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Il y a six décennies : abandonnée à la Cathédrale, elle est recueillie par un prêtre et élevée par les sœurs

Sylvie à droite compte sur l'aide de sa belle-fille pour des démarches qui s'éternisent.

On est en 1967 et les religieuses d’un couvent à Port-Louis sont étonnées de voir le prêtre de la paroisse arriver avec un nourrisson dans les bras. Ce bébé a été découvert abandonné dans un coin de l’église par le prêtre. C’était les pleurs du bébé qui avaient attiré l’attention du prêtre. Il s’agit de Marie Sylvie Moutou, la femme qui est présentement engagée dans une bataille juridique avec les autorités afin d’obtenir sa pension veuvage qui a été gelée. Sa belle-fille a plaidé en sa faveur tout récemment à l’antenne de Radio Plus.  

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La vie de Marie Sylvie a commencé lorsque sa mère s’est débarrassée d’elle trois jours seulement après sa naissance et en la déposant dans un coin de la Cathédrale St Louis à Port-Louis. 

Marie Sylvie, qui est de nouveau dans la tourmente, a accepté de nous raconter sa vie au couvent. 

« Je ne me souviens pas de mes premières années passées auprès des sœurs, mais je sais qu’on a pris bien soin de moi. Je n’ai manqué de rien et le prêtre qui m’a recueillie m’a donnée beaucoup d’affection. Je l’appelais papy. J’ai d’ailleurs grandi avec le sentiment qu’il était vraiment mon père. »

La confession du prêtre

« Puis, quand j’ai terminé mes classes primaires pour faire mon entrée au collège, le prêtre m’a dit qu’il avait à me parler, car il fallait que je sois mise au courant de certaines choses me concernant. Il m’a alors expliquée qu’il n’était pas mon père biologique et il m’a ensuite racontée les circonstances dans lesquelles il m’a trouvée, récupérée et placée au couvent. Après l’avoir écouté, j’étais troublée. Le prêtre a aussi ajouté que je pouvais continuer à l’appeler Papy. Il a toujours été présent pour moi et il venait me voir régulièrement. »

Frustrée de n’avoir pas connu ses parents, j’étais devenue bagarreuse"

Les années ont passé et le prêtre a été transféré dans un village éloigné de la capitale pour continuer à exercer son ministère. « J’ai voulu avoir de ses nouvelles, j’ai interrogé la sacristine qui m’a annoncée qu’il était décédé. Cette nouvelle m’a plongée dans une profonde tristesse et j’ai beaucoup regretté de n’avoir pas pu le voir une dernière fois avant sa mort et de n’avoir pas pu assister à son enterrement. » 

Cependant, j’ai continué à poursuivre mes études. « La vie au couvent était très rude et il y avait des règles strictes à respecter. Les sœurs étaient là pour s’assurer qu’elles le soient, mais c’était pour notre bien. » Une des règles les plus strictes à respecter au couvent, c’était de rentrer aussitôt après les heures de classe. 

« Frustrée de n’avoir pas connu mes parents, j’étais devenue bagarreuse. Mais la vie au couvent m’a apportée de bonnes choses et je dois remercier les religieuses pour leur enseignement. »

Au couvent, il y a une autre règle de rigueur à respecter : à sa majorité, on doit partir, se trouver un travail et assumer son indépendance. Pour les filles, cela équivaut à accepter un prétendant au mariage et on n’avait pas le droit de refuser. « C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Christian Moutou, celui qui allait devenir mon mari. Il travaillait dans le port où il débarquait les marchandises et il était beaucoup plus âgé que moi. J’avais 23 ans et lui 55 ans lorsque nous nous sommes mariés le 10 février 1979.  Il a su me rendre heureuse et son décès le 2 septembre 2006 a été une grande perte. De notre union sont nés deux garçons. Maintenant, j’ai deux adorables petits-enfants, un garçon et une fille. Ils sont encore jeunes et il y a quelques années, ils ont perdu leur mère. » 

Depuis ce décès, c’est Marie Sylvie qui s’occupe de ses petits-enfants. Elle mène un incessant combat pour les faire oublier leur mère, mais c’est si dur, surtout lorsque la photographie de la défunte, emportée à la fleur de l’âge, est toujours en évidence dans la modeste demeure de Marie Sylvie à rue Lavocaire, Ste-Croix. 

 

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