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Higher School Certificate 2023 : le taux de réussite fait débat

Même s'il y a eu plusieurs autres collèges qui ont leur entrée dans la cour des grands, les collèges dits "élites" dominent toujours la course.

Cette année, le taux de réussite aux examens du Higher School Certificate (HSC) est de 84.4%. Certains affirment qu’il y a une baisse dans la performance des élèves en comparaison à celle en 2022. Toutefois, les autorités maintiennent que la comparaison doit se faire avec la cuvée de 2019, puisque Cambridge Assessment International Éducation (CAIE) a effectué la correction des épreuves comme avant la Covid-19.

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84.4%

C’est le taux de réussite obtenu aux examens du Higher School Certificate (HSC) cuvée 2023. Durant la conférence de presse du Mauritius Examinations Syndicate (MES), mercredi, la directrice Brenda Thanacoody-Soborun a insisté qu’il fallait comparer ce taux de réussite à celui de 2019. CAIE explique que lors des dernières cuvées 2021 et 2022, le critère de special consideration a été appliqué non seulement à l’île Maurice, mais aussi partout où ces examens ont lieu. À Maurice, rappelons-le, les élèves étaient confrontés aux intempéries, où certains étaient arrivés en retard dans les salles d’examens et d'autres avaient eu la Covid-19.  

Explications de CAIE

Dans une note de l’université anglaise sous le titre de Standards and grading in 2023, il est écrit:

« In 2022, the standard that we set was at the midpoint between 2019 and 2021. This meant that the grades we awarded in 2022 were more generous than those awarded in June 2019, and less generous than those awarded in June 2021.

The standard of exams in 2023 will return to the standard of exams in 2019. However, it is important to understand what we mean by this.

There are two different ways to maintain the standard from a previous year:

the first is to require the same level of performance to obtain the same grade;

the second is to make sure that comparable groups of candidates get comparable distributions of grades.

Usually, these two approaches lead to the same outcome, and it makes no difference which one we use. However, in a situation where there has been widespread disruption to learning, the second approach is more generous than the first.

To protect students against the impact of disruption to learning caused by the Covid pandemic, we will take the second (and more generous) approach to carrying forward the 2019 standard. This means we will avoid disadvantaging students who have taken exams in 2023, and who have experienced disruption to their learning. »

Le président de la United Deputy Rectors and Rectors Union, Harrish Reedoy souligne que comme prévu, le taux de réussite a diminué l’année dernière en  comparaison à 2022 en raison de l'ajustement des seuils de notes intervenu avant la pandémie. Il explique que les élèves ont reçu des notes inférieures à celles qu'ils auraient pu obtenir en 2022. « Le pourcentage de réussite dans la majorité des matières a chuté en 2023 par rapport à 2022. Selon les données publiées par le CAIE, les notes des élèves sont plus proches de celles d'avant la pandémie. Ceux qui auraient passé leurs examens en 2020 et 2021 ont décroché de meilleures notes. Ces chiffres étaient bien plus élevés que les années précédentes et semblent être gonflés au-delà de ce qui aurait été obtenu s'ils avaient passé des examens réguliers », dit-il.

Cependant, il  conçoit qu’il est difficile de déterminer exactement ce que chaque élève mérite, surtout lorsque son apprentissage est perturbé par un événement comme une pandémie mondiale. « Il faut savoir quels jeunes seront les plus touchés par la baisse des notes. Depuis longtemps, il existe des écarts de réussite importants entre les enfants défavorisés et leurs pairs plus aisés. Il est probable que ces écarts se soient creusés en 2023, car les enfants défavorisés ont été souvent absents de l’école depuis la pandémie. Ce qui est clair, c’est que les résultats de 2023 – conformes à la répartition des notes de 2019 – laisseront certainement plus d’élèves déçus que les deux années précédentes, où les résultats avaient été gonflés au-delà des attentes normales », indique-t-il.

Pour sa part, le Dr Om Varma, pédagogue et sociologue, fait ressortir que c'est la première fois que la barre de 80 % de réussite ait été franchie dans un temps dit « normal ». Selon lui, on ne peut pas comparer avec l'année dernière, à cause des special consideration accordés par le CAIE. Pour aller plus loin, il affirme qu’il faut également  analyser l’apport positif de la performance de ceux qui ont obtenu 5 credits au niveau du School Certificate (SC) à ces examens. 

« On a peut-être tendance à tout accommoder pour satisfaire la masse, alors qu’on a aussi le devoir de chercher que la population entière fasse plus d'effort. Nous avons besoin d’avoir une masse de personnes avec des compétences plus poussées pour pouvoir franchir une nouvelle étape de compétition au niveau mondial. Il y avait l'idée de one graduate per family. Peut-être qu’on aurait dû dire one good high ability graduate per family et donner les moyens pour y arriver », dit-il. 

Selon lui, on peut y arriver en fournissant des outils plus performants, comme des espaces pédagogiques qui inspirent les apprenants, des laboratoires avec des moyens plus sophistiqués, des cours qui permettent des échanges et des partenariats avec le monde du travail. Le Dr Om Varma soutient que tout cela « devrait se faire dans un état d'esprit de partage, un dévouement pour la patrie et le respect des valeurs humaines ».

