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À la prison de Beau-Bassin : saisie de draps utilisés pour fabriquer une corde

Est-ce une tentative d’évasion ou un plan établi pour récupérer des colis à l’extérieur des murs ? C’est la question que se posent les responsables de la prison de Beau-Bassin après la découverte d’une corde mesurant 25 mètres.

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La corde artisanale a été fabriquée à l’aide de draps offerts aux détenus. Vers 15 heures le mercredi 14 mars, l’Intelligence Team a reçu des informations sur la présence de cette « corde » dans le périmètre de la prison, l’Association Yard. L’objet se trouvait sur le toit d’un bâtiment sur lequel se trouve un réservoir d’eau, dans le Yard C.

Le commissaire des prisons Vinod Appadoo a félicité son équipe qui a déjoué ce plan. La corde était faite de bandes de draps tressés les uns avec les autres. Dans le milieu pénitentiaire, on évoque un « travail de professionnels ». Vinod Appadoo a ouvert une enquête interne sur cette affaire. Un billet de Rs 25 et une barre de fer en forme de crochet ont aussi été trouvés. « J’ignore si c’était une pratique courante à la prison dans le passé », fait ressortir le commissaire des prisons.

Il semblerait que l’Intelligence Team porte déjà ses soupçons sur deux détenus qui ont été transférés. Vinod Appadoo dit ne pas pouvoir établir l’utilisation précise de cette corde : « Soit elle était destinée à être utilisée pour une fuite, soit elle devait permettre à des détenus de récupérer des colis dans le No man’s land. »

Un iPhone 6s a également été saisi à la prison de Beau-Bassin. Lors d’une fouille surprise dans une cellule, la boîte encore sous scellés qui renfermait ce téléphone portable a été découverte. Le détenu n’a pas pu s’expliquer sur la provenance du cellulaire. « J’ignore tout de cette chose », dit-il. Selon des renseignements, le cellulaire était destiné à un caïd et plusieurs détenus agissent comme store keepers des « patrons de prison ».

Le Défi Quotidien a sollicité le commissaire des prisons pour un entretien. Ce dernier a fait un état des lieux de la prison. Visionnez l’intégralité de cet entretien sur TéléPlus, Web TV du Défi Media Group sur le lien suivant :  https://webtv.defimedia.info/


Vinod Appadoo, commissaire des prisons : «Un comité a été institué pour prendre des mesures» 

Comment cette découverte a-t-elle été faite ?
Ce sont les renseignements de l’Intelligence Team qui nous ont conduits sur les lieux. Les chiens renifleurs et diverses unités de la prison ont participé à l’exercice. Nous avons trouvé cette corde tressée par des détenus talentueux, à l’aide de draps disponibles à la New Wing.

Celle-ci est entourée d’un No man’s land. De cet endroit, les détenus doivent gagner les murs pour atteindre la route. Il se peut que cette corde était destinée à être utilisée pour récupérer des colis balancés par-dessus les murs. Seule l’enquête établira les faits.

Quels autres objets se trouvaient sur ce toit ?
Il y avait un billet de Rs 25 et une barre de fer en forme de crochet, sûrement pour accrocher la corde. J’ai demandé à mes hommes de porter des gants pour que des examens ADN soient possibles par la suite.

C’est un lieu difficilement accessible, n’est-ce pas ?
C’est un lieu qui est difficile d’accès. La personne doit être athlétique. Les deux détenus soupçonnés ont été transférés.

Quel était l’objectif des détenus ? Songeaient-ils à une évasion ?
Difficile à dire pour le moment. Soit la corde devait servir à récupérer de la drogue, soit elle était destinée à être utilisée dans le cadre d’un plan d’évasion. Il y a très peu de drogue en prison en ce moment. 

Vous dites « très peu de drogue ». Mais c’est toujours alarmant d’apprendre qu’il y a de la drogue en prison…
C’est vrai. Mais les prisons à Maurice sont meilleures que celles que j’ai visitées à l’étranger. On a très peu de drogue comparée à ce qu’ils ont. Même au niveau des contrôles des téléphones portables, nous sommes efficaces. Un service de renseignements nous aide et nous avons saisi des téléphones grâce aux appels anonymes. Dimounn dir nou prizonie pe telefone pe menas zot. Nous enquêtons ensuite sur la provenance des téléphones.

Après la découverte de ces objets, un comité a-t-il été institué ?
Effectivement, j’ai convoqué les responsables. Je leur ai demandé de faire des vérifications dans toutes les prisons. Un comité a été institué pour prendre les mesures appropriées.

Les détenus accèdent-ils au toit ?
Ils ne peuvent pas grimper jusqu’au toit. C’est un manquement dans la supervision des gardiens de prison, mais la cour est accessible aux détenus. Je ne sais pas combien de temps ils ont pris, mais il faudra sensibiliser les officiers.

Y a-t-il eu des tentatives d’évasion dans le passé ?
Un détenu s’était enfui de la prison de Petit-Verger et de l’Open Prison de Richelieu. Mais il s’était constitué prisonnier au poste de police deux heures plus tard. Notre objectif principal : veiller à ce que les prisonniers restent en prison et ne s’évadent pas.

La commission d’enquête sur la drogue a pris fin. Avez-vous pris connaissance du rapport de l’ASP Tuyau ?
J’ai lu dans la presse. La commission a beaucoup travaillé avec la prison. 75 % des renseignements de la commission viennent de la prison où il y a de grosses transactions. Je connais tous les trafiquants. J’ai supervisé les controlled deliveries quand j’étais à l’Anti-Drug and Smuggling Unit. Peroomal Veeren dit que c’est la prison qui a fait de lui ce qu’il est. Depuis l’affaire des gâteaux d’anniversaire à Veeren, j’ai renforcé sa surveillance et j’ai sélectionné des gardiens pour le surveiller.

Les détenus locaux et étrangers sont désormais séparés. Des connivences entre eux grâce aux cellulaires facilitaient leurs trafics. Avec les visites des hommes de loi, des détenus et des gardiens ont été convoqués.

Et les trafiquants étrangers ?
Le téléphone portable est l’élément clé. C’est le seul moyen qu’ils ont pour poursuivre leur trafic. Bientôt tous les trafiquants étrangers seront placés dans des cellules séparées. On veut empêcher tout contact.

Devant la commission, des « unsolicited visits » ont fait débat. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Depuis mon arrivée, j’ai rédigé un formulaire pour l’enregistrement formel des visites des avocats en prison. Ce projet est mené en collaboration avec les ministères, le State Law Office et le Bar Council. Certains avocats ont rendu visite à 35 détenus. C’était exagéré. Depuis, le nombre de détenus auxquels rendent visite des avocats a baissé. La société a changé. Les enfants sont moins obéissants. Mais à la prison, la discipline doit prévaloir.

 

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