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Jean Michel Lee Shim : «Je ne suis pas un mafieux»

L’homme d’affaires Jean Michel Lee Shim a répondu aux questions des journalistes Nawaz Noorbhux et Jugdish Joypaul dans l’émission ‘Au cœur de l’info’, vendredi. Entre l’actualité hippique et son affinité avec le MSM, il y est allé à bâtons rompus.

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Le nom de Jean Michel Lee Shim ne laisse pas indifférent. Considéré comme le magnat des paris et le bailleur de fonds du MSM, êtes-vous aujourd’hui le nouveau roi de l’industrie hippique ?
Le paysage hippique a évolué en suivant le rapport Parry (publié en 2015 : NDLR). Le décor de cette industrie a changé. Pour cette nouvelle saison, tous les secteurs clés comme les commissaires des courses, à titre d’exemple, sont passés sous la férule de la Horse Racing Division (HRD) selon les lois et du rapport Parry.

Il est faux de dire que je contrôle des écuries"

(On le coupe) Venons-en directement à la question…
Non. Pas du tout. Je ne suis pas le nouveau roi de l’industrie hippique. Je poursuis sur ce que je disais plus haut. Les gros aspects des courses hippiques sont désormais sous l’égide de la HRD. C’est la nouvelle entité qui prépare les ‘fixtures’ de la saison et qui contrôle l’arrivée des courses. Alors que l’organisateur se résume uniquement à être le ‘Clerk of the course’ et le juge du départ. En sus, c’est la Gambling Regulatory Authority qui examinera les cas de tricherie.

Trouvez-vous cela normal que toutes ces conditions soient imposées par les autorités ? N'est-ce pas un genre de ‘state capture’ ?
C’est ce qui s’est passé partout dans le monde. C’est le cas en Angleterre, en France, en Afrique du Sud voire même en Australie. En Angleterre, par exemple, c’est ainsi que le British Horseracing Authority a vu le jour où trois ministères ont été impliqués. Tous ces pays ont été clairs qu’il doit y avoir une seule autorité. Ce qui a été cité dans le rapport Parry. C'est-à-dire que c’est l’autorité qui assume les fonctions cruciales des courses.

Selon vous, le Mauritius Turf Club ne répond pas à ses critères ?  
Je ne dis pas que le Mauritius Turf Club ne faisait pas les choses bien.

Pourtant, le rapport Parry a indiqué que le MTC a l’expérience pour organiser les courses hippiques…
Ce même rapport signale aussi que ces fonctions doivent être sous le contrôle d’une autorité où l’État est impliqué comme dans les autres pays. Ils ont compris qu’il fallait harmoniser l'internalisation.

Vous parlez de conditions saines et de bonne gouvernance. Pour votre part, vous êtes pourtant lié à SMS Pariaz, propriétaire de chevaux et il est aussi dit que vous contrôlez plusieurs écuries. Que répondez-vous ?
Je suis désormais uniquement consultant à SMS Pariaz. J’étais le fondateur. Par la suite, j'ai vendu mes actions, car j’ai immigré en Angleterre avec ma famille. Toutefois, il est faux de dire que je contrôle des écuries. Laissons-les « on-dit ». La saison dernière, j’étais seulement propriétaire chez l’écurie Maingard où j’ai remporté la Coupe d’Or et la Princess Margaret Cup (avec le coursier Frosted Gold, NDLR). Ce sont des chevaux enregistrés sous mon Personal Management Licence (PML). 

J'ai investi Rs 100 millions dans le centre d’entraînement à Balaclava"

Pour la nouvelle saison, combien de chevaux avez-vous à votre nom ?
J’avais quatre coursiers chez l’écurie Maingard, la saison dernière. Le nombre est désormais passé à 10. Je fais aussi partie de l’écurie Perdrau, car selon les règlements à Maurice, je peux avoir des coursiers au sein de deux écuries uniquement.

