Graça Machel: « L’Afrique doit encore investir dans l’éducation »

Graça Machel est à Maurice dans le cadre du lancement de l’African Leadership College Campus. L’ancienne ministre de l’Éducation du Mozambique et ex-épouse de Nelson Mandela évoque sa vision de l’éducation. Vous avez été ministre de l’Éducation, vous étiez aux côtés d’un homme qui a beaucoup œuvré pour l’éducation. Est-ce un accomplissement de sa mission ? C’est comme toucher les plus jeunes. J’ai été impliquée dans le domaine de l’éducation dès les premières années de ce que l’on peut considérer comme ma vie productive ou professionnelle. Puis, j’ai fait de la politique. L’éducation me donne beaucoup de joie, parce que c’est ce qui me motive à apprendre et à être au courant des grandes avancées dans le monde. C’est une expérience enrichissante. Que pouvez-vous dire de l’éducation en Afrique aujourd’hui ? Les pays africains ont accompli beaucoup de progrès dans le domaine de l’éducation. Mais les résultats sont inégaux selon les pays. D’un point de vue général, le continent africain n’a pas atteint les objectifs du Millenium Development Goal, même si l’Afrique est le continent qui a le plus investi dans l’éducation. Il faut dire que nous avons débuté à un très bas niveau. L’Afrique a encore beaucoup d’investissements à faire dans l’éducation. Nous devons investir dans la formation des enseignants, ce qui est la priorité. Il faut aussi revoir le curriculum. L’éducation doit être inclusive, équitable et de bonne qualité. L’Afrique doit changer la manière d’éduquer. Il faut des innovations dans le domaine de l’éducation pour que les étudiants aient envie d’apprendre. Les méthodes doivent changer. Il y a aussi un grand challenge en Afrique concernant l’éducation des filles… Il faut accroître la transition du primaire au secondaire pour les filles. Il faut les retenir dans le système éducatif, du moins au secondaire. C’est le minimum à faire. Une partie de mon récent travail a été d’établir une stratégie pour retenir les filles dans le système éducatif, du moins jusqu’au secondaire. Vous avez lancé l’African Leadership College à Maurice. Madiba aimait beaucoup Maurice. Que pouvez dire de son affection pour notre pays ? C’est toujours difficile. Cela fait trois ans qu’il nous a quittés, c’est toujours difficile de parler de lui. Tout le monde sait que Madiba était un passionné d’éducation. Il en parlait tout le temps. Madiba avait une relation avec le pays en tant que chef d’État, mais il a appris à aimer Maurice lorsqu’il a pris sa retraite. Il y venait en privé pour se reposer. Une partie de son esprit flotte en quelque sorte à Maurice, dans des lieux qu’il a visités. Je peux dire qu’il est toujours avec vous.