Live News

Journée internationale de la Femme : des femmes parlementaires pro-parité

En marge de la journée internationale des femmes, célébrée ce dimanche 8 mars, quelques femmes parlementaires s’expriment sur leur vision de la femme mauricienne en 2020. Mais également sur l’égalité entre l’homme et la femme qui, selon elles, est importante pour l’épanouissement de la gent féminine.

Publicité

Kalpana Koonjoo-Shah, ministre de l’Égalité des Genres et du Bien-être de la famille : « Accélérer la parité »

« Nous remarquons que, malgré des progrès significatifs, on n’a pas encore atteint l’égalité entre les deux sexes. D’où le fait que mon ministère a choisi le thème ‘Accelerating the realisation for gender equality‘. On reconnaît qu’il y a eu beaucoup d’efforts. Mais il faut accélérer le pas. L’épanouissement de la femme est l’une des priorités phares du Premier ministre. Depuis 2014, plusieurs mesures ont été prises. En ce moment, on travaille sur le National Gender Policy. On veut que toutes les instances adoptent la parité. Dans le budget 2016/17, le gouvernement avait alloué un budget à cinq ministères pour des projets pour la promotion de la parité. Cette mesure a été étendue à tous les ministères. Je dirai que le bilan est positif mais cela ne veut pas dire qu’il faille rester les bras croisés. Bien au contraire, il faut accélérer la cadence. Il y a encore du chemin à faire. Ma vision pour la femme ne s’arrête pas à l’horizon 2020 mais va au-delà. Je veux que les femmes aient les mêmes chances que les hommes. Il faut aussi respecter les droits des femmes. »

Karen Foo Kune, députée de l’opposition : « Il y a trop de stéréotypes »

« Tout d’abord je pense que la femme est sous-représentée. Il n’y a qu’à prendre l’exemple du Parlement. Le nombre de femmes parlementaires est dérisoire si on compare le nombre de femmes à Maurice. Il faut plus de femmes dans des postes clés et dans la prise de décisions. D’ailleurs, je pense qu’il faut un changement de mentalité car il y a trop de stéréotypes comme ‘la place de la fille est ici, celle du garçon est là-bas’. On doit changer ces perceptions. Il est nécessaire de venir avec des lois pour une meilleure représentativité des femmes. Cela inspirera plus de confiance. Il faut commencer quelque part. Si on veut voir le pays se développer davantage, il faut que la femme ait une place plus importante dans le monde professionnel. Pour ce qui est de l’égalité, c’est un combat qui ne concerne pas seulement la femme mais aussi les hommes. On doit pouvoir rattraper notre retard face à d’autres pays qui sont avant-gardistes. Il faut créer les conditions nécessaires pour que la femme puisse s’épanouir. »

Stephanie Anquetil, députée de l’opposition : « Les femmes sont des réservoirs inexploités »

Stephanie Anquetil

« Déjà je suis inquiète par rapport au nombre de femmes au Parlement. Ce chiffre de 17 sur 70 parlementaires devrait nous interpeller alors que nous avons du potentiel. Il faut une réforme électorale qui exigerait qu’il y ait la parité pas que sur la liste des candidats mais aussi aux postes de responsabilités. C’est dommage qu’il n’y a que trois femmes ministres sur 24. Comme le disait Hilary Clinton, les femmes sont des réservoirs inexploités. Il faut un système plus équitable. Autre chose, c’est la violence domestique qui fait des ravages. Depuis le début de l’année, il y a eu des cas dans ma circonscription. Cela me bouleverse. Il y a un High Level Committee mais d’après ce que je constate, la majorité des personnes qui siègent dessus sont des hommes. Comment des hommes peuvent-ils prendre des décisions importantes sur ce fléau qui touche particulièrement la femme ? Je suis aussi d’avis qu’il faut un ‘one-stop-shop’ pour ces femmes sont tabassées par leurs conjoints et qui ont besoin d’aide. Je dirais : assez avec les slogans, place aux actions. Il est temps d’agir et de mettre en place les mécanismes nécessaires pour lutter contre la violence. Il y a tant de choses à faire, dont la construction d’abris pour les victimes, entre autres. Or, il y va des décideurs. » 

Joanna Bérenger, députée de l’opposition : « Le potentiel de la femme est loin d’être optimisé »

« Il est important que les Mauriciens comprennent que le progrès de la femme ne signifie pas le recul de l’homme. Il y a une complémentarité, une autre perspective. Il s’agit aujourd’hui de travailler en équipe. Je rejoins Elisabeth Badinter qui reconnaît que les hommes et les femmes se ressemblent beaucoup plus que ce que l’on croit. Ils appartiennent tous les deux à l’humanité. Il faut refuser une essentialisation des femmes qui consiste à fixer durablement des caractères pourtant transitoires en les attribuant à l’un ou l’autre sexe et prôner davantage l’humanisme rationaliste, où l’accent est mis sur la ressemblance, qui est historiquement porteuse de progrès. Le progrès pour la femme c’est le progrès pour la société en général et bien que la femme soit la ‘driving force’ de notre économie (représentant 51 % de la population), elle est encore trop sous-représentée et son potentiel est loin d’être optimisé. Cette disparité se reflète également sur la scène politique. Le changement commence d’abord chez soi et dans ce qu’on apprend aux enfants à la maison. Je suis en faveur d’un changement au niveau légal pour introduire le quota et ainsi assurer une meilleure représentation féminine au Parlement mais je dois reconnaître que les portes ne sont pas fermées aux femmes en politique. Ce sont les mentalités qui le sont. C’est tout un environnement qui n’est pas encore propice à l’épanouissement des femmes et qu’on doit changer en implémentant, entre autres, les conditions nécessaires à cela. »

Joanne Tour, députée du gouvernement : « It’s now or never »

Joanne Tour

« Le thème choisi pour la journée internationale des femmes tombe à point nommé avec cette nouvelle décennie. It’s now or never pour qu’il y ait enfin davantage d’égalité entre l’homme et la femme. Je pense que chaque avancement est un grand pas même si ce ne sera jamais assez quand il s’agit de l’épanouissement des femmes. Toutefois, chaque petite action aide à progresser. D’ailleurs, le gouvernement fait beaucoup sur ce dossier. Il y a un ‘genuine commitment’ pour redonner sa valeur à la femme, en sus d’un réexamen de la question des mères qui ont besoin de passer plus de temps avec leur nouveau-né. C’est une étape cruciale. C’est dans cette optique que les congés maternité ont été étendus. La violence domestique gagne du terrain et, encore une fois, le Premier ministre, qui a martelé que c’est inadmissible, vient donner l’exemple. Il a à cœur le dossier et c’est pourquoi il préside lui-même le High level Committee sur la violence domestique. On doit être fier d’avoir Pravind Jugnauth comme Premier ministre. Le ton est donné dans cette bataille. On essaye de responsabiliser tout un chacun à la cause féminine. Il y a un gros travail d’éducation à faire. Il faut un changement de mentalité et tout le monde doit se sentir concerné. On doit aussi inciter les femmes à dénoncer leurs bourreaux car elles ne sont pas seules. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !