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Journée Internationale de la femme : la lutte des femmes peut faire changer le regard de la société

Journée Internationale de la femme

Dans le cadre de la Journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars, voici quelques témoignages de militantes publiés dans la newsletter de l’ONG PILS. Engagées dans une lutte contre la maladie, les discriminations et la stigmatisation, ces femmes racontent leur parcours et actions au quotidien.

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Christine Hardy, vice-présidente du Conseil d’administration chez PILS

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« Je suis d’une génération qui a connu l’explosion de l’épidémie du VIH à Maurice. La maladie faisait rage. Nous n’avions aucun traitement, aucune information. Nous étions terrorisés. Je me suis engagée dans la lutte contre le SIDA depuis 1996, aux côtés de Nicolas Ritter, pour fonder Prévention Information et Lutte contre le SIDA (PILS). En tant que mère, il fallait que je m’informe pour éduquer mes deux adolescents.

Une fois le bureau de PILS créé, j’ai assumé plusieurs postes. Je me suis longtemps battue contre une maladie, mais aujourd’hui je réalise que ce sont les préjugés, la stigmatisation et les discriminations autour de l’épidémie qui tuent. La médecine et le TasP (treatment as prevention) ont révolutionné la vie des personnes séropositives. Contrairement à certains pays de la région, à Maurice, nous avons réalisé de grands progrès. Mais il nous reste encore beaucoup à faire : un changement de mentalité. Je suis convaincue que les femmes peuvent influencer et faire changer le regard de la société. Il nous faut plus de visibilité dans toutes nos actions. Il nous faut montrer que nous pouvons être femmes, mères de famille vivant avec le VIH ou pas et être engagées dans la lutte tout en nous occupant de nos enfants, de nos foyers et être des professionnelles. »


Cindy Hurdoyal, Outreach team leader chez CUT  

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« Plus qu’un engagement, mon combat est de porter haut et fort la voix et les revendications de mes paires. En tant que femme sous traitement de substitution au Mauritius Methadone Substitution Therapy (MST) Programme, j’ai été victime et témoin d’injustices et de discriminations. D’où mon engagement auprès du Collectif Urgence Toxida (CUT). En 2016, en intégrant l’organisation en tant que paire éducatrice, j’ai été accueillie par une équipe de femmes, de vraies guerrières, avec qui j’ai beaucoup appris. Aujourd’hui, je suis Outreach team leader et je suis parmi les membres fondateurs du Mauritius Network of people who Use Drugs (MauNPUD), le premier réseau d’utilisateurs de drogue à Maurice. Je siège sur le Country Coordinating Mechanism (CCM) du Fonds mondial où je représente les femmes qui sont sous la MST.

Être femme Udi (utilisatrice de drogues injectables), c’est être confrontée à des risques biologiques, sociales et économiques spécifiques qui nous rendent vulnérables. La stigmatisation et les discriminations sont fortes. Quand vous êtes une femme Udi, vous êtes tout de suite dépouillée de vos droits. La lutte pour les droits et le respect fait face à plusieurs obstacles, notamment le regard que la société porte sur la femme et sur son rôle dans la communauté. On ne veut voir la femme que comme mère et épouse. »


Natacha Ste-Marie, Outreach officer chez PILS

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« En 2003, je me suis engagée en tant que bénévole chez PILS. Aujourd’hui, je suis de près des personnes vivant avec le VIH à travers des actions d’accompagnement médical et social afin qu’elles aient accès aux soins et aux informations. Je m’investis beaucoup dans l’éducation thérapeutique des patientes nouvellement infectées. Car, c’est souvent difficile d’accepter sa séropositivité, surtout quand la maladie est accompagnée de son lot de stigmatisations et de discriminations. Couplés à tout cela, les effets secondaires de la trithérapie rendent la situation plus dure. Beaucoup abandonnent et s’éloignent des soins.

C’est là qu’il nous faut redoubler nos efforts pour maintenir les patients dans les soins. Grâce aux traitements, une meilleure qualité de vie est possible. Un monde sans SIDA est possible, je le crois. Zéro nouvelle infection à Maurice et dans le monde, je le crois aussi. D’où ma motivation. J’espère que plus de femmes se joindront à la lutte. Les femmes ont une sensibilité et une approche différentes face à la maladie, ce qui est une contribution inestimable. »


Fabriyona Jean-Pierre, Outreach Officer chez PILS

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« J’ai vu beaucoup de mes amies trans mourir par manque d’information. Nombreuses sont diagnostiquées très tard, ce qui limite considérablement leur espérance de vie. L’ignorance et le manque de matériels de prévention sont un cocktail explosif qui fait grimper les épidémies. Ce qui m’a poussée à rejoindre la Rainbow Team de PILS, une équipe dédiée à la santé et la prévention auprès des personnes trans. Ce manque d’information est le résultat d’une stigmatisation et de fortes discriminations envers nous. La famille est souvent la première cellule à nous rejeter, ensuite c’est la société. Ces obstacles nous rendent plus vulnérables aux risques d’infections au VIH et aux violences. Elles nous détournent du système de soins, des dépistages et nous isolent. La non-reconnaissance de notre identité est également quelque chose de très difficile à vivre, surtout à l’hôpital. Le personnel médical est discriminant envers les personnes trans : refus de soin et rejet du traitement. Cette méconnaissance entraîne un tabou et des superstitions. Chez les femmes trans, il est très difficile de parler du VIH. Il y a une stigmatisation et des discriminations fortes entre les sœurs*. J’essaie de briser ce tabou, de les encourager à faire un test, à suivre un traitement et à parler du VIH sans aucun complexe. L’accompagnement médical et le soutien moral sont essentiels. J’y consacre une grande partie de mon temps. »

*terme utilisé pour désigner les paires


Pretty Woman, groupe de soutien aux femmes vivant avec le VIH

« Nous avions besoin d’un espace où nous nous sentirions en sécurité, où nous serions nous-mêmes et à l’aise pour échanger sur nos problématiques en tant que femmes vivant avec le VIH. Nous avions besoin d’un groupe qui nous ressemble, où nous pourrions parler sans crainte ni tabou. Quand quelqu’une reçoit la nouvelle de sa séropositivité, elle a tendance à s’isoler par peur d’être jugée et rejetée. Vivre avec le VIH implique, surtout en tant que femme, d’affronter de nombreux obstacles familiaux, sociaux, émotionnels et économiques. Il est difficile de se confier, de parler de son statut sérologique à ses proches.

Au fil des rencontres et grâce aux programmes de renforcement de capacités de PILS, nous nous sommes structurées, nos rencontres sont devenues régulières et nous avions décidé d’appeler notre groupe : Pretty Woman. Nous avons aujourd’hui des objectifs précis et un calendrier d’activités. Ce groupe nous apporte beaucoup. Nous avons eu la possibilité de participer à des conférences, réunions et groupes de travail où nous avons pu faire entendre notre voix. À chaque rencontre, nos connaissances et nos capacités de nous défendre et d’affronter le regard des autres s’améliorent. Vivre avec le VIH n’est plus une fatalité, nous nous sentons fortes et marchons la tête haute. Plus qu’un groupe de soutien, nous voulons être impliquées dans la lutte à tous les niveaux : faire du plaidoyer, participer aux recherches, faire de la prévention, faire en sorte que les autres femmes montent en puissance et trouvent leur place. »

 

 

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