De son côté, Soondress Sawmynaden pédagogue et ancien recteur souligne que la performance de cette cuvée était attendue. « Les élèves ont eu plus de temps pour se préparer, soit six mois de plus et c’est une cuvée qui a vu la performance des élèves ayant obtenu 5 credits aux examens du SC ». Il estime qu’il est temps d’étudier les résultats en profondeur. « Nous devons nous pencher sur la qualité des résultats et non la quantité. L’objectif des autorités devrait être d’améliorer la qualité. Il faut ainsi redoubler d’efforts pour que davantage d’élèves puissent réussir  », explique-t-il.

Il considère que cette analyse permettra de déterminer si les enfants ayant échoué avaient obtenu les cinq credits requis, mais dans la limite des points (« borderline »). Cela donnera aussi l'occasion de déterminer, selon lui, si le critère de 5 credits est nécessaire ou pas pour passer en HSC. 

La qualité de l’enseignement dispensé dans les établissements catholiques 

hsc

Dr. Gilberte Chung, directrice du Service Diocésain de l'Éducation Catholique (SeDEC), félicite les lauréats de la cuvée 2023. « Votre succès est le fruit de nombreuses années de travail acharné et de persévérance.  Il représente également la qualité de l’enseignement dispensé dans nos établissements catholiques », dit-elle. 

Elle a également une pensée pour tous ceux qui « sans être lauréats, ont obtenu d’excellents résultats. Votre travail et votre persévérance sont tout aussi louables. Continuez sur cette belle lancée. Aucun élève ne réussit seul. Derrière chaque parcours scolaire fructueux se cachent l’engagement et le dévouement de nombreuses personnes : enseignants, personnel éducatif et de soutien, parents… ».

HSC  PROFESSIONAL

Keats College et le collège Lorette de Mahébourg à l’honneur

Tout comme l’année dernière, parmi les 49 lauréats, il y a deux bourses qui sont allouées à deux élèves du HSC Professional. Cette année, ils sont Siddhish Jogiah du Keats College et Nolwenn Lagaillarde du collège Lorette de Mahébourg. 

Le HSC PRO a été lancé en 2015 et ce n’est que l’année dernière que les premières bourses ont été allouées à une fille et à un garçon qui ont opté pour cette filière. Il s’agit d’une qualification alternative au HSC traditionnel. Elle offre un parcours différent aux étudiants qui, après leur School Certificate, recherchent une formation plus adaptée au monde du travail. Grâce à cette bourse, ils auront l’opportunité de poursuivre leurs études, soit à Maurice ou à l’étranger.

Siddhish Jogiah est le premier lauréat HSC Pro du collège Keats. Cet habitant de Chemin-Grenier confie qu’il a fait beaucoup d’effort pour atteindre son objectif. Il remercie ses parents, ses enseignants pour leur aide, leur encadrement qui lui a permis de réussir. Ce lauréat explique qu’il fréquentait le Floréal SSS jusqu’à son School Certificate (SC) où il avait obtenu 4 credits. Puis, il s’est dirigé vers le Keats College où il a étudié et a obtenu 5 credits. Par la suite, il a choisi la filière du HSC Pro et aujourd’hui, il fait partie des lauréats de la cuvée 2023. 

La première lauréate pour le collège Lorette de Mahébourg est Nolwenn Lagaillarde. Cette habitante de Bambous-Virieux, qui s’intéresse aux langues étrangères comme l’espagnol, compte travailler tout en étudiant. 

hsc

Professeur  Lucien Finette : « HSC Pro : programme plus rigoureux mais plus accessible  »

L’ancien directeur du Mauritius Examinations Syndicate (MES), le Professeur  Lucien Finette se dit heureux des avancées du HSC Pro. «  Je persiste à croire que ce programme est fait sur mesure pour les Mauriciens et répond aux problèmes de la crise actuelle de l'éducation nationale. Si seulement j'avais eu le temps de développer ce programme… Le paradoxe du HSC Pro est qu'il s'agit d'un programme plus rigoureux que le HSC régulier et en même temps plus accessible. Keats collège en a fait la démonstration. Je suis tellement heureux que les élèves aient persévéré. Ce programme contient beaucoup d'autres volets qui sont autant de réponses aux problèmes que l'éducation traverse actuellement », indique-t-il.

Il confie qu'il a fallu plus de six ans de travail pour mettre en place ce programme, avec la collaboration de l'université de Cambridge. « J'avais conçu ce programme à l'époque où on parlait beaucoup de ‘mismatch’ entre l'école et le monde du travail.  Je constatais aussi que les jeunes adoraient l'école ailleurs, alors qu'à Maurice la HSC exerçait une pression apte à donner le dégoût aux étudiants sans compter l'énorme injustice qui en découle », explique notre interlocuteur. Ce dernier est d’avis que le HSC est complètement dépassé et ne convient pas à un concours. « Il est possible de contester les résultats de ce concours qui ne respectent pas les critères objectifs d'un tel examen », fait-il remarquer.

hsc

 

 

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