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Gérard Uckoor : «Les maçons doivent mettre fin au ‘lundi cordonnier’»

Rambassun Sewpal et Gérard Uckoor. Rambassun Sewpal et Gérard Uckoor.

Les cours de formation organisés en août par le HRDC à l’intention des entrepreneurs dans le bâtiment ont pour mission de mieux encadrer le travail dans la construction. Ces cours vont de pair avec la création du Building Office Control (BOC), dont l’attribution est d’examiner les plaintes déposées pour des défauts de construction.

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Gérard Uckoor, président de l’Association des petits entrepreneurs, accueille autant les cours du Human Ressources Development Council (HRDC) que la mise sur pied du Building Office Control (BOC). « Ces cours arrivent à un moment où il faut absolument réglementer le travail des maçons, le valoriser et initier les employés à une certaine discipline de la vie », dit-il. Loin  de vouloir les discriminer, lui-même maçon de longue date, il estime que certains maçons vivent dans un certain hédonisme.

Tandis que la nature de leur travail très rude ne leur permet pas de l’exercer sur le long terme, ils ne disposent cependant d’aucune aide sociale ni n’appartiennent à des mutuels. « C’est une vie précaire, il faut absolument qu’ils se prennent en charge et apprennent à équilibrer leurs revenus et leurs dépenses pour le bien-être de leurs familles », explique Gérard Uckoor. Ce dernier fait valoir la contribution des maçons au développement de Maurice, tant sur le plan des édifices publics que pour les résidences.

« Aujourd’hui, les maçons ne peuvent plus continuer à vivre comme avant, il faut leur inculquer le sens de l’épargne afin qu’ils se préparent pour le futur. Dans un passé pas trop lointain, les maçons étaient essentiellement  ceux qui étaient des recalés de notre système éducatif. Très jeunes, ils ont appris sur le tas, au contact des professionnels ou dans des firmes de construction. Même s’il leur arrive d’obtenir des revenus honnêtes, ils ne savent pas comment épargner. Les lundis, ils s’absentent en invoquant le ‘lundi cordonnier’, mais c’est une pratique de l’ère coloniale au cours de laquelle les anciens esclaves allaient chez le cordonnier pour se chausser ».

Faire le ménage

S’exprimant sur le BOC, Gérard Uckoor fait observer que ce service permettra de faire le ménage chez les entrepreneurs. La Consumer Advocacy Platform (CAP) met l’accent sur le fait que « les constructeurs, petits entrepreneurs et autres entreprises de coulage de dalles, devront porter plus d’attention lors des travaux de construction d’un bâtiment. Néanmoins, en l’absence d’une instance proactive, capable d’assurer que les constructions se font dans les normes pendant la construction, le BOC ne pourra agir qu’ en cas de réclamations relatives à des défauts de construction. »

Interrogé, l’architecte Rambassun Sewpal nuance ses propos. Il a souligné qu’avec l’obligation faite à un client souhaitant construire une maison d’une superficie de 150 m2 ou plus d’engager les services d’un architecte, c’est ce dernier qui sera tenu responsable des défauts de construction. « À moins, dit-il, que le client choisit lui-même d’acheter les matériaux de construction, ce qui fait alors de lui à la fois client et entrepreneur. S’il y a des défauts dans sa maison, il en sera seul tenu  pour responsable. »

Est-ce que l’entrepreneur peut-il en porter la responsabilité ? « En amont, explique Rambassun Sewpal, c’est l’architecte le personnage central pour ce type de construction, car les Collectivités locales ne délivrent un Building and Land Use Permit que si le client a engagé un architecte. Ce dernier, à son tour, recrute un Quantity Surveyor et d’autres professionnels de la construction, dont un Mechanical and Electrical Engineer,  qui sont tous des professionnels accrédités. C’est également l’architecte qui propose au client une liste de 4 à 5 entrepreneurs parmi les 600 dûment enregistrés. C’est lui qui se porte garant de leur professionnalisme, car ce sont des personnes avec lesquelles  il a travaillé. L’entrepreneur désigné après un appel d’offres, qui doit être soit le plus bas soit à un coût moyen, se doit de travailler selon les plans de l’architecte et en utilisant les matériaux  recommandés par le Quantity Surveyor. L’architecte  s’engage aussi à suivre les travaux sur le chantier, avec la capacité d’émettre un ‘stop order’ si l’entrepreneur  ne suit pas les directives. C’est aussi lui qui paraphe les factures  afin de permettre  au client d’obtenir ses tranches de prêt. »

Traçabilité

Si ces procédures sont suivies, explique Rambassun Sewpal, le BOC ne devrait pas avoir de problèmes pour identifier l’auteur d’un défaut de construction dans une maison, car les procédures assurent la traçabilité durant la construction, tant en termes de main-d’œuvre que la qualité de matériaux de construction utilisés. « Il faut aussi savoir qu’aucune personne autre que celles affectées à la construction n’est autorisée à pénétrer sur le chantier. Si le client souhaite voir la progression des travaux, il doit se faire accompagner de l’architecte », fait-il ressortir.

Dans les faits, ces étapes dans la construction d’une maison de 150 m2, ou plus, sont-elles vérifiées et validées ? « Si l’architecte n’a pas fait son boulot dans le respect des règles, il risque d’être radié de l’Ordre des architectes mauriciens », indique Rambassun Sewpal.

 

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