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La première communion : L’enfant doit occuper la première place

Des parents aux revenus très modestes peuvent-ils organiser la première communion de leur enfant ? L’Église catholique encourage la simplicité et demande que l’enfant soit au centre de l’événement. Le mois de septembre est connu pour être celui des premières communions. Incursion.

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Début d’août 2017. Marianne (prénom modifié), la quarantaine, une habitante de l’Ouest du pays, vit une véritable angoisse. Dans quelques jours, ses deux fils jumeaux doivent faire leur première communion. Elle n’a pas un sou. Elle aime ses enfants profondément et elle veut les rendre heureux. Elle veut tout organiser à la perfection pour eux et voir les yeux de ses enfants briller de contentement. Elle veut qu’ils arborent pendant toute la journée ce sourire innocent, attachant, si propre aux enfants. Elle se dit que la date de la première communion sera un grand jour pour ses enfants.

Hélas ! son cœur est déchiré. Où trouver l’argent nécessaire pour assurer les dépenses pour cet événement ? Avec quoi payer les brioches ? Avec quoi acheter les vêtements nécessaires pour ce jour particulier ? Il faut aussi trouver de l’argent pour le taxi, pour l’organisation d’un déjeuner ou d’un dîner pour les proches.

En pensant à tout cela, les yeux de Marianne se remplissent de larmes. Son mari ne travaille pas et elle est la seule source de revenus pour la famille. Elle touche Rs 3 000 par mois. Pour son malheur, il y a cinq ans, sa maison a été la proie d’un incendie et, depuis, elle loue une maison. Le loyer est de Rs 3 800. Tous les mois, elle ne paie que la moitié de la somme due. Elle dit que, des jours, il n’y a rien à manger à la maison.

Pour organiser la première communion, Marianne sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même pour les préparatifs. Où trouver le financement ? Elle lance un appel à l’aide.

Le minimum que Marianne doit disposer pour organiser la première communion, c’est Rs 5 000. Mais le coût peut facilement grimper à Rs 20 000 dépendant des moyens de la personne et aussi de la manière dont elle veut organiser les choses.

Au bout du compte, trois âmes généreuses se manifesteront pour offrir à Marianne une paire de chaussures et Rs 1 000 (deux dons de Rs 500).

Lisa, 51 ans, une habitante de Mount, n’a pas à faire face au même genre de problème que Marianne. Mais la première communion de l’enfant qu’elle chérit, Jamelia, revêt un facteur émotionnel très particulier. L’émotion est intense. Lisa n’est pas la maman de Jamelia, mais sa grand-mère. La fillette a perdu ses parents dans un accident de voiture en 2011. À l’approche de la première communion, Lisa pense de plus en plus au père et à la mère de l’enfant. Combien celle-ci aurait été heureuse s’ils avaient été là ! Toutefois, Lisa, son mari et leur fille accordent toute leur affection et prennent charge conjointement d’organiser une belle première communion pour Jamelia, huit ans. C’est d’autant plus facile pour eux puisque deux membres de la famille travaillent. Lisa, elle, a préféré quitter son emploi pour s’occuper de l’enfant.

Le jour de la première communion, Lisa et la famille organisent un déjeuner pour quelque 25 proches. Au bout du compte, les dépenses dépasseront les Rs 10 000. « Jamelia est comme notre enfant. Nous ne pouvions passer à côté de sa première communion », dit Lisa.

Fête et dîner

Charlène, 25 ans, a fébrilement procédé aux préparatifs de la première communion de sa fille qui était prévue pour le samedi 2 septembre. Serveuse dans un restaurant depuis un an et demi, elle a consenti à beaucoup de sacrifices pour tout organiser. Avant samedi, elle avait déjà dépensé Rs 15 000, révèle-t-elle. Ses estimations pour les dépenses totales sont de Rs 25 000, car une fête était prévue après le dîner.

Le salaire de Charlène est de Rs 5 000 par mois. Afin de réunir la somme pour l’organisation de la première communion, elle s’est souscrite à un ‘cycle’. « C’est moi seule qui assure toutes les dépenses », avance Charlène qui est mariée à un maçon.

Charlène se rend-elle compte qu’elle va dépenser Rs 25 000 en un clin d’oeil, soit cinq fois son salaire mensuel ? « Oui. Mais de l’autre côté, j’aime ma fille et je veux lui faire plaisir. Elle est ma première enfant et je me suis dit que je lui dois cela. Un tel événement vient une fois dans sa vie. Ma mère avait fait de même pour moi. Elle avait consenti à de grands sacrifices pour ma première communion. À mon tour, j’ai voulu faire de même pour ma fille », déclare-t-elle avec la voix d’une mère aimante.

En passant, combien sont-elles ces mères de famille qui vivent avec Rs 5 000 ? Charlène fait part que ses deux enfants bénéficient chacun d’une aide sociale de Rs 1 500. De la totalité de cette somme, elle paie Rs 700 pour le van scolaire de sa fille et Rs 1 000 pour l’école maternelle de son second enfant. Le reste,elle l’utilise pour acheter ce dont ils en ont besoin tous les jours.


Quand on a des jumeaux

Marianne et ses jumeaux.

