Live News

Incivilités des collégiens sur la voie publique : plaidoyer pour l’introduction d’un programme sur mesure 

Un programme national pour venir en aide aux collégiens à problèmes est proposé.
Publicité

Les cas d’incivisme impliquant des collégiens sur la voie publique ne cessent de s’accroître. Deux vidéos, l’une montrant une bagarre entre collégiens et l’autre un collégien en train d’être agressé par des policiers, ont fait le tour de la Toile en début de semaine. Basheer Taleb, le président de la Federation of Union of Managers, propose la création d’une unité spéciale pour encadrer les jeunes qui font des bêtises sur la voie publique. L’ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, souligne qu’il faut établir un programme taillé sur mesure pour chaque enfant à problèmes. La brigade pour la protection de la famille exhorte aux parents d’assumer leurs rôles.

L’incivilité parmi des collégiens dans des lieux publics, surtout sur des gares routières, avance Basher Taleb, ne date pas de la dernière pluie. La police, déplore-t-il, n’a hélas pas fait grand-chose afin de freiner cette dégradation des mœurs. « Ce n’est que maintenant que les forces de l’ordre sont en train d’agir. Mais attention, elles ne sont pas autorisées à user de la violence physique afin de ramener l’ordre », martèle Basher Taleb. 

Je suis d’avis, poursuit notre intervenant, qu’un programme spécial doit être introduit afin d’aider les collégiens qui sont mêlés dans des actes d’incivilités. « La brigade des mineurs est un corps préventif. Le mieux serait de créer une unité spéciale, pourvue de professionnels dans le domaine de ‘counselling’ et autres psychologues, dont le but serait de favoriser une approche pédagogique envers ces enfants et adolescents à problèmes. Dans la pratique, au moindre écart de conduite dans un lieu public, le cas doit être immédiatement référé au sein de cette unité », poursuit Basher Taleb.

Évaluation du comportement

Le président de la Federation of Union of Managers souligne qu’un plan de travail doit impérativement être élaboré afin de régler le problème à la source. « Et si le besoin se fait sentir, les responsables des établissements scolaires doivent collaborer afin de ramener ces élèves à problèmes sur le droit chemin. Mais c’est hors de question de rester les bras croisés devant une telle situation », martèle-t-il.
Rita Venkatasawmy, l’Ombudsperson for Children, est d’avis qu’il faut d’abord « comprendre le pourquoi de ces comportements avant de porter des jugements de valeur sur ces jeunes ». Elle plaide pour un ‘assessment’ du comportement des enfants qui se retrouvent mêlés à des actes d’incivilités. « Ce genre d’évaluation qui doit être effectué au cas par cas est plus que nécessaire », soutient Rita Venkatasawmy.

Des actes d’incivilité dans des lieux publics.
Des actes d’incivilité dans des lieux publics.

Programme taillé sur mesure

« Il y a un bon nombre d’enfants qui grandissent dans des familles instables ou encore dans des centres de réhabilitation (RYC). Nos études démontrent que c’est cette catégorie d’enfants qui démontre des troubles de comportement dans le sens qu’ils veulent à tout prix être le centre d’attraction. Ces enfants ont grand besoin d’être encadrés par de vrais professionnels. Autrement dit, il faut revoir les encadrements qui sont en train d’être dispensés aux enfants qui sont dans le rouge », propose l’Ombusperson for Children. 

Rita Venkatasawmy est aussi d’avis qu’il faut implémenter un programme d’encadrement taillé sur mesure pour ces élèves à problèmes. « Il faut également introduire une politique nationale, qui gravite autour d’une approche thérapeutique, pour résoudre cette situation. La punition ne solutionnera pas ce problème », est-elle d’avis.

Entre deux et quatre cas rapportés 

La brigade pour la protection des mineurs souligne que l’incivilité parmi les jeunes est un « fléau mondial ». « Il semblerait qu’à Maurice, les jeunes ne connaissent pas leurs responsabilités. Il doit forcément y avoir une faille quelque part. À qui la faute ? Les parents ou les établissements scolaires ? » demande-t-on. C’est la raison pour laquelle, poursuit la brigade pour la protection de la famille, les sessions de ‘moral values’ sont très importantes. 

« Nos enquêtes démontrent que la majeure partie des cas de rébellion et d’incivilités commencent à l’école et se terminent sur la place publique comme les gares routières ou dans les autobus, entre autres. Les incidents qui se déroulent au sein des établissements scolaires ne sont pas rapportés par la direction », fait-on remarquer. 

Selon la brigade pour la protection de la famille, entre deux et quatre cas d’incivilités et de rébellion impliquant collégiens-forces de l’ordre/ collégiens-collégiens sont officiellement enregistrés par mois. Mais les éléments de la brigade sont conscients qu’un bon nombre de cas ne sont pas rapportés.

Le rôle des parents remis en question

« Au sein de la brigade pour la protection de la famille, nous menons des campagnes de sensibilisation ainsi que des causeries dans les divers établissements scolaires à travers le pays. Mais les parents ont leurs rôles à jouer dans le sens qu’ils doivent inculquer de bonnes valeurs à leurs progénitures », fait-on remarquer. 

Les officiers de police ont-ils le droit d’user de la force physique afin de ramener l’ordre dans des cas d’incivilités ou encore de provocation ? « Aucun officier de police n’a le droit d’user de la violence, qu’elle soit verbale ou physique, dans ce genre de situation. La force doit être proportionnée », termine la brigade pour la protection des mineurs.

Rita Venkatasawmy : « Je condamne l’agressivité des collégiens mais… »

L’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, est catégorique. « Je condamne l’agressivité des collégiens, mais il faut quand même voir les causes profondes du problème afin d’y apporter des solutions », déclare-t-elle. Notre intervenante souligne par ailleurs que « la société est en train d’évoluer et un enfant reste vulnérable ». 
« C’est la raison pour laquelle l’encadrement est primordial. Il faut implémenter des mesures afin de permettre à l’enfant d’évoluer. Tout commence par un ‘Assessment’ de la situation. Les conseillers doivent entrer en jeu par la suite. Ces derniers doivent mener un travail d’équipe afin de traiter le problème à la source », propose-t-elle.

Pascal Letang : « J’ai filmé, l’un des policiers m’a vu et a alerté ses collègues »

La vidéo, montrant Pascal Letang un collégien de 17 ans en train d’être brutalisé par des éléments de la police dans la région de Rose-Hill, a fait le tour de la Toile mardi après-midi. Il s’est rendu à l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) en compagnie de sa mère et de son homme de loi mercredi. 

« J’attendais un individu à proximité de la station du Metro Express lorsque j’ai aperçu des policiers en train de menacer un garçon avec leur matraque. J’ai filmé. L’un des policiers m’a vu. Il a alerté ses collègues. Dans le métro, quelques collégiens criaient : ‘Krapo’. ‘Bann la inn vinn ek mwa direk’. Ils m’ont agressé à coups de matraques sur ma joue gauche », a dit Pascal Letang à Téléplus à sa sortie de l’IPCC mercredi. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !