Journée mondiale de la Femme : ces femmes qui nous inspirent

Journée mondiale de la Femme

La Journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars de chaque année. Les réalisations des femmes sur les plans politique, social, culturel et économique sont mises en exergue ce jour-là. C’est l’occasion de faire le point sur des femmes qui se démarquent.

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Norina Sookmoulla : «Les femmes ont besoin d’espace, de respect et de temps»

Croire en soi ! C’est la devise de Norina Sookmoulla. Cette pharmacienne vient de se distinguer lors des World Leadership Congress and Awards, à Mumbai. Elle est femme entrepreneure depuis environ dix ans. Cette habitante de Brisée-Verdière, âgée d’une trentaine d’années, voulait devenir médecin, mais a finalement choisi d’entamer des études en pharmacie en Inde.

Aujourd’hui, elle est à la tête de deux officines : Noor-Pharma, à Brisée-Verdière, et Nori-Pharm, à Lallmatie. L’anniversaire de cette self-made-woman coïncide avec la Journée internationale de la femme, soit le 8 mars.

Nous sommes maîtres de notre destin. Les possibilités sont là. Il suffit à une femme de faire le choix. Avec de la volonté et de la persévérance, elle parviendra au succès»

« Une femme entrepreneure est une femme motivée et passionnée par le métier qu’elle exerce. L’expérience que j’ai acquise m’a permis de mieux me faire respecter dans ma profession et au niveau mondial. Je suis une personne qui vit sa vie et sa profession avec passion. Live and let live ! Enjoy what you do and give the best in whatever you do. C’est ma devise », confie-t-elle.

Elle affirme que « travailler dans une pharmacie n’a jamais été une tâche facile, surtout pour une femme ». Et d’ajouter : « Il faut une bonne planification pour gérer les responsabilités familiales et le business en même temps. » Elle remercie ses parents, son mentor et sa famille, qui sont toujours à ses côtés et qui l’encouragent.

Pour la pharmacienne, les femmes ont fait un grand bond à Maurice. Elles ont progressé lentement, mais sûrement. « Je dirais que, grâce au système d’éducation gratuite et à l’éducation pour tous, les femmes de notre société ont su se positionner. De nos jours, les femmes sont très indépendantes et cela se voit. Nous avons désormais des femmes à la tête de nombreuses organisations », dit-elle. Selon elle, la volonté est l’antidote de la paresse.

« Nous sommes maîtres de notre destin. Les possibilités sont là. Il suffit à une femme de faire le choix. Avec de la volonté et de la persévérance, elle parviendra au succès. Aujourd’hui, les couples travaillent pour apporter du confort et de la sécurité à leur famille. Cela montre que notre société a changé et que les préjugés concernant les femmes entrepreneures disparaîtront graduellement », estime-t-elle.

Succès international

Norina Sookmoulla a fait une percée au niveau mondial. En décembre 2014, la femme entrepreneure a été récompensée par l’African Leadership Award. Elle a remporté, en 2016, le Country, Regional and Continental Award, lors de la proclamation du palmarès des 100 Most Influential Women in Africa in Business, pour sa contribution au secteur de la santé.

La pharmacienne a remporté pas moins de quatorze prix sur le plan international. Elle a été aussi sélectionnée parmi les dix meilleures titulaires dans le domaine de l’entrepreneuriat, de la santé et du bénévolat. Par ailleurs, elle a occupé le poste de trésorière, secrétaire et présidente de l’Association des pharmaciens.

Améliorer les conditions des femmes signifie leur donner une seconde chance. Idem pour les hommes. « Le hasard est un mot en six lettres, mais peut changer la vie de n’importe qui. De nos jours, très peu de gens accordent de l’importance au mot chance. Si nous pensons d’une manière positive, nous pouvons créer des possibilités pour que chacun puisse s’améliorer et donner le meilleur de lui-même. Dans de nombreux cas, nous avons constaté que le taux de réussite est beaucoup plus élevé après une deuxième tentative », constate-t-elle.

