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Journée mondiale de l’eau: ces jeunes responsables de la qualité à la CWA

Selon l’ONU, la moitié des travailleurs dans le monde sont employés dans des secteurs liés à l’eau. La Journée mondiale célébrée ce mardi veut mettre en lumière les métiers de qualité que crée la gestion de l’eau. Rencontre avec de jeunes techniciens de laboratoire et ingénieurs de la CWA.
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/div> Si les laboratoires de la Central Water Authority (CWA) sont aujourd’hui certifiés ISO 17025, la plus haute distinction en la matière, c’est un peu grâce à elles. Yasmeen Ibrahim et Keshini Cuniah ont intégré la CWA à leur sortie d’université en 2011. L’agence responsable de la gestion de l’eau recherche alors des stagiaires pour l’aider dans sa démarche qualité. « Il fallait prouver que le personnel pouvait fournir des analyses fiables et maîtriser les équipements. Cela a été un moment de stress, mais quelle joie quand on nous a octroyé la certification un an plus tard », se souvient Keshini. En guise de reconnaissance, la CWA leur propose un contrat. Technical Officer, Yasmeen partage aujourd’hui ses journées entre le prélèvement d’échantillons, les analyses en laboratoire et les rapports quotidiens ayant trait à la surveillance de la qualité de l’eau, qui donneront lieu à des ajustements de chlore. Cet équilibre lui convient. « Quand je préparais le BSc Biology, spécialisation environnement, à l’université de Maurice, nous visitions les sites pollués, les forêts endémiques… Ce travail de terrain m’a bien préparée », dit-elle. Deux matinées par semaine, Yasmeen s’en va recueillir des échantillons dans l’un des six réservoirs du pays. Avec une excitation de gamine, elle montre son attirail : deux glacières, un seau et une dizaine de bouteilles. « Je m’arrête à chacun des 7-8 de points de prélèvements entre le réservoir et la station de traitement », confie-t-elle. De retour à St-Paul vers midi, elle se met au microscope. Viendront alors une trentaine d’autres échantillons de tous les coins de l’île, ramenés par des samplers. Dans chaque échantillon, une quinzaine de paramètres sont analysés, deux ou trois par cadre. Après l’analyse biologique, qui consiste à retracer le taux d’algues dans l’eau, ce sera l’analyse chimique. Yasmeen passe d’un laboratoire à l’autre.

Pesticides

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Au chapitre des algues, symptôme de pollution croissante, elles sont toutes deux intarissables. Keshini a été coordonnatrice pour le taux d’algues dans l’eau, après avoir été responsable de l’inventaire des équipements. « C’est après la découverte de poissons morts à la Nicolière à cause d’un taux anormal de pesticides dans l’eau que le laboratoire de biologie a été mis en place et que l’observation des algues s’est sophistiquée. Aujourd’hui, on en recense 42 variétés, dont certaines sont toxiques. Nous veillons à ce qu’elles ne dépassent pas le taux acceptable », explique-t-elle. « Nous les identifions plus facilement depuis que nous avons bénéficié d’une formation dispensée par des experts japonais », renchérit Yasmeen. Détentrice d’un Bsc Agriculture, spécialisation aquaculture, mais aussi d’un MBA, Keshini aspire à prendre plus de responsabilités. Assignée Deputy Quality Manager depuis 2015, elle est en charge des analyses requises pour l’octroi aux sociétés privées des permis d’exploitation de l’eau souterraine. Elle parle avec enthousiasme des projets de la CWA. « En vue de la mise en opération du Bagatelle Dam, nous faisons le monitoring de la qualité de l’eau de toutes les rivières qui alimenteront le réservoir, afin de se préparer pour l’avenir », dit-elle. L’autre projet est l’acquisition par le laboratoire d’un traceur isotopique. « De plus en plus, les eaux souterraines sont polluées par les nitrates de source agricole. Aujourd’hui, on a les moyens de savoir à quel endroit l’eau est polluée, mais on n’en connaît pas l’origine exacte : déchets animaux ou engrais ? Le traceur isotopique nous permettra d’identifier le coupable », explique-t-elle.

Canalisations

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Executive Engineer (EE), Chema Sakeesingh-Ramsurrun aurait pu rester au Canada comme tant d’autres. À 17 ans, elle émigre avec sa famille à Toronto, y finit le lycée et entre à l’université pour un BSc en Civil Engineering. Mais son diplôme en poche, elle choisit de rentrer au pays. Pas le moindre regret aujourd’hui. « The future of CWA looks bright », s’exclame-t-elle, vraisemblablement convaincue puisqu’elle vient de finir sa dissertation de MBA sur le projet de privatisation de la CWA. Chema, 29 ans, est l’une des dix EE du département Design and Planning de la CWA. Leur fonction : concevoir l’infrastructure des canalisations et des stations de pompage. Elle est responsable de la région Nord et de Port-Louis. Qui dit canalisations de Port-Louis dit inondations de 2013. C’est précisément le gros dossier sur lequel elle travaille. « Selon le rapport Domah, les tuyaux de la CWA ont sans doute gêné l’écoulement d’eau. Nous avons donc entrepris de faire passer sous terre tous les tuyaux visibles », explique Chema, qui fait défiler sur son portable les photos de 18 ponts où ces travaux auront lieu.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13453","attributes":{"class":"media-image wp-image-22237","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Soodarshan Soocheta"}}]] Soodarshan Soocheta

La responsabilité de Soodarshan Soocheta, 29 ans, n’est pas moins lourde. Responsable de la région Mare-aux-Vacoas, il supervise avec le Principal Engineer, la modification du bassin de décantation de la station de La Marie, qui dessert 65 000 personnes. Les travaux consistent à diviser le bassin en quatre de façon à pouvoir, à l’avenir, nettoyer les filtres des obstructions de boue sans devoir arrêter tout le processus.  « Nous avons redessiné la structure à partir des recommandations des Japonais en 2010 », explique-t-il. Le projet devrait être bouclé en juillet. Leurs responsabilités sont vastes : ils doivent analyser la topographie du site, savoir où placer les tuyaux en contournant les installations des autres prestataires de services, dessiner l’infrastructure, effectuer l’étude de faisabilité, évaluer les offres des contracteurs, suivre les travaux, les valider pour approuver le paiement, superviser l’asphaltage… « Au-delà de ces responsabilités techniques, nous discutons avec les forces vives de l’endroit pour préparer les habitants aux inconvénients causés par les travaux », ajoute Chema. « Et nous avons à tout moment quatre projets chacun, deux en chantier et deux en préparation », précise Soodarshan. Ils se disent cependant « stimulés », car « à chaque projet, la difficulté est de nature différente et il faut mobiliser des solutions différentes », dit Chema. Arriveront-ils à relever le défi posé par le gouvernement : remplacer plus de 150 kilomètres de tuyaux dans les deux ans à venir ? Car c’est bien là leur mission première. Les tuyaux de ciment et d’amiante du pays datent de cent ans et doivent être remplacés par des systèmes de canalisation en fonte ductile. « Nous avons une liste des endroits où il y a des fuites et où des tuyaux de plus large diamètre sont nécessaires. Je viens de diriger un projet de remplacement de 2,5 kilomètres de tuyaux à Camp-Laboue, je m’attaque à un réseau de 15 km à Plaine-des-Roches… C’est ambitieux, mais nous ferons les choses petit à petit », dit la jeune ingénieure, avec détermination.
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