand bien des citoyens. On peut s’attendre à voir des applications sur l’horaire des autobus, la performance des écoles, etc.

Le secteur des objets connectés se présente comme une opportunité certaine pour transformer la vie des gens à travers le développement d’applications comme le ‘Smart Parking’. La nanotechnologie est aussi une filière porteuse pour le pays. J’ai pris les devants en lançant la préparation de deux plans d’action à court et moyen termes pour le secteur des objets connectés et la nanotechnologie.

La sécurité informatique est un domaine où nous pouvons percer comme centre de référence dans la région. Nous avons donc accueilli le Regional Cybersecurity Drill en partenariat avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) en avril de cette année.  Mon ministère s’attelle en ce moment à la finalisation d’une Stratégie nationale contre la cybercriminalité.

En 2015, le secteur de la TCI a connu une croissance de 5,4 % et  a contribué à hauteur de 5,6 % au Produit intérieur brut (PIB). La contribution réelle après déduction de l’effet des prix, passe à 7 % du PIB, contre 6,6 % un an plus tôt. Que vous inspirent ces chiffres ?
Même si la contribution du secteur de la TCI dans le PIB du pays est restée à 5,6 %, il a quand même enregistré un taux de croissance réel de 7 % l’année dernière, contre 6,6 % en 2014. À signaler aussi que la valeur ajoutée générée par ce même secteur a augmenté de 5,4 %, passant de Rs 19,4 milliards en 2014 à Rs 20,4 milliards en 2015, avec une projection de plus de Rs 21 milliards pour l’année 2016. Il faut voir la coupe qui est à demi-pleine et non à moitié vide. La TCI reste un secteur résilient de notre économie et parvient à rester à flot, malgré la décroissance de l’économie mondiale.

Ce gouvernement prend des mesures énergiques pour maintenir le cap face aux défis. La bande passante internationale sera considérablement augmentée avec le troisième câble sous-marin. En 2015, le gouvernement a agréé à la demande des associations qui pratiquent la TCI de permettre le recrutement d’experts étrangers pour pallier le manque de ressources dans le secteur de la TCI. Mon ministère renforce sa collaboration avec le milieu universitaire, IBM et Oracle, entre autres, pour remédier aux manques d’effectifs techniques.

Justement, concernant la main-d’œuvre, le nombre d’employés a augmenté de 1,8 % pour atteindre 15 000 personnes. Peut-on faire mieux ?
Le secteur de la TCI a vu une hausse de 1,8 % dans le nombre d’emplois, passant de 14 747 en 2014 à 15 006 en 2015. À savoir qu’en 2015, le secteur de la TCI comprenait une part de 4,8 % de l’emploi total, contre 4,3 % en 2011. D’autre part, le chiffre de15 006 comptabilise seulement 140 firmes du secteur TCI / BPO. Des centaines de professionnels et techniciens travaillent dans les départements informatiques des grandes sociétés dans tous les secteurs économiques. Il faut aussi ajouter que le secteur est porteur de croissance,  le seul ayant recruté le plus de personnes ces dernières années.

Il faut aussi noter que Maurice a un vivier restreint de diplômés en informatique. Ce problème est grandissant, vu que de moins en moins de jeunes adoptent cette filière. Afin de pallier le manque de personnel qualifié dans le domaine de la TCI et de booster l’emploi dans ce secteur, le gouvernement a mis en place des mécanismes, afin de régler le problème de disparité entre les compétences disponibles et les besoins et attentes du marché.

Les exportations de services diminuent de 7,8 %. Comment expliquez-vous cet état de choses ?
Il faut savoir que le commerce de produits du secteur de la TCI a accusé une hausse l’année dernière. Les importations ont connu un taux de croissance de 4,4 %, passant de Rs 16,7 milliards à Rs 17,4 milliards alors que les exportations, incluant les réexportations, ont augmenté de 16,6 % pour atteindre Rs 11,1 milliards. Ce sont surtout les importations et exportations élevées de téléphones cellulaires qui sont à la base de ces résultats.

S’agissant des services de la TCI, il y a eu une progression de 25,7 % des importations à Rs 2,9 milliards alors que les exportations ont diminué de 7,8 % pour s’établir à Rs 5,4 milliards. Cette baisse peut s’expliquer par le faible taux de croissance des pays importateurs de nos services qui ont réduit leurs commandes au cours de l’année écoulée. Cela dit, je tiens à vous assurer que mon ministère mettra en œuvre les mesures nécessaires, afin de renverser la vapeur à la suite d’une analyse minutieuse.

Bien souvent, au lieu de baisser les tarifs, les fournisseurs d’accès à Internet augmentent les capacités. À quand une réelle baisse des prix ?
Ces derniers temps, nous avons vu un grand nombre de clients passer du service ADSL aux services de fibre optique, avec des vitesses nettement supérieures selon choix. Dans certains pays, les tarifs sont maintenus alors que les capacités sont augmentées. Dans d’autres pays, les fournisseurs d’accès à Internet privilégient une baisse au niveau des tarifs. Durant l’année écoulée à Maurice, on a vu une baisse de tarif allant de 6 à 81 % pour l’accès à Internet d’une ligne fixe, tant résidentielle que commerciale. D’autre part, il y a eu une baisse de tarif de 15 à 65 % pour les services d’accès à Internet sur le téléphone portable. Je pense qu’on peut parler de réelle baisse des prix d’Internet.

Êtes-vous satisfait des services fournis par les opérateurs de télécommunications aux Mauriciens ?
La connectivité à Maurice a évolué très rapidement ces dernières années. À ce jour, la connexion à haut débit qui est offerte à la population me semble satisfaisante. La connexion fibre a atteint les maisons à un rythme accéléré. Les Mauriciens ont maintenant le moyen de surfer à 100 Mbps. Néanmoins, les opérateurs doivent être plus agressifs en ce qui concerne l’étendue des services offerts en vue de rehausser la qualité, tout en minimisant le coût. Les opérateurs doivent aussi s’orienter vers d’autres services pour améliorer la vie des Mauriciens en venant avec des applications mobiles. Les opérateurs ainsi que le régulateur pourraient se pencher sur la portabilité des numéros, ce qui permettrait aux usagers de conserver leurs numéros, tout en changeant d’opérateur.

 

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