« Nous ne devrions pas oublier que la femme est un être humain. Donc, elle a besoin de soins, d’un bon environnement, de respect depuis l’enfance et une bonne éducation. Les femmes doivent aussi être différentes et faire les choses différemment, afin de créer une identité unique et ne pas devenir des copieuses. En un mot, les femmes ont besoin d’espace, de temps et de respect. Pour réussir, nous avons besoin de nous entourer de gens qui veulent notre bonheur et notre succès », dit-elle.

« Life will throw you lots of challenges. Turning them into opportunities depends only upon you. Never let failures be your weakness. Always make it lesson learnt in life and move on to improve your future… » poursuit-elle.


Davina Sandia Ittoo : «Être une femme peut s’avérer problématique, dépendant du milieu dans lequel on évolue»

Après le Higher School Certificate, Davina Sandia, docteur ès lettres, décide de poursuivre des études en lettres en France. La littérature a toujours été une de ses grandes passions. Après dix ans, elle rentre au bercail, dans l’espoir de transmettre tout ce qu’elle a appris.

« À mon retour, j’ai appris qu’il y avait le concours pour le Prix Jean-Fanchette. J’ai tenté d’écrire sans grande conviction. J’ai finalement remporté le prix et mon livre, La Proscrite, a été publié fin 2017. Je travaille actuellement sur un deuxième roman », relate-t-elle.

En général, dit-elle, le terme « culture » lui-même pose problème à Maurice. Elle est d’avis que, dans le système éducatif local, l’accent est plutôt mis sur un apprentissage systématique, qui ne requiert pas forcément une capacité d’analyse profonde.

Les hommes ont perdu leurs repères face à cette génération de femmes qui n’hésite pas à clamer leur indépendance et leur liberté»

« Le potentiel de création que renferme chaque individu en lui est systématiquement dévalorisé et réduit à néant. D’abord, pour pouvoir parler d’une “culture mauricienne”, il faut déjà savoir ce qu’est la “culture”. À Maurice, il y a une lacune flagrante dans ce domaine. Et ensuite, existe-t-il vraiment une “culture mauricienne” ? Qu’est-ce qu’être mauricien ? Existe-t-il une “identité mauricienne” ? Autant de questions qu’il faut se poser. Être une femme peut également s’avérer problématique, dépendant du milieu dans lequel on évolue. »

Elle avance que Maurice est une île en pleine évolution. S’il y a parfois une mauvaise compréhension entre les hommes et les femmes, c’est peut-être parce que les choses ont changé très vite en deux générations.

« Les hommes ont perdu leurs repères face à cette génération de femmes qui n’hésite pas à clamer leur indépendance et leur liberté. Mais ce qui reste le plus important, à mon avis, c’est qu’on n’oublie pas qu’il existe une complémentarité des sexes et qu’on a besoin l’un de l’autre, pour se perpétuer, se protéger, se préserver. Je n’aime pas trop les discours féministes, qui postulent des théories extrêmes. »

Par rapport à la situation de la femme à Maurice, notre interlocutrice affirme qu’elle ne peut prétendre faire un état des lieux de ce riche microcosme qu’est Maurice. « Je ne connais pas assez toutes les couches sociales pour pouvoir émettre un discours qui soit fiable. Il est vrai que La Proscrite regorge de ces femmes mauriciennes qui font souvent face à des situations injustes. Mais ce serait se limiter que d’écrire uniquement sur la condition féminine. La vie est vaste, le monde est multiple, les voix de la Terre portent tant d’autres messages. »


Charon Potié-Joseph : «Les femmes sont aussi capables que les hommes»

Charon Potié-Joseph est une des fondatrices du Lions club de Rivière-Noire. Cette habitante de Quatre-Bornes a occupé des fonctions importantes au sein de l’association : présidente en 2012-2013 et présidente de la commission éducation. Elle est aussi membre active de la chorale du conservatoire François-Mitterrand et préside la Parents Teachers Association. Actuellement, elle est la directrice exécutive de Safe and Sound Academy, un établissement scolaire qui accueille les enfants de 3 mois à 11 ans.

