Interdiction d’importer du bétail : un propriétaire de boeufs à Rodrigues réclame des explications

L’incompréhension se lit sur le visage de Tariq Eckburally. Propriétaire de 20 bœufs à Rodrigues, cet habitant de Camp-de-Masque devait vendre ses animaux à Maurice. Mais depuis l’apparition de la fièvre aphteuse, une interdiction d’importer du bétail de Rodrigues a été décrétée. Une décision qui le pénalise financièrement.

Tariq Eckburally est soucieux. Ce propriétaire et importateur de bœufs tente depuis le mois de juillet d’importer des bêtes à Maurice. Une démarche non autorisée par le ministère de l’Agro-industrie en raison de la fièvre aphteuse qui a contaminé plus de 2 900 bêtes à Rodrigues et à Maurice. Un embargo qui affecte financièrement le business de cet habitant de Camp-de-Masque, étant donné qu’il lui est interdit de vendre ses bêtes sur le marché local.

L’éleveur s’insurge toutefois contre cette mesure de prévention décrétée par les autorités et affirme que ses bêtes sont en bonne santé. « Mes bœufs ne présentent aucun symptôme de la fièvre aphteuse. Ils sont en pleine forme », soutient-il.

Pour confirmer ses dires, il a sollicité le service vétérinaire du ministère de l’Agro-industrie. Il déplore cependant « le manque d’initiative des autorités sanitaires ». « Comment les autorités peuvent-elles montrer du doigt mes bêtes, alors qu’aucune analyse n’a été faite ? Il n’y a aucune preuve scientifique qui prouve que mes bœufs sont malades. Sur quoi se basent les responsables pour dire que tous les animaux de Rodrigues sont infectés ? » s’indigne Tariq Eckburally.

Rs 5 000 par mois

Cette situation est d’autant plus gênante pour ce père de famille qu’il dit devoir débourser Rs 5 000 par mois pour les frais d’élevage. « La main-d’œuvre me coûte Rs 3 500 et l’alimentation des bovins me revient à Rs 1 500. Le souci, c’est que je n’ai aucune autre source de revenus à part cet élevage. C’est grâce à la vente de ces animaux que je pouvais investir dans l’élevage. Mais depuis plus de quatre mois, je broie du noir. Je me suis plaint auprès du ministère concerné sans recevoir de réponse. Je ne sais d’ailleurs plus à quelle porte frapper », déclare-t-il à notre rédaction.

Le chef vétérinaire du ministère de l’Agro-industrie, le Dr Deodass Meenowa, intervenant dans l’émission d’Xplik ou K, indique que cette interdiction d’importation est une des mesures prises par le ministère pour freiner la propagation de la fièvre aphteuse. Il explique que cette décision a été prise à la suite de la contamination de 90 % des bêtes élevées à Rodrigues.

Le Dr Meenowa précise que la deuxième phase de vaccination est toujours d’actualité à Rodrigues. « Un mois après la vaccination, des examens sanguins sont effectués sur le bétail. » En ce qui concerne le cas de Tariq Eckburally, le vétérinaire affirme que des analyses seront effectuées sur les bêtes. Après ces examens obligatoires, une décision sera alors prise. « Notre objectif est d’éradiquer ce virus et éviter une autre épizootie », assure-t-il.