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Ken Arian : le « blue-eyed boy » du PM est tombé en disgrâce 

En sept années dans les arcanes du pouvoir, Ken Arian aura connu tous les hauts et les bas. De sa montée en puissance fulgurante, que peu avaient anticipée, à l’exercice d’une autorité indiscutable face aux ministres, en passant par la direction d’une structure de premier plan, son parcours a été marqué par diverses réussites mais aussi par des épreuves. En 2024, le vent tourne et l’avenir du protégé du Premier ministre semble sérieusement compromis. 

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Sa montée en puissance au sein du cercle du pouvoir du Mouvement socialiste militant (MSM) a coïncidé avec l’éviction, à l’époque, du journaliste Rudy Veeramundar. Ce qui était auparavant impensable en raison de la proximité de ce dernier avec le Premier ministre et de sa contribution à la victoire de l’Alliance Lepep aux élections générales de 2014 avec la web TV « Vire Mam TV ». 

La nomination de Ken Arian en tant que conseiller principal au bureau du Premier ministre semblait refléter la volonté de Pravind Jugnauth de s’entourer de professionnels du secteur privé et de rompre avec une génération plus ancienne de communicateurs qui avaient traditionnellement occupé des postes de responsabilité. Impliqué dans de nombreuses initiatives, Ken Arian a été actif sur plusieurs fronts dans le cadre de projets majeurs du gouvernement. Il a, par exemple, assumé les responsabilités de communication pour le projet Metro Express jusqu’au 31 octobre 2017. 

L’ancien président de l’Outsourcing and Telecommunications Association of Mauritius a même bénéficié d’une grande latitude pour engager des discussions avec les membres de l’opposition à l’Assemblée nationale. Il a également été amené à jouer les médiateurs entre le gouvernement et les syndicats en période de crise. Après chaque présentation budgétaire, il était présent sur les toutes les radios privées pour défendre les mesures gouvernementales.

En peu de temps, Ken Arian s’est imposé comme une figure incontournable au sein du bureau du Premier ministre et dans les cercles politiques, établissant même des liens de communication avec le leader du Mouvement militant mauricien (MMM), Paul Bérenger. Sa prépondérance dans les sphères du pouvoir était telle que la direction du MSM lui accordait régulièrement le privilège de dialoguer avec les principaux bailleurs de fonds du parti, témoignant ainsi d’une confiance et d’une estime considérables. 

Après la victoire du MSM aux élections générales de 2019, l’influence de Ken Arian au sein du cercle du pouvoir a atteint des sommets inégalés. Il était largement anticipé que son rôle deviendrait encore plus crucial à la suite de ce succès électoral. Certains conseillers rapportent que les ministres fraîchement nommés se sentaient incapables de remettre en question les directives de Ken Arian par peur de représailles. 

« Lorsque Ken Arian adressait des instructions à un ministre ou à tout autre élu, ces derniers avaient intériorisé le fait qu’il parlait au nom du Premier ministre, et par conséquent, ses instructions étaient suivies à la lettre », indique un conseiller. Cette situation reflète l’empreinte profonde de Ken Arian dans les rouages du pouvoir, où son autorité était indiscutable et où ses paroles étaient considérées comme émanant directement du Premier ministre lui-même. Le terme « pouvoir cadenassé » utilisé par Nando Bodha au moment de sa démission au sein du MSM faisait clairement allusion à l’influence dominante de Ken Arian autour du Premier ministre. 

En politique, rien n’est immuable. Le pouvoir est souvent entouré de personnes ambitieuses. De nouvelles figures commençaient à émerger autour du Premier ministre, ce qui rendait la cohabitation avec Ken Arian plus difficile. La montée en puissance de conseillers, tels que Zouberr Joomaye, Prakash Maunthrooa et Sarah Currimjee, entre autres, aux côtés du Premier ministre, ainsi que d’autres technocrates occupant des postes-clés au ministère des Finances, semblait préjudiciable pour Ken Arian. 

Certains nouveaux acteurs ont su capitaliser sur l’influence croissante du ministère des Finances au sein du gouvernement pour accroître rapidement leur propre importance, se retrouvant ainsi en confrontation avec l’homme de confiance du Premier ministre. Malgré cela, il bénéficiait toujours de la confiance du chef du gouvernement. Mais il a été jugé préférable de le transférer hors du Prime Minister’s Office. 

Cela a conduit à la création d’Airport Holdings Limited, où Ken Arian a été promu Chief Executive Officer. Ce changement de poste peut être considéré comme une manière de le réaffecter à un rôle où ses compétences et son influence pourraient être mieux exploitées, tout en tenant compte des dynamiques politiques en jeu. 

Trois ans plus tard, en pleine année électorale, il semble que le nouveau cercle de pouvoir autour du Premier ministre ait finalement eu raison de Ken Arian. Cette fois, il risque d’observer le déroulement des prochaines élections depuis les gradins, symbolisant ainsi son éloignement du centre des décisions politiques et de l’influence. 
 

 

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