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L'ambassadeur des États-Unis à Maurice : «Nous sommes encouragés par les discussions entre le Royaume-Uni et Maurice concernant Chagos»

Henry Jardine, Ambassadeur des Etats-Unis à Maurice

Dans cet entretien exclusif au Défi Quotidien, Henry Jardine, ambassadeur des États-Unis à Maurice, aborde plusieurs sujets d’actualité. Il affirme, entre autres, que les États-Unis n’influencent pas les négociations entre le Royaume-Uni et Maurice autour de la question du Chagos. 

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Comment qualifieriez-vous la relation entre les États-Unis et Maurice ? Qu’est-ce qui peut être fait pour la consolider ?
Vous pouvez voir fondamentalement, si vous regardez les différentes interactions que nous avons dans tous les domaines et dans l’ensemble, que la relation entre nos deux pays est vraiment grande et forte. Outre les relations entre les deux gouvernements, nous constatons un grand intérêt du côté de l’éducation, de la société civile et des relations commerciales. Du côté des gouvernements, il y a un fort intérêt pour la collaboration et le travail en commun dans différents domaines : droits de l’homme, sécurité régionale, opportunités économiques, commerce et investissement. Il peut bien sûr y avoir des perspectives différentes à certains moments et il est raisonnable qu’il en soit ainsi. Mais cela ne signifie pas qu’il y a un problème dans les relations.

Quels sont les différents secteurs où ces deux pays peuvent collaborer ?
J’aimerais que l’on fasse davantage dans le domaine de l’économie et du commerce. En fin de compte, les relations d’affaires sont essentielles et nous devons voir ce que nous pouvons faire pour promouvoir ces relations.. Le secteur éducatif peut également être exploité. La communauté mauricienne est très instruite. Nous avons déjà mis en place un programme d’échange éducatif avec Washington. Maurice peut par exemple être une plateforme pour l’éducation au niveau régional.  

La pose de la première pierre du nouveau campus de l’ambassade des États-Unis à la rue de l’Ambassade à Bagatelle, a eu lieu le 30 mai dernier. Où en est-on aujourd’hui et à quand est-ce que celui-ci devait être opérationnel ?
Nous avons été en discussions avec le gouvernement local. Nous avons une bonne collaboration. On attend le permis de construire qui, d’après ce que j’ai compris, sera délivré très bientôt. Entre-temps, ils ont fait des choses comme la clôture, le défrichage, le nettoyage du site et l’installation des équipements nécessaires. Le nouveau campus devrait être prêt pour la fin de l’été 2026.   

Les États-Unis s’inquiètent-ils du dernier sommet des BRICS alors que six nouveaux pays vont intégrer ce groupe et où l’objectif est de proposer une économie mondiale alternative à la suprématie américaine ?
Si les pays ont la possibilité de se réunir et de collaborer, c’est une bonne chose et c’est très positif. La question que je me pose dans le contexte des BRICS est de savoir comment ce type d’économie alternative fonctionnera. Les membres doivent parler pour eux-mêmes, mais je suppose qu’il existe une certaine tension entre certains d’entre eux et je ne suis pas sûr qu’ils soient d’accord. L’autre question est de savoir ce qu’ils apportent sur le plan économique. Je n’essaie pas d’être négatif, mais j’essaie simplement de regarder les choses objectivement. Il y a de sérieuses questions à se poser. Si vous regardez la Russie avant la guerre d’Ukraine, il y a eu une sorte d’effondrement démographique. Aujourd’hui, sous l’effet des sanctions croissantes, l’économie est en spirale. Les ressources industrielles ne sont pas développées. S’aligner sur une organisation russe dans ce contexte est-il vraiment utile ? Dans le contexte de la Chine, nous avons beaucoup parlé cet été d’un nombre important de faillites et de défis. Ils occultent de nombreuses données économiques. Si vous avez de bonnes nouvelles, vous ne les supprimez généralement pas. 

Le dossier Chagos a été abordé lors de la rencontre qui a eu lieu récemment entre le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth et son homologue britannique Rishi Sunak en Inde en marge du Sommet du G20. La continuité du fonctionnement de la base militaire que le États-Unis exploite sur Diego Garcia est l’engagement pris par les autorités mauriciennes. Quelle est la posture des États-Unis sur le sujet ? Que faites-vous pour que les obstacles concernant les négociations de la souveraineté de Maurice sur les Chagos soient surmontés ?
Nous apprécions la déclaration du Premier ministre sur le maintien de la présence de Diego Garcia. Diego Garcia représente vraiment une ressource importante pour la sécurité régionale et mondiale. L’autre point que je voudrais souligner est que nous sommes encouragés par les discussions en cours entre le Royaume-Uni et Maurice. Mais il s’agit clairement pour eux d’une discussion sur la question de la souveraineté. Nous avons le sentiment que les deux parties souhaitent parvenir à une solution et nous apprécions la volonté de poursuivre dans cette voie. Les États-Unis ont été très clairs publiquement sur le fait qu’il s’agit d’une question bilatérale et qu’il est préférable que les deux parties parviennent à un accord.

Pravind Jugnauth a également récemment participé à un forum politique lié au développement durable, au siège des Nations unies à New York. Celui-ci a évoqué la nécessité d’un effort collectif mondial pour aider les pays en développement à se remettre de la pandémie, des conflits dans le monde et des effets du changement climatique. Est-ce une demande légitime ? Est-ce que des puissances économiques, comme les États-Unis, doivent aider en ce sens ?
Il s’agit d’une demande légitime. Le Président Biden a été très clair à ce sujet : nous devons répondre à cette demande. Les États-Unis se sont fortement engagés dans ce sens. Nous avons, par exemple, contribué aux vaccins contre la COVID-19 pour Maurice. Nous comprenons le problème du changement climatique. Il s’agit d’une question existentielle pour Maurice comme pour les États-Unis. Je reconnais que les États-Unis sont d’une certaine manière mieux placés pour y faire face en raison de leurs ressources et de leur envergure. Nous nous sommes penchés sur le type de programme que nous pouvons mettre en place à l’échelle mondiale et régionale.  

Le cours du pétrole Brent était à plus de 92 dollars en ouverture le 21 septembre. Plusieurs analystes craignent que l’on atteigne les 100 dollars cette année. Pensez-vous que l’on se dirige vers ce scénario ?
C’est une chose difficile à prévoir. Si l’on observe les tendances historiques, on constate que les prix montent parfois, mais qu’ils redescendent aussi. Lorsqu’il y a une demande, il y a une offre. Cela pourrait pousser les gens et les gouvernements à réfléchir à des alternatives et à renforcer les efforts en faveur des ressources renouvelables. C’est la direction que nous prenons de toute façon.

La Réserve fédérale américaine a maintenu ses taux après sa dernière réunion. Une hausse supplémentaire d’ici fin 2023 n’est pas à écarter. Cela n’est pas de bon augure pour les économies comme Maurice dont les banques centrales ont tendance à emboîter le pas à la FED…
Je ne suis pas économiste à proprement parler, je m’informe et j’observe. Ce que je comprends, c’est que l’économie mauricienne se porte plutôt bien et qu’elle a réussi à réduire l’inflation. De même, aux États-Unis, nous avons eu la chance de connaître un taux de chômage à un niveau historiquement bas.  L’inflation de base aux États-Unis est d’environ 3 % aujourd’hui et elle est en train de retomber à un niveau prépandémique. Les indicateurs économiques des États-Unis se portent bien.
 

 

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