Une famille peut facilement dépenser jusqu’à Rs 20 000 avec un enfant prenant sa première communion. Pour une famille qui a des jumeaux, les dépenses doublent quasiment. « C’est difficile si une seule personne est le gagne-pain de la famille », témoigne Nathalie, une habitante de Curepipe âgée de 50 ans.

Elle a accompagné ses deux jumeaux lors de leur sacrement en 2003. « Il a fallu à mon époux et à moi tout prévoir quatre ou cinq mois à l’avance. Aujourd’hui, on a presque tout qui est » ready-made « ; ce n’était pas le cas il y a presque quinze ans. Il fallait préparer tous les accessoires soi-même ou aller voir quelqu’un qui puisse le faire. »
Au total, la famille a dépensé Rs 10 000 pour organiser la première communion des jumeaux.


Organisation et dépenses

Pour commencer, les parents doivent accompagner leur enfant à l’église. Ceux qui ne possèdent pas de voiture louent les services d’un taxi. Un déplacement est prévu la veille, car la famille doit apporter les brioches à l’église pour être bénies par le prêtre.

Après la cérémonie, il y a le partage de brioches. Le nombre dépend des moyens de la famille de l’enfant. Des fois, on verra une maman trimbaler son enfant de maison en maison pour offrir les brioches. Sinon, les brioches sont offertes aux invités de la fête organisée (déjeuner ou dîner) après le sacrement. Là aussi, le nombre d’invités dépend des moyens de la famille. La maison pourrait être simplement ou richement décorée et la fête simple ou grandiose.

Les vêtements se composent pour l’enfant de deux rechanges en général et au moins une ou deux robes neuves pour la maman. Et des chaussures aussi... Le mari, lui, pourrait porter un costume qu’il a déjà, mais il aimerait avoir au moins une chemise neuve pour la cérémonie et un polo neuf pour la fête organisée après.


Frère Jerry Bauda : «L’enfant doit être au centre»

Frère Jerry Bauda, de la paroisse du Sacré-Cœur à Beau-Bassin, déclare que l’Église catholique, pour ce qui est de la première communion, encourage les parents à mettre l’accent sur le côté spirituel. « Le fait même que les parents sont là pour la première communion de leurs enfants est une indication qu’ils ont à cœur le sacrement fait à l’église. L’Église encourage la simplicité pour un tel événement. Un repas pris dans la simplicité entre les membres de la famille et des proches. Dans tout cela, l’enfant doit être au centre. Le repas et la fête qui suivent le sacrement doivent être en accord avec le côté spirituel, afin que l’enfant garde pour toujours de bons souvenirs de ce jour-là », déclare-t-il. Est-ce le cas ? « Je dirais que cela dépend de la culture de chaque famille. N’oublions pas que la première communion, c’est aussi la fête des parents. Ils ont accompagné leur enfant jusqu’à sa première communion. Donc, ils fêtent l’événement en partageant leur joie avec les proches et les amis », répond-il.


L’indispensable brioche

La brioche est indissociable de la première communion. Il y a des boulangeries-pâtisseries qui ont fait et qui font toujours de belles affaires avec les commandes de brioches. La plus connue demeure peut-être celle qui est située à Pamplemousses.

Le coût dépend du choix du commanditaire. La brioche avec une saveur ajoutée coûte quelques rouies de plus l’unité  que la brioche traditionnelle.

Une petite anecdote : une fois, le père des jumeaux a passé la commande pour 400 brioches. Le jour où il est allé prendre la livraison, il a été choqué de voir que les brioches étaient bien plus petites que des brioches normales. Il a refusé de les prendre. Le boulanger n’a eu d’autre choix que de lui en préparer le jour même 400 brioches normales. « Il a fallu de peu que nous fassions notre première communion sans les brioches ! », raconte son fils.


Faire-part

Les brioches, on les distribue dans des emballages en carton ou en papier appelés faire-part. Les ingénieux peuvent les fabriquer eux-mêmes, sinon les autres peuvent les commander auprès des imprimeries. Roshan, responsable d’une imprimerie spécialisée, basée à Curepipe, explique que normalement une personne doit faire une commande d’au moins 50 pièces.

Le modèle du faire-part dépendra du choix du commanditaire. Il pourrait être personnalisé ou très simple. Le prix varie entre Rs 4 et Rs 50. Si les parents optent pour un faire-part avec impression sur papier chic, le prix sera de Rs 50. Il pourrait même contenir la photo de l’enfant si les parents le désirent. Roshan avance que la tendance cette année est pour les faire-part coûtant autour de Rs 25.

« Les familles qui sont bien préparées passent les commandes au moins un mois en avance. Mais il y a certaines qui viennent nous voir seulement trois ou quatre jours avant. Dans ces cas-là, il nous est très difficile d’accepter la commande. Inutile de prendre une commande pour ne pas pouvoir l’honorer par la suite », explique-t-il.

Les accessoires...

...pour garçon
Aube
Costume. Sinon chemise, pantalon, nœud papillon et une croix
Chaussures.
...pour filles
Aube
Couronne de fleurs et une croix
Robe
Chaussures.

 

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