Société

Évolution du préscolaire: ces petits qui apprennent comme des grands

De nos jours, nous sommes de plus en plus conscients de l’importance de la maternelle dans le parcours académique d’un enfant. Programme d’études adapté ou nouvelles méthodologies, on réclame la même attention pour les tout-petits et les plus grands. Incursion dans ce secteur en constante évolution. «L’école, c’est crucial : le début détermine la fin», disait le chanteur français Abd al Malik. En effet, le parcours académique de tout enfant commence à la maternelle. Nombre de recherches pédagogiques ont démontré que cette étape est essentielle. Ce sont ces mêmes études qui, au fil des ans, ont permis aux principaux acteurs de l’éducation de prendre conscience que l’éducation préscolaire ne peut être banalisée. Cela a donc sonné le glas des ti-lekol où l’on se contentait d’entonner la fameuse chanson de l’alphabet et de dessiner le zero-lake durant la journée, voire pendant toute la durée du programme. Aujourd’hui, la section maternelle suit un cursus structuré visant à faciliter et à stimuler le développement intellectuel et cognitif de l’enfant. Ce dernier doit apprendre non pas pour répéter, mais pour se préparer à franchir les autres étapes de sa scolarité. À Kidzone Nursery/Pre-Primary School, à Curepipe, une fois le seuil de l’établissement franchi, place aux choses sérieuses. Dans le bureau de la directrice, une pancarte indique les règles en vigueur à l’école : « Il faut dire bonjour dès qu’on entre à l’école ou en classe » ou encore « Il ne faut pas parler créole ». Pourquoi tant de règles ? Reshma Sumputh-Ramchurn, la directrice, insiste sur le fait que « la discipline commence dès la maternelle. C’est durant sa préscolarité que l’enfant construit sa personnalité. Après, il est trop tard. » Programme d’études évolutif Si la chanson de l’alphabet reste au programme, elle est, toutefois, entonnée différemment. Et la démarche n’a plus le même objectif. C’est la première étape pour aider les enfants à apprendre la phonétique. Comme l’explique Marie-Noëlle Frontin, puéricultrice à Kidzone. « C’est un fait, aujourd’hui, que l’étape préscolaire est propice à l’apprentissage des langues. Chez nous, cela commence avec les tout-petits. Nous faisons en sorte qu’ils soient le plus longtemps exposés au français et à l’anglais, car nous visons le bilinguisme. Il n’est plus question de se contenter de chanter ou de gribouiller. Comme les enfants distinguent et reproduisent les sons facilement, nous en profitons pour les initier, dès leur plus jeune âge, à la phonétique », explique-t-elle.
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/div> [row custom_class=""][/row] Comme la construction d’une maison, l’éducation d’un enfant se fait étape par étape. Toutes sont aussi importantes les unes que les autres. Si la base est négligée, l’échec est alors inévitable. C’est ce qu’estime Dev Ramdoss, pédagogue. « De nombreux parents ont la fâcheuse tendance à confondre la garderie et la maternelle. Or, il faut faire une distinction. » Selon lui, la maternelle est l’étape qui prépare au primaire, car c’est durant cette phase que les bases sont posées. « Aujourd’hui, nous sommes tous conscients des besoins de la nouvelle génération. De fait, les enfants doivent être préparés dès leur plus jeune âge. » Pour arriver à établir ces bonnes bases, il convient de s’attarder sur le programme d’études. À Kidzone, l’emploi du temps est réparti entre épreuves pratiques et orales. Les bases de l’apprentissage sont ainsi établies. « Le programme d’études est évolutif », soutient Reshma Sumputh-Ramchurn. Les enseignants ne peuvent plus se concentrer uniquement sur l’aspect académique. « L’apprentissage ne peut se faire de manière abstraite. Nous devons encourager l’apprentissage à travers des activités qui incitent l’apprenant à utiliser ses sens du toucher, de l’odorat, de l’ouïe, de la vue et parfois du goûter. Apprendre par cœur est une méthode révolue. Si les bases solides ne sont pas posées dès la maternelle, l’échec scolaire est alors inévitable », rappelle-t-elle. La maternelle est aussi l’étape durant laquelle l’enfant apprend à être autonome. Pour y arriver, il est essentiel de l’aider à développer son autonomie dès son entrée à l’école. Chez Quest Cubs Day Care Centre/Pre-primary School, à Belle-Rose, le cursus est préparé de sorte à aider l’enfant à exploiter très tôt son potentiel. « Nous travaillons avec des enfants âgés de trois mois à cinq ans. Il s’agit d’une étape très importante de leur vie. De fait, nous avons mis en œuvre tout un programme pour leur apporter une stimulation complète et équilibrée, en favorisant systématiquement l’aspect ludique. Le travail commence dès la garderie. À ce stade, notre objectif est d’aider l’enfant à se développer de manière autonome et créative, grâce notamment à des activités de musique, de théâtre, d’expression corporelle et de psychomotricité », explique Christel John, la directrice de l’école. Cette dernière souligne qu’il est aussi impérieux de proposer des ateliers hebdomadaires en matière de logique, de linguistique, de musique, de théâtre et d’art. Ces derniers aideront les élèves à développer leur aptitude à communiquer. « On aide aussi les élèves à mieux s’exprimer en anglais. Nous favorisons des activités, notamment la discussion orale. Nous avons mis en place un programme qui vise à soutenir les élèves qui n’arrivent pas à suivre le rythme ou ceux qui ont des difficultés d’apprentissage », conclut-elle.
 