Vous êtes un principal actionnaire au sein du People’s Turf Club, qui organise la première journée de courses dimanche, et vous êtes aussi lié à SMS Pariaz et propriétaire de chevaux. N’y a-t-il pas une présomption de conflits d’intérêts ?
Laissez-moi vous expliquer comment il n’y a pas de conflits d’intérêts. J’ai 5 000 actions au sein du People’s Turf Club et parmi, quelques-unes sont pour des amis, dont Kamal Tapooseea. Je suis également membre au sein de la Mauritius Turf Club Sports & Leisure Ltd et du MTC. Quand je vois que M. Hardy est directeur d’une des deux compagnies de Tote, propriétaire de chevaux et membre du MTC, je ne vois pas comment dans mon cas, c’est un conflit d’intérêts. C’est pareil pour l’entraîneur Soon Gujadhur.

Dans le cas de Khulwant Ubheeram, CEO du People’s Turf Club, il est aussi propriétaire de chevaux. Qu’en pensez-vous ?
Il coule de source qu’il ne sera plus propriétaire. Je crois d’ailleurs qu’il a déjà vendu ses coursiers. Malheureusement, je ne peux pas parler en son nom.

Jean Michel Lee Shim

Venons-en à la nouvelle saison qui débute dimanche, avec comme organisateur le People’s Turf Club. Il y a beaucoup d’incertitudes et d’appréhensions quant à l’expérience de cette nouvelle compagnie. Quel est votre sentiment ?
J’ai suivi la façon dont il pense organiser les journées hippiques. Je ne suis pas directeur pour être présent au sein du board mais, ils ont pris quelques conseils avec moi. L’expérience va venir avec le temps.

Concernant l’organisation, les palefreniers ont été interdits par la MTCSL de travailler dimanche. Comment cela va-t-il se passer ?
Le People’s Turf Club est en contact avec les écuries. La plupart ont des palefreniers qui ne sont pas employés par la MTCSL et c’est ceux-là qui vont accompagner les chevaux sur la piste. Personnellement, je n’allais pas avoir recours à cette décision mais, c’est le choix de la MTCSL.

Qu’en est-il au niveau des infrastructures ?
Malheureusement, la MTCSL n’a pas donné son accord pour passer par son paddock. Les chevaux passeront par la rue Shakespeare pour se rendre sur la piste. C’est dommage qu’elle ne pense pas à l’intérêt des chevaux. 

J’aide les gens avec des dizaines de millions de roupies"

People’s Turf PLC tient sa licence de ‘Horse Racing Organizer’. Quelle est sa source de financement ?
Il y a plus d’une trentaine d’actionnaires au sein de la compagnie. Et pour acheter des parts, il faut passer à travers une compagnie professionnelle. C’est ce qui a été fait. Toutes les transactions ont été faites à travers la banque. Il faut se conformer aux lois. Je ne crois pas que cette compagnie sous licence et contrôlée par la Financial Services Commission va faire des bêtises.

À combien se situe l’investissement pour l’organisation des courses ?
Quand je jette un coup d’œil à la première ‘Preliminary Balance Sheet’ qui a été transmise, je vois qu’ils ont récolté Rs 52 millions et que seules Rs 15 millions ont été investies jusqu’ici.

Qu’en est-il de la location de la piste du Champ de Mars ?
Le montant est de Rs 250 000 par journée.

Votre centre à Balaclava fait beaucoup parler de lui. Est-ce la tenue de la compétition possible ?
C’est un centre d’entraînement. Il n’y aucun moyen pour accueillir le public. Aussi, je n’aimerai pas organiser de courses à Balaclava.

On entend dire que vous y avez investi une grosse somme d’argent. Quel est le montant ?
Rs 100 millions.

Sur un autre ordre d’idées, l’écurie Gujadhur n’a pas engagé de partants pour la première journée, estimant ne pas vouloir s’associer à vous. Comprenez-vous une telle décision ?
C’est son choix. Le pays est une démocratie Je respecte son choix. Je ne vais pas lui jeter la pierre.

Nombreux disent que vous êtes la mafia… 
Je ne suis pas un mafieux. Au contraire, j’aide les gens avec des dizaines de millions de roupies à travers mon ONG Solidarite Marye Pike. Je suis un philanthrope. Je ne suis pas trempé dans la drogue.  

