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Grande question des opérateurs économiques : y a-t-il un gel officieux de l'importation de la main-d'oeuvre bangladaise ?

Selon certains opérateurs, les Bangladais sont des ouvriers très productifs.
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Malgré la reprise des activités, certains secteurs ont toujours des difficultés à opérer, en raison du manque de main-d’œuvre. Avec la réouverture des frontières, le ministère du Travail permet aux employeurs d’embaucher des ouvriers étrangers. Mais il se montre réticent pour les Bangladais, selon des opérateurs. 

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Ahmed Parkar, CEO du Star Knitwear Group.

Les industriels reçoivent de nouvelles commandes et le manque de main-d’œuvre se fait sentir dans les usines de Star Knitwear Group. « Au total, il faut compter 1 400 employés qui travaillent pour la compagnie. Parmi, il y a 300 Indiens, 150 Sri Lankais et 143 Bangladais », indique son CEO Ahmed Parkar.

Il soutient que les Bangladais ont été employés localement. En effet, ces derniers avaient perdu leur emploi après la fermeture de plusieurs usines en raison de la pandémie. « Depuis la réouverture des frontières, nous avons fait une demande pour embaucher 100 travailleurs étrangers de plus. Nous privilégions les Bangladais », explique l’industriel.

Il dit attendre une réponse positive du ministère du Travail dans les plus brefs délais.

Un opérateur dans le textile ne cache pas son inquiétude concernant l’avenir de son entreprise. « Depuis la reprise des activités, j’ai reçu de nouvelles commandes. Cependant, en raison du manque de main-d’œuvre, j’ai dû les refuser », déplore-t-il. Il compte actuellement une dizaine d’employés dans son entreprise : quatre Bangladais et le reste des Mauriciens. 

Dans le textile, les Bangladais sont considérés comme les meilleurs.»

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Deepak Doolooa, directeur de RD Construction. 

« Avant la réouverture des frontières, j’ai fait une demande pour faire venir dix bangladais. À ce jour mon dossier est toujours dans les tiroirs du ministère du Travail. » Un autre opérateur se trouve dans la même situation. Vu que sa demande est toujours au ministère, il ne souhaite pas dévoiler son nom. « J’ai envoyé ma ‘Letter of Intent’ depuis cinq mois pour avoir des travailleurs étrangers. Mais je suis toujours en attente de l’autorisation », déplore-t-il. 

Le besoin d’employer des Bangladais est aussi constaté dans le secteur de la construction. Deepak Doolooa, directeur de RD Construction qui emploie déjà une dizaine d’ouvriers bangladais a fait une demande pour importer trois Bangladais additionnels. « Depuis des mois, j’attends l’autorisation du ministère du Travail. »

Productivité 

Selon Ahmed Parker, les Bangladais sont beaucoup plus productifs que les travailleurs d’autres nationalités. « Depuis que nous avions employé les Bangladais, nous avons constaté une progression énorme dans la production. La qualité de leur travail est exemplaire. Personnellement, je suis très satisfait de la façon dont ils travaillent », affirme le CEO de Star Knitwear Group.

Même son de cloche des autres opérateurs. « Dans le secteur du textile, les Bangladais sont les meilleurs ouvriers », insistent-ils. 

Pourquoi pas les Népalais, les Malgaches et les Sri Lankais ?

Selon les petits opérateurs du textile, leurs demandes pour importer les Bangladais sont rejetées par le ministère du Travail. En revanche, l’importation des travailleurs népalais, malgaches et sri lankais est recommandée. Cependant, ces options n’intéressent pas les employeurs. « D’abord, ces travailleurs n’ont pas d’expérience et de connaissance dans le textile comme les Bangladais. D’autre part, ce sera compliqué de laisser vivre ces travailleurs de différentes cultures dans le même dortoir », explique un opérateur. Par exemple, les Bangladais n’accepteront pas d’habiter avec les Malgaches en raison de leur alimentation. « Nous avons du mal pour sortir de la crise et nous ne pouvons pas construire d’autres dortoirs. » 

Nasser Moraby abonde dans le même sens. « Les Népalais, Malgaches et Sri Lankais n’ont pas les compétences pour travailler dans le secteur de la boulangerie », estime-t-il. 

En outre, selon lui, les Bangladais qui travaillent déjà ne vont pas s’adapter facilement avec d’autres nationalités. « Alors qu’ils devraient former les nouveaux arrivés, ils préféreraient garder leur distance. On a déjà vécu cette situation dans le passé », relate-t-il.

Ministère du Travail : « Les demandes pour les Bangladais sont toujours considérées » 

Le ministère du Travail met les points sur les i. « Les demandes pour importer des travailleurs bangladais sont toujours considérées », précise-t-on. En effet, à aucun moment le ministère n’a indiqué que les requêtes pour l’importation des Bangladais seront rejetées. « Cependant, le gouvernement encourage les employeurs à diversifier leurs sources à des fins d’efficacité », soutient-on. En raison de clauses de confidentialité, le ministère du Travail n’est pas en mesure de dévoiler le nombre de demandes reçues pour les Bangladais cette année. 

On nous a aussi fait comprendre que le ministère du Travail ne fait pas de recommandations concernant l’importation des travailleurs étrangers. « Les employeurs choisissent les pays d’origine et cela dépend de la disponibilité et du coût de la main-d’œuvre », dit-on. 

Nombre de ‘Work Permit’ émis aux travailleurs étrangers (Top 5)

Année Bangladais  Indiens  Malgache Chinois Sri Lankais  Total 
2012 14 825 8 772 3 297 4 607 1 746 33 247
2013 18 649 8 927 3 603 4 340 1 863 37 382
2014 21 001 7 822 3 574 3 189 1 620 37 206
2015 20 197 7 533 3 464 2 716 1 532 35 442
2016 21 157 8 207 3 868 2 345 1 523 37 100
2017 23 263 8 367 4 110 2 213 1 375 39 328
2018 24 308 9 752 4 425 1 972 1 153 41 610
2019 25 380 10 127 4 275 1 653 1 097 42 532
2020 18 919 12 941 3 258 2 374 914 38 406
2021 16 085 5 728 2 659 343 459 25 274
Source : ministère du Travail.        

 

Nasser Moraby, président de l’association des propriétaires des boulangeries : «Les Mauriciens n’auraient pas de pains sans les Bangladais»

nasserSelon Nasser Moraby, président de l’association des propriétaires des boulangeries, son secteur dépend à presque 100 % des Bangladais pour son fonctionnement. Il indique que quelque 2 000 Bangladais travaillent dans les 150 boulangeries à travers l’île, sans compter les grandes surfaces. « C’est un fait. Les Mauriciens n’auraient pas de pain à consommer sans les travailleurs bangladais. Ils ont les connaissances requises dans ce métier », dit-il. 

« Le secteur de la boulangerie fait actuellement face à un gros problème de manque de main-d’œuvre. » Il fait ressortir que de nombreux boulangers ont adressé des demandes pour importer des travailleurs bangladais, depuis la réouverture des frontières. « Personnellement, j’ai fait une demande pour une dizaine de Bangladais. Je suis dans l’attente d’une réponse auprès du ministère du Travail », dit Nasser Moraby.

 

 

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