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Hécatombe routière : 36 jeunes de moins de 25 ans décédés sur nos routes depuis janvier

L’éducation, le respect des règles de conduite, une meilleure infrastructure routière et une surveillance accrue sont des éléments essentiels pour assurer la sécurité de nos jeunes sur les routes.

La route a été le théâtre de la disparition prématurée de 36 jeunes de moins de 25 ans depuis le début de l’année. Le dernier cas remonte à mercredi. Un motocycliste de 19 ans a été tué après avoir percuté un pylône contenant des caméras du projet Safe city.

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Le bilan, aussi déchirant que préoccupant, témoigne d’une réalité alarmante. Les routes, censées être des voies de mobilité, se transforment en lieux de tragédie pour une génération qui devrait être à la lisière de la vie. Le Défi Plus est en présence d’informations selon lesquelles quatre jeunes âgés de moins de 15 ans sont décédés sur nos routes depuis le début de l’année. 32 autres, se trouvant dans la tranche d’âge allant de 16 à 25 ans, ont également perdu la vie lors d’un accident de la route survenu dans le courant de l’année. Ce qui ramène le nombre de décès à 36.

Entre 23 heures et six heures

Des sources policières avancent, sous le couvert de l’anonymat, que la majorité des accidents fatals surviennent entre 23 heures et six heures du matin. « Les responsabilités sont partagées entre les automobilistes et les ingénieurs en charge des infrastructures. Il est évident que la plupart des accidents se produisent en soirée. D’ailleurs, c’est uniquement pendant la nuit que certains conducteurs considèrent la route comme une piste de rallye ! Vous savez, la vitesse excessive est souvent un facteur clé dans ces scénarios complexes. 

Bien que les automobilistes puissent être en faute s’ils roulent à une vitesse excessive, les ingénieurs ne sont pas exempts de responsabilité dans la conception des routes. La situation est d’autant plus préoccupante la nuit, de 23 heures à six heures du matin », fait-on comprendre.

Fiction et réalité

Au niveau de la Traffic branch de la force policière, on indique qu’il « est crucial de sensibiliser la population sur les dangers de la vitesse excessive, un élément qui amplifie l’impact des accidents ». « Plusieurs jeunes ont été victimes d’accidents mortels, en grande partie dus à leur fascination pour les jeux vidéo et le drift. Leur incapacité à distinguer la fiction de la réalité les pousse à reproduire dans la vie réelle ce qu’ils voient dans les mondes virtuels. Ils croient qu’ils sont invincibles et qu’ils ont plusieurs vies. Mais tel n’est pas le cas », déplore-t-on. Les circonstances entourant ces tragédies sont variées, mais une constante demeure : la nécessité d'avoir un examen approfondi des politiques de sécurité routière.

Le concept des trois ‘E’

Nando Bodha met en avant la nécessité de réintroduire une approche scientifique de l’accidentologie et de reconnaître la dangerosité des routes. Selon l’ancien ministre des Infrastructures routières, la sécurité routière repose sur deux piliers essentiels : la compréhension scientifique de l’accidentologie et l’évaluation de la dangerosité des routes. « La route présente un élément de dangerosité, en particulier en ce qui concerne ses courbes, ses dimensions et la nature de l’asphalte », déclare-t-il. Pour lui, il est impératif de « réintroduire la notion scientifique de l’accident pour revoir de manière globale tous les aspects de la sécurité routière ».

En 2017, souvenez-vous, le gouvernement d’alors avait signé une chartre visant à faire chuter le taux d’accidents de la route. L’accent était mis sur les trois ‘E’ (à savoir Enforcement, Engineering et Education) ainsi que l’aspect éducatif, avec des cours dispensés en milieu scolaire pour sensibiliser et éduquer les enfants. La campagne a-t-elle produit les résultats escomptés ? « Oui. Le taux d’accidents de la route a pu être réduit pendant une année », fait ressortir Nando Bodha. 

L'expert en sécurité routière, Barlen Munusami, déplore « l'irresponsabilité, le manque d’expérience et l’immaturité » des jeunes conducteurs. « C’est un fait. L’expérience vient avec la pratique. Les personnes qui viennent de recevoir leurs permis de conduire font preuve d’un excès de zèle incroyable. Nous avons l’impression qu’ils veulent s’exhiber sur les routes. Cependant, la conduite nécessite de nombreuses prises de décisions, une véritable courtoisie et surtout le respect des règles liées au code de la route », souligne Barlen Munusami. Selon l’expert en sécurité routière, « le comportement des jeunes est caractérisé par les défis à l’autorité ». En sus de cela, précise-t-il, ils manquent de « compétences de conduite ».

Mode de communication

Manoj Rajcoomar, secrétaire de la Driving School Instructors Federation (DSIF), souligne que « les jeunes ne sont pas connectés à la réalité et à l’information ». « Ils utilisent leurs téléphones portables tout en conduisant ou en traversant la route et ne sont pas conscients des accidents et de la mortalité. Malgré les campagnes de sensibilisation, les accidents de la route continuent de croître. Nous constatons qu’il y a de plus en plus de motocyclistes qui perdent la vie sur nos routes. C’est une question purement physique. L’impact causé par l’accident exerce une pression énorme sur le corps, et en plus de cela, ceux à moto ne portent pas de ceinture. Le coup porté est d’une rare violence et c’est la raison pour laquelle nous constatons que des corps sont projetés sur l’asphalte », explique-t-il. Selon Manoj Rajcoomar, il est impératif de dispenser des cours de conduite défensive dans plusieurs régions du pays. « Il faut aller vers la population tout en changeant le mode de communication. Nous échouons dans notre objectif actuel. La situation est généralisée, mais les motocyclistes sont les plus vulnérables », précise-t-il.

De 99 morts en 2022 à 126 pour 2023

Au niveau de la cellule de presse de la force policière, les statistiques révèlent une hausse préoccupante du nombre de décès sur nos routes depuis le début de l'année. Selon les données actuelles, 126 personnes ont perdu la vie, comparé à 99 pour la même période l'année dernière. Cette tendance inquiétante suscite des interrogations quant au comportement des usagers de la route, en particulier des automobilistes et des motocyclistes.


Le silence du ministre du Transport 

Le ministère du Transport terrestre a été sollicité mercredi et vendredi pour une déclaration dans le cadre de notre article. On nous a fait comprendre que le ministre Alan Ganoo serait « injoignable » pour une déclaration sur les accidents de la route.

 

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