« Pour gravir les échelons, c’était un vrai parcours du combattant et un chemin semé d’embûches. J’ai commencé très tôt, soit à l’âge de 17 ans, à travailler comme stagiaire. Avec du dévouement, un travail acharné, une bonne dose de motivation et des directeurs qui m’ont offert la possibilité de m’affirmer, je suis devenue la coordinatrice du préscolaire », raconte Charon Potié-Joseph.

Ne baissant pas les bras et continuant à travailler dur, elle finit par devenir Regional Teacher Manager. Croyant fermement que l’éducation est l’arme la plus puissante qui soit, elle poursuit ses études et devient la directrice des Ressources humaines. Avec la conviction que, quand une femme se fixe un objectif, elle doit d’abord croire en elle-même pour réussir.

Cela fait plaisir de constater que nous sommes de plus en plus représentées en politique, de voir des femmes qui osent travailler comme pompistes ou encore comme receveuses dans les autobus»

« On accepte les critiques positives. Il faut du courage. C’est ce qui aidera à créer l’image de la femme dans la société », dit-elle. Charon Potié-Joseph fait sa maîtrise actuellement, car pour elle, une femme doit avoir la possibilité d’étudier. Les femmes, selon notre interlocutrice, sont aussi capables que les hommes. En acceptant d’être une femme autonome, indépendante, libre et seule maîtresse de son destin, elle finira par développer sa propre identité, dit-elle.

« Il n’y a pas de secret pour réussir, si ce n’est que de croire fermement que les possibilités sont infinies. The sky is the limit », estime-t-elle. Selon Charon Potié-Joseph, la condition féminine à l’île Maurice s’est bien améliorée, mais il reste du chemin à faire.

« Cela fait plaisir de constater que nous sommes de plus en plus représentées en politique, de voir des femmes qui osent travailler comme pompistes ou encore comme receveuses dans les autobus. Les femmes mauriciennes sont remarquables dans plusieurs secteurs de l’économie », constate-t-elle.

Pour Charon Potié-Joseph, la mentalité de certains doit plus que jamais changer. « Il faut que les femmes comprennent qu’elles ont des droits dès leur plus jeune âge. Nous avons notre mot à dire sur ce qui se passe autour de nous et surtout quand il s’agit de notre vie. Les dirigeants du pays doivent mettre en place une législation plus élaborée pour le respect et la valorisation de la femme dans la société mauricienne », recommande la directrice.

« Même si les victimes de violences ou d’abus dénoncent les coupables, nous avons encore des femmes qui se murent dans le silence. Nous avons un gros travail à abattre pour changer les mentalités et cela devrait être inculqué dès les premières années de notre scolarité. J’invite les femmes à se remettre en question, car trop souvent, nous faisons du bonheur des autres une priorité. Si une femme doit faire une liste des gens qu’elle aime, combien de temps cela prendra-t-il pour qu’elle inclue son nom sur cette liste ? » fait-elle ressortir.

Elle lance un appel à toutes les femmes. « Soyons toutes libres et de bonnes mœurs. À nous de nous valoriser avant toute chose, car l’amour de soi est le soleil qui rayonne sur la société. »


Bruneau Woomed : «On ne peut nier que notre société est patriarcale»

Pour Bruneau Woomed, formateur en Women Empowerment, bien que la condition des femmes se soit grandement améliorée au fil des années, il faut reconnaître qu’il existe encore des freins. « On ne peut nier que notre société est patriarcale. Les réflexes restent tenaces et prennent du temps à changer. Les progrès les plus évidents sont au niveau de la performance académique et des professions, qui se féminisent de plus en plus. Mais la représentativité des femmes en politique a chuté en 2014 et ce n’est pas un hasard. C’est le reflet d’un secteur dirigé par des hommes, qui tolèrent les femmes du bout des lèvres. »

Notre interlocuteur avance que les femmes disposent aujourd’hui de beaucoup de facilités. Selon lui, on peut s’inspirer des actions entreprises par les pays qui sont connus pour être les champions du women empowerment.

