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Kreepaloo Sunghoon : le pédagogue terre à terre

Kreepaloo Sunghoon fait valoir que la communauté de l’industrie cannière doit faire preuve de solidarité. Kreepaloo Sunghoon fait valoir que la communauté de l’industrie cannière doit faire preuve de solidarité.

Fraîchement nommé à la présidence du Mauritius Sugar Syndicate, Kreepaloo Sunghoon hérite de l’épineux dossier relatif aux prix et marchés garantis dont bénéficiera le sucre mauricien. Il dit connaître les nouvelles contraintes auxquelles seront plus confrontés les petits planteurs, dont il fait partie. Rencontre.

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C’est un homme des médias qui assure la présidence du Mauritius Sugar Syndicate (MSS), depuis la semaine dernière, mais aussi un enseignant d’entrepreneuriat dans le secondaire doublement concerné par l’avenir des jeunes et de petits planteurs. Sa bibliothèque en fait foi, où les livres de maths côtoient le Ramayana ou encore l’histoire de Maurice à travers les écrits d’Auguste Toussaint.

Mais pour l’heure, Kreepaloo Sunghoon, 58 ans, enseignant au collège International, est plongé dans le dossier cannier avec ses déclinaisons les plus délicates : la récupération des terres agricoles, l’avenir de la canne, la répartition équilibrée des revenus provenant de cette industrie, le regroupement des petits planteurs au sein du mouvement Fair Trade, sans oublier la création d’un label mauricien pour le sucre mauricien.

Rude bataille avec les betteraviers

À 8e Mile, Triolet, son village natal, la famille Sunghoon a toujours été un petit exploitant de champs de légumes et de cannes. Après le primaire à la Maheshwarnath Govt School, puis le secondaire au collège International, il s’inscrit au Mauritius Institute of Education pour des études de communication, avant de retourner à son collège où il fera carrière comme enseignant.

En 1987, lorsque le collège introduit le Social Studies dans le programme d’études, il va s’initier à l’histoire de Maurice. En 2009, il devient prof d’‘entrepreneurship’, un sujet qui le passionne puisqu’il va permettre aux jeunes de Triolet de se mettre à leur compte, tout en développant leur village. C’est avec une grosse pointe de nostalgie qu’il évoque l’ancien visage de Triolet, « où prévalaient la solidarité, la communion et le bon voisinage entre toutes les communautés ».

Mais, il ne veut pas passer pour un individu anachronique, lui qui a été président du Conseil de district et dirigé la Small Planters Association. « Nous sommes déjà entrés dans l’ère de grands bouleversements, car avec la perte de nos filets de protection, la bataille sera rude avec les betteraviers européens, qui pourront inonder nos marchés traditionnels avec le sucre de la betterave ».

Hier comme aujourd’hui, fait valoir Kreepaloo Sunghoon, c’est toute la communauté engagée dans l’industrie cannière qui doit faire preuve de solidarité. « Il y a eu certes des conflits, mais le maintien de la cohésion sociale est trop important dans un petit pays comme Maurice, souvent cité en exemple, pour qu’il devienne un enjeu sectoriel. Il faut que tout le monde s’entraide. La fin des acquis sera le moment de vérité. »

La balle est aussi dans le camp de petits planteurs, qui devront nécessairement adopter de nouvelles normes écologiques et sociales pour faire partie des organisations qui pratiquent le commerce équitable (Fair Trade). Toutefois, ajoute-t-il, « les petits planteurs ne peuvent pas être seuls dans l’adoption de ces pratiques et leur mise en œuvre. Il faut qu’ils soient soutenus par tous les partenaires de l’industrie cannière. »

Avec le Fair Trade, poursuit-il, on pourra endiguer la problématique de l’abandon des terres. « Il faut comprendre qu’on ne pourra pas empêcher les planteurs de mettre fin à la culture de la canne s’ils n’obtiennent pas de bénéfices. Il faudra aussi réfléchir sérieusement, mais de manière pragmatique, à certaines inégalités dans la redistribution des revenus dans l’industrie cannière. »

 

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