Sashi Poonet, responsable de l’Early Childhood Education Unit: « Le préprimaire n’est pas négligé »

C’est l’unité de l’Early Childhood Education du Mauritius Institute of Education qui gère le secteur préscolaire à Maurice. Sashi Poonet, le responsable de cette unité, revient sur les avancements que ce secteur a connus. Le secteur du préprimaire a-t-il évolué ? Il est loin d’être statique. De nombreux projets ont été mis en œuvre depuis 1972. Par exemple, le Joint Child Health Education Programme et la formation de plus de 30 enseignants du préscolaire. En 1979, le ministère de l’Éducation a créé la Pre-Primary Unit, une unité qui assure la gestion du préprimaire et qui participe au développement des politiques pour le bon fonctionnement du secteur. Durant cette période, il y a eu une mobilisation des ressources pour la réalisation des projets visant à faire bouger le secteur. En 1984, le ministère a mis sur pied le Preschool Trust Fund qui participe également à la gestion des écoles préprimaires. De 1978 à 1991, la formation des enseignants a été revue dans le but d’assurer la qualité. En 2008, le programme d’études a été amélioré à travers le National Curriculum Framework Pre-Primary. Nous avons récemment lancé le Developmental Learner Profile, un système qui permet d’évaluer les aptitudes des apprenants dès le préprimaire. Quelle attention est accordée à ce département dans le cadre de la réforme ? Le Developmental Learner Profile est un projet mis en place dans le cadre de la réforme. Cela démontre que le secteur n’est aucunement négligé. Ce document est divisé en deux parties. La première est un outil destiné à l’enseignant pour noter le potentiel de l’enfant en fonction des thèmes travaillés au préscolaire. Il comprend un transit document, c’est-à-dire un résumé du développement académique et cognitif de l’apprenant. Le Mauritius Institute of Education (MIE) offre aussi son soutien au ECCEA pour le développement d’un SEN Framework pour le préprimaire. Comment vous assurez-vous de la qualité ? Pour ce faire, le MIE a démarré un programme de formation des éducateurs. Nous avons noté que nombre d’entre eux n’avaient pas le niveau requis pour enseigner. Raison pour laquelle nous avons introduit le Certificate of Proficiency in Early Childhood Education (CPECE). Après le CPECE, les éducateurs sont inscrits pour un Teacher’s Certificate in Early Childhood Education. Ils sont ensuite invités à compléter le Teacher’s Diploma in Early Childhood Education. Ceux qui n’arrivent pas à compléter les deux ans du programme d’études permettant de décrocher le diplôme obtiennent un Advanced Certificate in ECE après un an de formation.
 

Leela Devi Dookun, ministre de l’Éducation: « Nous visons la qualité à tous les niveaux »

Les autorités responsables de l’Éducation à Maurice suivent les recommandations de l’Organisation des Nations unies dans le cadre du développement durable, ce qui inclut l’amélioration de l’éducation à tous les niveaux. Pour la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun, le secteur préscolaire ne peut absolument pas être négligé. Car il s’agit, selon elle, du pilier de notre système éducatif. « Les recherches ont mis en évidence l’importance d’investir davantage dans les années de la petite enfance. C’est durant cette période que le cerveau de l’enfant se développe. Une éducation de qualité à ce niveau peut garantir le succès de l’élève durant toute sa scolarité. L’investissement dans le secteur préprimaire entraîne un relèvement du niveau du système éducatif dans son ensemble. » La ministre souligne que plusieurs projets ont été entrepris pour orienter le secteur préprimaire vers la bonne direction. « Nous avons mis sur pied un plan de travail pour garantir la qualité. Aucun secteur n’est négligé. Pour le préprimaire, nous travaillons sur l’uniformisation. Tous les élèves bénéficieront du même niveau d’éducation. Pour y arriver, la collaboration de tous les acteurs du secteur est primordiale. La réforme éducative ne touche pas uniquement le primaire ou le secondaire. L’apprentissage commence dès le préscolaire. Nous travaillons sur des mesures visant à permettre aux enseignants de poser les bonnes bases », souligne Leela Devi Dookun-Luchoomun.
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