Huit morts sur nos routes en une semaine : un lourd tribut

Ils s’appelaient Jhanvi, Umair, Mujahid, Zubair, Ritchie, Sawan, Satyendra et Michel… Ils avaient entre 7 et 83 ans et ont tous connu le même destin tragique. Tous sont morts dans des accidents de la route durant la semaine écoulée. Leurs proches tentent de mettre des mots sur leur souffrance.

Victime d’un accident le 27 mai : Ritchie allait être papa le mois prochain

Après le départ tragique de Ritchie Madelon, âgé de 29 ans, Tracy (18 ans) est  dévastée. Le jeune homme est décédé le 3 juin, une semaine après avoir percuté des parapets sur le Pont Lataniers, à Sainte-Croix. Tracy n’arrive pas à envisager l’avenir sans celui qui faisait son bonheur. Il y a quelques jours encore, le couple était sur un petit nuage, préparant l’arrivée de leur premier enfant.

« Tous les soirs, avant de se coucher, Ritchie caressait mon ventre. Il voulait sentir le bébé bouger. Je dois accoucher le mois prochain et Ritchie ne sera pas là pour connaître le bonheur d’être papa. Mon bébé est devenu orphelin de père le jour de la fête de pères », dit Tracy.

À Bell Village : Zubair fauché par un chauffeur ivre

Zubair Meeajan, âgé de 21 ans, a été percuté par un conducteur ivre à Bell Village, le lundi 4 juin. Le chauffard avait 128 micro-grammes d’alcool dans son haleine.  Ce dernier, qui a été arrêté par la police, dit avoir consommé des boissons alcoolisées la veille, soit le jour de son anniversaire. Il est en liberté conditionnelle.

Hassen, le père de Zubair est effondré. « Mo garson pou mank mwa… Mo bien tris parski mo finn perdi enn perl dan mo fami. Se enn gran soufrans. J’ai perdu un fils exemplaire à cause d’un chauffeur ivre. »

Zubair Meeajan comptait se marier l’année prochaine. « Il attendait ce mariage avec impatience et avait déjà tout prévu. Il était un jeune homme très responsable et pieux. Il était en carême et se préparait pour l’Eid ul-Fitr, mais Dieu a eu besoin de lui. Je demande à Dieu de nous donner du courage afin de surmonter cette difficile épreuve », dit Hassen.

Jhanvi meurt sous les roues d’un camion - Le père : «Ma femme n’est pas à blâmer…»

Jhanvi n’avait que sept ans. Elle a été tuée, écrasée par un poids lourd, mercredi, à la rue Brabant, Port-Louis. La petite qui fréquentait l’école de La Salle, faisait le bonheur de ses parents Avinash et Prema Chummun. Le jour du drame, elle revenait de l’école à moto avec sa maman.

Le monde d’Avinash et de Prema a basculé. Non seulement ils tentent de surmonter la terrible épreuve de perdre leur fille unique, ils sont aussi confrontés aux critiques. D’où l’appel du père de Jhnavi. « Les mauvaises langues soutiennent que mon épouse est responsable de ce qui nous est arrivé. Pensez-vous qu’une maman mettrait son enfant en danger ? J’essaie de la réconforter. Mo nepli kone ki mo pou dir li. Elle ne fait que pleurer. Je demande aux gens, surtout à ceux qui font des commentaires sur les réseaux sociaux de respecter notre deuil. Vos propos ne peuvent que la blesser davantage. Prema est traumatisée et ne cesse de répéter : Pran mwesi ale », dit Avinash.

Jhanvi était le rayon de soleil du couple Chummun. « Elle était une fille tellement joviale, elle avait le sourire facile. Son départ, c’est comme si on avait arraché une partie de moi. Elle était tout pour mon épouse. Elle faisait notre bonheur. Jhanvi ena telman zouzou ki mo kapav ouver enn magazin », dit-il.

L’aide-chauffeur : «Mo latet fatige»

C’est lui qui a crié au chauffeur de stopper le poids lourd. « Monn trouv enn motosiklet a kote larou, monn dir li arete an plas », relate Kamlesh C.

Depuis, il ne peut sortir ces images de sa tête. Cet aide-chauffeur était dans la cabine du camion-conteneur impliqué dans l’accident. Le poids lourd, conduit par Sudish J., âgé de 59 ans, avait quitté la zone portuaire et se dirigeait vers Grande-Rivière Nord-Ouest quand le drame s’est produit. 

