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Gassen Murugan, ex-enseignant du primaire : «Lekol dan Moris servi bann klas dominan»

Gassen Murugan est très critique à l’égard du système éducatif mauricien.

L’école est l’espace privilégié pour l’observation des inégalités et parfois elle les amplifie plutôt qu’elle ne les corrige. Gassen Murugan, 66 ans, s’en est rendu compte. Cet ancien enseignant dans les écoles d’État, qui a longtemps exercé dans une institution de la Zone d’éducation prioritaire, a aussi observé comment l’anglais et le français ont desservi l’acquisition des connaissances.

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En ce jeudi, à Forest-Side où il habite, Gassen Murugan s’apprête à intervenir sur une radio privée. Il livrera ses réflexions sur le système éducatif mauricien. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ex-enseignant de 66 ans n’a pas la langue dans sa poche. « Nou pratik tro la-lang de bwa, nou konplezan. Mo inpe konpran sertin dimounn ki per tansion zot zanfan viktim politisien au pouvwar », dit-il dès qu’on lui tend le micro. 

Fortement marqué à gauche, il se dit très influencé par ses origines sociales. Natif de L’Escalier, quatrième d’une fratrie de sept enfants au sein d’une famille avec un père chauffeur et une mère laboureuse dans les champs de canne, il cesse les études en Form V au collège Martin Luther King. « Mo ti gagn enn bours pou al fer HSC kolez Imperial me mo fami pa ti kapav pey transpor ziska Kirpip », se souvient-il. 

Il se voit obligé d’aller travailler pour aider la famille. Tantôt coupeur de canne, tantôt aide-maçon, il finira par prendre sa carte syndicale au sein de la Sugar Industry Labourers Union-Union of Artisans of the Sugar Industry (SILU-UASI), affiliée à la General Workers Federation, le bras syndical du Mouvement militant mauricien (MMM), dont il est aussi membre. 

Pour le jeune Gassen, l’engagement syndical est indissociable du combat politique, très fort dans cette région du Sud où les familles sont quasi employées par les sucreries. À L’Escalier, il est parmi les cadres du MMM qui président les activités, dont des meetings. 

Fortement marqué à gauche, il se dit très influencé par ses origines sociales.

Durant la campagne des législatives de 1976, il préside un meeting des mauves alors qu’il a en poche sa lettre d’embauche comme enseignant. « Mo finn presid trwa miting dan sa kondision-la », se remémore-t-il. « Mo di deza lor la-lis nwar lapolis politik. E sa finn kontinie kan mo fi vinn anseyan », poursuit-il.

Premier poste à Rivière-des-Anguilles 

Après deux années de stage au Teachers Training Centre, il obtient son premier poste à Rivière-des-Anguilles, avant de connaître des transferts comme c’est la pratique dans le secteur éducatif de l’État. Peu de temps après, il prend sa carte à la Government Teachers Union passée sous la direction de Jugdish Lollbeharry, un syndicaliste qui lui inspire confiance par contraste à l’équipe sortante qu’il juge trop proche de la classe politique au pouvoir à ce moment-là. 

Petit à petit, au gré des mutations, il s’instruit de la pertinence de l’enseignement primaire à Maurice, de son réel ancrage dans les attentes de l’ensemble des communautés et en rapport avec les classes sociales. « Mo rann mwa kont ki la pratik de bann leson fos sa sistem-la ek kre bann inegalite alor ki lekol sipoze enn sekter ki favoriz promosion sosial », dit-il. 

Idéaux de Rezistans Ek Alternativ 

Depuis 2018, année durant laquelle il prend sa retraite au rang de Deputy Head Teacher, il ne cesse d’être actif dans le milieu de l’éducation primaire. « Si pena veritab reform dan sa sekter-la, avek enn veritab lezislasion pou reget leson ek lintrodiksion kreol dan size kouma matematik ek zeografi, nou bann lekol pou kontinie kre bann inegalite ek sirtou lekskliszon », fait-il valoir. 

Très proche des idéaux de Rezistans Ek Alternativ, il a fait du combat pour une éducation de qualité pour tous une partie intégrante de son engagement, estimant qu’il faut d’abord mettre fin à l’élitisme dans certains établissements d’État. Il prend pour exemple un cursus scolaire qui s’apparente à un long processus de tri, d’écrémage et d’élimination, où le poids de l’origine sociale s’avère central. 

Dans un tel contexte, comment veut-on que les enfants d’ouvriers arrivent à se classer parmi les boursiers d’État, se demande-t-il. « Sistem-la pe reprodwir mem elit ki pou kontrol laparey deta ek protez so lintere. Kan nou get bien, nou trouve ki nou sistem servi bann klas dominan », conclut-il.

 

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