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Gisements de ressources minérales sous-marines : l’intérêt de l’Inde en vue d’une exploitation interpelle

Le dernier passage à Port-Louis du navire indien INS Darshak remonte au 7 février.

Si la presse indienne est unanime concernant les intérêts militaires de l’Inde pour Agalega, la demande formulée par New Delhi auprès de l’International Seabed Authority (ISA), affiliée aux Nations unies, pour deux nouvelles licences d’exploration en eaux profondes dans l’océan Indien ouvre une autre perspective. Les demandes ont été faites le 18 janvier dernier et sont examinées actuellement.

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Comme le fait ressortir un article publié par la BBC sur son site Web le jeudi 21 mars, « des pays comme la Chine, la Russie et l’Inde rivalisent pour atteindre les énormes gisements de ressources minérales - cobalt, nickel, cuivre, manganèse - qui se trouvent à des milliers de mètres sous la surface des océans. Ces ressources sont utilisées pour produire des énergies renouvelables telles que l’énergie solaire et éolienne, les véhicules électriques et la technologie des batteries nécessaires à la lutte contre le changement climatique ».

L’ISA a délivré jusqu’à présent 31 permis d’exploration, dont 30 sont actives. Ses pays membres se réunissent cette semaine en Jamaïque pour discuter des règles relatives à l’octroi de licences d’exploitation minière.

L’une des demandes de l’Inde a comme but éventuel d’explorer les sulfures polymétalliques - des monticules ressemblant à des cheminées près des évents hydrothermaux contenant du cuivre, du zinc, de l’or et de l’argent - dans la dorsale de Carlsberg, au centre de l’océan Indien.

Cette dorsale s’étend d’une triple jonction se situant à environ 1 000 km de Rodrigues - celle-ci se nomme d’ailleurs Rodrigues Triple Junction - jusqu’à l’Owen Fracture Zone. La dorsale de Carlsberg se situe sur le fond de mer à une profondeur se situant entre 1 800 et 3 600 mètres et a été découverte par le navire de recherche danois Dana lors de l’expédition océanographique de la Fondation Carlsberg qui a eu lieu de 1928 à 1930.

La zone pour laquelle l’Inde a fait une demande couvre une étendue de 10 000 km2.

Au niveau du Bureau du Premier ministre, l’on confie qu’il n’y a pas de demande de Maurice pour inclure ne serait-ce qu’une partie de la dorsale de Carlsberg dans la Zone économique exclusive mauricienne.

L’on y souligne aussi qu’un certain nombre de pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore le Canada demande l’arrêt total ou au moins la suspension temporaire de l’exploitation minière en eaux profondes, « le temps de mieux comprendre l’impact de ces recherches sur les écosystèmes marins de ces profondeurs ».

Quoiqu’il en soit, Alain Malherbe, expert en question maritime, s’interroge. « Quand je recoupe différentes informations factuelles, j’arrive à la conclusion que les infrastructures à Agalega pourraient servir d’une manière ou d’une autre à l’exploration des fonds marins. Je me demande même si la prochaine étape ne serait pas la construction d’une petite raffinerie de pétrole là-bas. » Au Bureau du Premier ministre, l’on ne va cependant pas dans le sens d’une raffinerie, mais l’on affirme que si une demande est faite par l’Inde ou un autre pays pour accoster un navire scientifique à Agalega, « la demande sera bien entendue examinée » et l’on y précise qu’une autorisation formelle de Maurice est une condition sine qua non avant tout accostage.

Alain Malherbe rappelle, pour sa part, que les autorités mauriciennes ont accueilli plusieurs fois, l’INS Darshak, qui a été déployé par le gouvernement indien pour effectuer des recherches hydrographiques dans les eaux de Maurice. L’INS Darshak, qui appartient à la marine indienne, a effectué des relevés au large de Maurice, mais aussi à Saint-Brandon et Agalega, entre autres. Son dernier passage à Port-Louis le 7 février dernier pour marquer la fin du déploiement de ce navire dans les eaux mauriciennes.

L’Inde et Maurice ont signé un Mémorandum of understanding pour la coopération en hydrographie en 2005, dans le cadre duquel des navires indiens ont été déployés 14 fois jusqu’à présent pour entreprendre des recherches hydrographiques des eaux mauriciennes, ce qui a conduit à la publication de 11 cartes de navigation et 13 cartes de navigation électroniques.

Dans son article, la BBC cite Nathan Picarsic, cofondateur d’Horizon Advisory, un fournisseur américain de renseignements géopolitiques et de renseignements sur la chaîne d’approvisionnement. Ce dernier déclare que « l’océan Indien promet d’énormes réserves potentielles et cette étendue a motivé le gouvernement indien à intensifier son exploration scientifique des profondeurs de l’océan ».

 

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