Avant l’accident, l’aide-chauffeur se souvient avoir vu le scooter piloté par Prema Chummun aux abords du magasin Kalachand, à la rue Brabant. Quand il l’a revu, le deux-roues était sur l’asphalte. « Kouma monn ouver laport, monn trouv disan, mo pann kapav gete… Mo latet fatige » relate-t-il.

Cela fait 18 mois que Kamlesh C. est aide-chauffeur. Pour lui, ce métier ne se résume pas à embarquer ou débarquer les marchandises. « Je garde un œil particulier sur les deux-roues quand nous circulons. Ils se collent trop souvent au camion. Quand je vois une moto qui s’approche de la remorque, je préviens le chauffeur. Certains motocyclistes ne sont pas vigilants », déplore Kamlesh C.

Deux jeunes tués en allant rompre le jeûne - La grand-mère de Mujahid Peerbaccus : «Il avait préparé les gâteaux pour l’iftaar»

À la vie, à la mort… Inséparables, Mujahid Peerbaccus (20 ans), habitant Terre-Rouge, et Umair Goolfee (19 ans), habitant Plaine-Verte, ont été mortellement renversés par un autobus à Sainte-Croix, lundi après-midi. Les funérailles des deux jeunes ont eu lieu le mardi le 5 mai.

Deux familles pleurent la disparition tragique de leurs proches. Chez les Peerbaccus à Military Road, Terre-Rouge, il règne une atmosphère pesante. La grand-mère maternelle de Mujahid, 62 ans, dit vivre un cauchemar : « Après le décès de ma fille, Mujahid est venu vivre chez moi. Je me suis occupée de lui. Il était un enfant très pieux et obéissant. Le jour de l’accident, il avait préparé des gâteaux pour l’iftaar. Il se rendait chez son ami Umair pour rompre le jeûne, mais le destin en a décidé autrement. »

La sexagénaire dit encore ressentir la présence de son petit-fils dans la maison. « Mujahid et Umair étaient inséparables et ils l’ont été jusque dans la mort », soupire-t-elle.

À Plaine-Verte, la même tristesse anime les proches d’Umair Goolfee. « Il était mon confident. J’ai du mal à croire qu’Umair nous a quittés. Ses parents sont très affectés. Je demande à Dieu de nous donner du courage », dit un cousin de la victime.

Quant à Shariff G., le chauffeur du bus impliqué dans l’accident, il a donné sa version des faits à la police. « Mo ti pe rant dan sime pou al Cité La Cure kan motosiklet la inn vinn anba mo larou. Mo pa ti pe travers dan rouz », explique-t-il. Il a été placé en détention et a comparu devant le tribunal de Port-Louis mardi sous une accusation provisoire d’homicide involontaire.

Sawan Malloo meurt trois jours après un accident - Sa fille Manisha : «Nous avons perdu notre pilier»

La famille Malloo, à La Rosa, est bouleversée par le décès tragique de Sawan (56 ans). Il a rendu l’âme, le mardi 5 mai. Le quinquagénaire a été percuté par une motocyclette, le 2 juin, à New Grove, alors qu’il se rendait à la boutique pour jouer au loto pour un ami.

Sawan laisse derrière lui une veuve et trois enfants. Manisha (27 ans) est accablée « Mon père était le pilier de la famille. Il a tout fait pour nous. Il était toujours de bon conseil. Ma mère ne cesse de pleurer. Zot ti touletan ansam », dit-elle.

À Saint-Pierre - Satyendra décède sur le coup

Satyendra Tatayah, 67 ans et habitant Saint-Pierre, a été renversé par un van au Traffic Centre de la localité lundi soir. Il n’a pas survécu à ses blessures. Sa sœur Kamla, 70 ans, raconte que son frère était célibataire. « Satyendra avait un penchant pour la bouteille, mais c’était un homme tranquille. Il passait son temps avec ses amis », dit-elle.

Le chauffeur du van a expliqué à la police que Satyendra a traversé la rue subitement. Il répond d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. Il a fourni une caution pour retrouver la liberté.

À Belle-Rive : cinq blessés après une sortie de route

Un accident est survenu samedi après-midi sur la route principale à Belle-Rive. Un 4x4 a manqué un virage et a fini sa course dans le caniveau. Les cinq occupants du véhicule ont été conduits à l’hôpital. L’état d’un des blessés est jugé critique. La version des passagers est attendue afin de faire la lumière sur les circonstances de l’accident.