« On peut sûrement faire plus, mais je pense personnellement qu’il faut plus de créativité dans les mesures qu’on met en place, afin de les rendre encore plus attrayantes. Ce qui caractérise ces pays, c’est qu’ils ont pris des mesures fortes pour faire bouger les choses et en l’espace d’une génération, il y a eu un virage drastique. Il faudrait commencer par identifier les domaines dans lesquelles la femme mauricienne ne dispose pas encore de chances égales. Je dois préciser qu’on ne peut négliger les siècles de dévalorisation de la femme et décréter qu’il y a aujourd’hui un level playing field. Il est de notre devoir de corriger les injustices du passé », indique-t-il.

Il dit être en faveur de la constitution d’une high level task force composée de femmes et d’hommes acquis à la cause de l’empowerment pour mener à bien ce projet. « Je crois sincèrement que cela sera bénéfique pour le pays. En effet, si on « empower » la moitié de la population, cela sera bénéfique au pays », dit-il.

Évoquant la représentativité féminine en politique, il affirme qu’il existe des solutions, par exemple le gender neutral quota, qui avait été introduit pour les élections régionales et qui préconisait au moins un candidat de chaque sexe sur trois. Il faudrait la même chose au niveau des députés.

Il y a des mesures à adopter au niveau des conseils de direction des entreprises. Si des pays développés y ont eu recours, pourquoi devrait-on faire la fine bouche ? Je crois aussi en une révision en profondeur de nos manuels scolaires, qui véhiculent encore des stéréotypes. Il faudra éduquer les hommes et les rendre conscients des spécificités liées au genre. Cela devrait commencer à l’école.


Nasime Banon Mungly : «Il faut maintenant avoir une femme Premier ministre»

Nasime Banon Mungly a été primée dans la catégorie Charity – Voluntary & Humanitarian des 100 Most Influential Women, organisé par Train 2 Gain en 2017.

« Ce n’est pas du jour au lendemain que je suis devenue spécialiste en électrologie, directrice de l’association Medcare Academy et aussi conseillère du village de Rivière-des-Anguilles. Sans la persévérance, c’est dur de progresser », lance-t-elle.

Cette travailleuse sociale dit avoir le social dans le sang. « J’encourage les femmes à faire de la politique et du social. Ce n’est pas uniquement une expérience enrichissante, mais on prend des décisions autrement. Il faut juste avoir la volonté d’atteindre son objectif. Il y aura toujours des personnes qui vont mettre des bâtons dans les roues, mais il ne faut jamais baisser les bras. De nombreuses femmes sont découragées et n’arrivent pas à aller jusqu’au bout de leurs rêves. Pour cela, il faut être autonome et avoir sa propre identité. »

Elle donne des cours de Life Skills, de coiffure et d’artisanat aux femmes vulnérables, aux mères célibataires et aux jeunes qui sortent du Rehabilitation Youth Centre. « Je suis très sensible et touchée par la pauvreté des gens dans un pays qui célèbre bientôt ses 50 ans d’Indépendance. Cette passion pour venir en aide aux démunis me vient de ma mère. Je ne peux pas voir l’injustice et j’estime qu’il est de mon devoir d’aider les gens en difficulté. Chacun doit apporter sa contribution. Bouku zanfan mo ede apel mwa mama e mo fier. »

Elle est d’avis que, si la femme fait du social comme il faut, les gens la respecteront et c’est l’image de la femme en général qui sera rehaussée. « Le social est une plate-forme pour faire entendre les cris des femmes qui sont victimes de violence domestique et de venir en aide aux jeunes en détresse. Les cas de violence domestique sont alarmants et en tant que femme, je ne peux pas rester les bras croisés. Mais il reste beaucoup à faire concernant l’égalité des chances. Il faut maintenant avoir une Première ministre », dit-elle.

D’autre part, ajoute-t-elle, avoir des femmes comme Présidente, vice-Premier ministre et Speaker de l’Assemblée nationale démontre déjà que les choses changent à Maurice. Elle note qu’il y a des femmes qui évoluent dans des domaines auparavant réservés aux hommes.

 

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