Faits Divers

Iqbal Toofanny à l’ASP Hector Tuyau : «Mo ena ulserr, mo vant pe extra fermal…»

Le haut gradé dit avoir conversé avec Iqbal Toofanny.

Iqbal Toofanny aurait conversé avec l’assistant-surintendant de police (ASP), Hector Tuyau, déclarant qu’il souffrait d’un ulcère avant que ce dernier ne donne des directives pour que le détenu soit transporté immédiatement à l’hôpital.

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Or, selon la poursuite, aucune trace d’ulcère n’avait été découverte lors de l’examen post-mortem d’Iqbal Toofanny. L’ASP Hector Tuyau témoignait dans le sillage du procès intenté à trois policiers entourant la mort d’Iqbal Toofanny. 

Le sergent Vikash Persand et les constables Jean François Numa et Joshan Raggoo répondent devant la cour intermédiaire d’une accusation formelle d’avoir torturé Iqbal Toofanny le 2 mars 2015. 

Initialement, ils étaient cinq policiers à être poursuivis dans cette affaire. Marie Ronny Vincent Gaiqui, qui était parmi les accusés, est décédé le 29 décembre 2019. Tandis que le constable Johny Laboudeuse est, lui, décédé le 30 janvier 2019. 

 L’audience du lundi 9 mars 2020 était marquée par l’audition des témoins de la défense. Répondant aux questions de Me Gavin Glover, Senior Counsel, l’avocat des policiers, l’ASP Hector Tuyau déclare que le sergent Vikash Persand était venu le voir au poste de police de Bambous vers 9h00 le matin du 2 mars 2015 pour qu’il signe l’accusation provisoire de « rogue and vagabond » contre Iqbal Toofanny. 

Absence d’ulcère

L’ASP Hector Tuyau soutient que le sergent lui a fait part qu’Iqbal Toofanny se plaignait d’être malade. Le haut gradé est parti voir le détenu qui lui a confirmé être malade. « Mo ena ulserr, mo vant pe extra fermal », aurait déclaré Iqbal Toofanny. Il dit avoir par la suite donné des directives au sergent Vikash Persand de conduire Iqbal Toofanny immédiatement à l’hôpital. L’ASP Hector Tuyau dit n’avoir pas signé l’accusation provisoire. 

Contre-interrogé par Me Azam Neerooa, assistant du Directeur des Poursuites Publiques, l’ASP Hector Tuyau a affirmé qu’il avait donné des instructions au sergent Vikash Persand de procéder avec un cas de « rogue and vagabond » quand ce dernier lui a informé de l’arrestation d’Iqbal Toofanny. Lors de son arrestation, Iqbal Toofanny avait été retrouvé en possession de plusieurs objets qui ont laissé la police présager qu’il allait commettre un cambriolage.  La poursuite a également confronté le témoin au fait qu’aucune trace d’ulcère n’a été relevée au cours de l’examen post-mortem d’Iqbal Toofanny. L’ASP Hector Tuyau a déclaré qu’il n’est pas au courant de ce fait.

Aucun profil d’ADN 

D’autres témoins de la défense, à savoir le Senior Forensic Scientist, Sean Rishi Sohun, et le graphologue Sub Inspector Burumdoyal, entre autres, ont également témoigné. Le premier nommé avait été appelé à examiner le bureau de la brigade criminelle de Rivière-Noire et l’« enquiry room ».  À une question de Me Azam Neerooa, Sean Rishi Sohun a confirmé que c’est inhabituel qu’aucun profil ADN n’ait été retrouvé sur une table se situant dans l’« enquiry room ». Toutefois, le témoin n’a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet. Le graphologue était, quant à lui, amené à examiner une « casualty card » tirée au nom d’Iqbal Toofanny le 2 mars 2015. Le témoin déclare que son examen a révélé que des chiffres concernant les heures et les dates sur la carte avaient été « overwritten et retouched ». 

Le relevé téléphonique de feu Vincent Gaiqui fait débat 

Un représentant de Mauritius Telecom a été appelé à produire des relevés téléphoniques du sergent Vikash Persand et celui de Vincent Gaiqui. Cela, suite à la requête de la défense qui avait obtenu un « Judge’s Order » d’une juge en référé en août 2019. Toutefois, la poursuite a objecté à la production du relevé de feu Vincent Gaiqui arguant que cela n’a plus d’importance vu que le constable est décédé. 

De plus, la poursuite a demandé à contre-interroger un témoin, le constable Unmar, posté à la CID de Rose-Hill. La défense a objecté à la requête de la poursuite. Les débats sur la demande de la poursuite seront entendus le 23 mars 2020.

 

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