D’où sortez-vous cet argent ?
J’investis mes économies. Je suis aussi consultant à Londres et à Maurice.

Sans langue de bois, à combien sont évalués vos biens ?
Je n’ai pas touché la barre du milliard de roupies.

Pourtant, ils sont plusieurs à penser que vous êtes un multimilliardaire ?
C’est faux. Je ne suis pas encore arrivé à ce stade. Et je ne crois pas que j’y arriverai, car je suis philanthrope. J’investis aussi dans le domaine médiatique avec Mazavaroo.

En 2019, j’ai contribué à peu près Rs 10 millions dans la campagne du MSM"

 Vous avez été le bailleur de fond du MSM aux dernières élections législatives. Combien d’argent avez-vous injecté ? 
J’ai apporté mon soutien sans condition. En 2019, pour moi, la continuité, c’était avec le Premier ministre Pravind Jugnauth. Il a réalisé beaucoup de projets convaincants, dont le métro, entre autres. J’ai contribué à peu près Rs 10 millions, pas plus. Je n’ai pas donné l’argent ni au PM, ni aux députés. Au fait, je ne l’ai pas donné directement au MSM, mais je l’ai dépensé sur le terrain.

Donc, vous dites que vous n’avez rien reçu en retour… 
Je ne fais partie d’aucun Board. Je n’ai aucune publicité gouvernementale pour mon journal Mazavaroo. J’étais disposé à aider pour le salaire du mois pour les palefreniers en étant membre du MTC. Je n’ai aucun « controlling interest »

Allez-vous financer le MSM pour les élections 2024 ? 
Je ne sais pas encore… Pour l’heure, on ne peut rien reprocher au Premier ministre. Le gouvernement a bien géré la pandémie de la COVID-19… Il reste encore deux ans et demi avant les élections. 

Y a-t-il une possibilité que vous financez un autre parti politique à l’avenir ?
Si c’est dans l’intérêt du pays, pourquoi pas. Personne ne peut faire mieux que ce gouvernement. Ce n’est pas seulement moi qui le dis mais les sondages le prouvent. Je souhaite que le MSM reste au pouvoir, sans savoir qui sera le Premier ministre et sans aucune faveur…

Si demain le MTC met la clé sous le paillasson, allez-vous avoir cela sur votre conscience ?
Let’s see down and see forward… Nous avons tendu la main au MTC pour sauver l’industrie, mais il n’a rien voulu entendre. Il ne peut avoir le monopole, c’est la loi du pays qui le dit, compte tenu de la competition commission.  En tant que membre du MTC, je souhaite qu’on travaille tous ensemble. 

Quel est votre business model pour l’industrie hippique ? 
Mettre sur pied un centre de niveau international incluant une clinique pour les chevaux avec de bons vétérinaires. L’Afrique du Sud, qui fait face à l’African horse sickness, pourrait envoyer ses meilleurs jeunes coursiers pour le schooling. C’est ce que je veux créer. Cela permettra à Maurice de faire le pont entre les autres pays comme Dubaï, le Japon ou encore Hong Kong. Il faudra emmener des investisseurs à Maurice. 

Est-il vrai que les courses génèrent Rs 15 milliards par an et que Rs 5 milliards qui sont déclarées en raison des paris clandestins ? 
Je n’ai aucun chiffre qui peut prouver cela 

Paul Bérenger parle souvent de ‘money politics’. Comment réagissez-vous à de tels propos ?
J’ai financé le MMM dans les années 70. J’ai aussi fait partie de la campagne électorale avec l’honorable Cassam Uteem. Je croyais ce que cette partie prêchait à l’époque.

Le monde a évolué entre les années 70 et 2022. Vous financez des partis politiques par plusieurs millions. N’est-ce pas un moyen de pervertir la démocratie car l’argent influence les électeurs ?
On n’achète pas les votes mais, on convainc les électeurs.

Êtes-vous en faveur d’une loi pour le financement des partis politiques ?
Je ne peux répondre à cette question en raison des aspects légaux et politiques.
 

 

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