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À la recherche d’un emploi - David, DJ et aveugle : «Je ne vis pas, je survis»

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David Parsad, de son nom de scène DJ Blind, est non-voyant depuis qu’il a 23 ans. Aujourd’hui âgé de 32 ans, il recherche un emploi pour pouvoir subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Sauf qu’aucune porte ne s’ouvre à lui…

« Je suis tellement débrouillard que certaines personnes m’ont reproché de faire semblant de ne pas voir », confie David Parsad. Pourtant, la réalité est bien là : cela fait neuf ans que ce grand passionné de musique, de son nom de scène DJ Blind, est non-voyant. Lorsque nous le rencontrons à son domicile, il dévale pratiquement les escaliers pour nous accueillir. David est totalement à l’aise chez lui. D’ailleurs, c’est lui qui nous conduit à sa chambre, qui fait aussi office de studio et qui se trouve à l’étage. Il nous guide vers son univers, en tâtant les murs et les mains courantes des escaliers…

Il nous raconte qu’il n’avait que 12 ans quand il a perdu son œil droit. « J’ai subi une opération qui a été une réussite, mais j’ai, par la suite, perdu la vue de l’œil droit à cause d’un décollement de la rétine. À l’âge de 23 ans, presque la même chose s’est produite : après une opération, j’ai graduellement perdu la vue de l’œil gauche », relate-t-il.

Nouvelle condition

Dj Blind est à la recherche d’un emploi.
Dj Blind est à la recherche d’un emploi.

Si d’autres auraient pu baisser les bras, ce n’est pas le genre de David. « Je me suis adapté à ma nouvelle condition. J’ai fréquenté une école pour non-voyants, parce que ce n’était pas évident de poursuivre ma scolarité. On peut dire que j’ai été chanceux en fin de compte. Ce n’est pas comme si je m’étais endormi et que du jour au lendemain je ne voyais plus rien. J’ai perdu la vue graduellement. Avant ma dernière opération, ma vue avait considérablement baissé. Je m’étais, en quelque sorte, déjà préparé à cela. »

David affirme qu’il n’a pas la prétention de dire qu’être non-voyant est simple et facile à vivre. Ce qu’il essaie de dire, c’est qu’il est possible de s’adapter pour vivre avec. « Quand quelqu’un est non-voyant, c’est sûr qu’il devient dépendant d’une autre personne pour beaucoup de choses au quotidien. Mais je pense qu’il faut avant tout pouvoir s’adapter chez soi. C’est sûr que, si je ne suis pas chez moi, je perds mes moyens. Mais chez moi, j’arrive à me débrouiller seul », dit-il. Il ajoute que le sens de l’orientation se développe au fur et à mesure : « Du moment que je m’habitue quelque part, je peux faire des va-et-vient sans problèmes. »

à travers ce témoignage, le passionné de musique essaie aussi de faire passer un message : selon lui, ce n’est pas parce qu’une personne ne voit pas qu’elle ne peut rien faire. Il reste convaincu qu’un non-voyant peut faire autant de choses qu’une personne qui voit. « La preuve : je suis disc-jockey (DJ). La musique a toujours été ma passion, avant même que je ne perde la vue. Je fais des programmations musicales et des créations à l’aide de mon clavier. Je suis un autodidacte. Cela n’a pas été facile, mais j’ai pu m’en sortir grâce à des astuces. Par exemple, avec une synthèse vocale comme repère sur mon ordinateur ou sur mon téléphone portable, j’arrive à utiliser la technologie comme tout le monde. Répondre aux appels et aux mails n’est pas un problème pour moi. Toutes les technologies disponibles de nos jours peuvent être utilisées par des non-voyants. Il suffit d’installer les applications appropriées », indique David.

La seule difficulté à laquelle est confronté DJ Blind est le déplacement. Il confie qu’avec les travaux qu’il y a un peu partout à travers le pays, c’est compliqué pour lui de se déplacer. Il y a un an, il avait le projet d’adopter un chien de guide pour aveugles qui avait déjà été entraîné. Il s’est toutefois heurté à un problème de taille : il lui serait impossible de transporter le chien dans l’autobus. « À Maurice, il est interdit de voyager avec un animal de compagnie dans les transports en commun, même si on est handicapé. Nous sommes en 2019. Rien n’a été fait en ce sens pour nous. Du coup, le chien que je voulais adopter a dû rester avec l’éleveur », se résigne-t-il.  

Battant dans l‘âme

Bien qu’étant un battant dans l’âme, David confie qu’il peine à sortir la tête de l’eau en ce moment, vu qu’il est sans emploi. « C’est difficile pour moi de vivre de la musique. Parfois, je joue dans des soirées ou à des festivals, comme le Festival Kreol depuis 2014 jusqu’à l’an dernier. Mais ces événements n’ont lieu qu’une fois par an. Le reste de l’année, il n’y a presque rien. Je n’ai pas assez de contrats pour pouvoir vivre de ma passion », explique le DJ qui, avec sa concubine, élève une fille âgée de deux ans.  

Il perçoit, certes, une pension d’invalidité, mais elle ne suffit pas à subvenir à leurs besoins. « C’est la galère tous les mois. Je ne vis pas, je survis », finit-il par lâcher. C’est pour cette raison qu’il recherche du travail. S’il a déjà envoyé son CV à plusieurs entreprises, il attend toujours une réponse.

Celui qui a terminé deux fois champion de Maurice en compétition de deejaying et deuxième au Festival of Colour regroupant les DJ de l’océan Indien dit espérer décrocher un emploi comme réceptionniste ou Resident DJ dans une boîte de nuit. David souligne qu’il a déjà des notions de la téléphonie, puisqu’il a déjà travaillé dans un centre d’appels lorsqu’il était plus jeune. « Je vous prie de m’aider à trouver un emploi pour que je puisse vivre décemment », lance David. Toute personne souhaitant employer le jeune homme ou l’aider à trouver un emploi peut le contacter au 5740 2825 ou au 207 0666.

 

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