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Largesses indécentes du PRB

Une des premières mesures prises par François Hollande après son accession à la Présidence en mai 2012 était de réduire le montant de son salaire, ainsi que ceux de ses ministres. En outre, les salaires des grands patrons d’entreprises dans lesquelles l’État est majoritaire avaient été plafonnés à 37 500 euros mensuellement. En Suisse, l’électorat s’était prononcé en masse lors d’un récent référendum en faveur d’un plafonnement des salaires des grands patrons. Chez nous, manifestement, c’est la tendance inverse qui est constatée. Il est consternant que des députés votent pour s’octroyer de substantielles augmentations salariales, alors que les employés au bas de l’échelle, ceux-là mêmes qui subissent le plus durement les effets de la perte du pouvoir d’achat, doivent se battre bec et ongles avec leurs employeurs pour obtenir ne serait-ce qu’une maigre pitance. Qu’apportera la nouvelle loi sur le salaire minimal ? Attendons voir ! L’on se souvient que le PRB de 2008 avait accordé au Premier ministre d’alors (Navin Ramgoolam) une augmentation de plus de 80 % de son salaire de base. Celui-ci passait de Rs 117 250 à Rs 210 000. Ce montant grimpait à Rs 282 000 après le PRB 2013, soit une nouvelle hausse d’environ 35 %. Le PRB 2016 propose au Premier ministre une augmentation de Rs 8 000, soit environ 3 % de hausse. Concernant les ministres, leurs salaires de base passaient de Rs 82 025 à Rs 145 000 en 2008, soit une augmentation d’environ 75 %. Il a été révisé à Rs 192 000 en 2013. Une  hausse de Rs 8 000, soit environ 4 %, est prévue en 2016. Shakeel Mohamed, chef de file des rouges à l’Assemblée nationale, vilipende ces nouvelles augmentations, les qualifiant « d’insulte à la population ». Il n’avait cependant trouvé rien à redire lorsque ses propres rémunérations comme ministre avaient connu une hausse faramineuse en 2013. Idem pour le leader de l’opposition, qui avait fini par accepter une hausse salariale de Rs 35 000, soit environ 30 %, en 2013. Il aurait dû contester avec véhémence de telles largesses indécentes du PRB, afin d’éviter l’établissement dans la fonction publique d’une nouvelle relativité salariale qui est, somme toute, difficile mais pas impossible, à chambouler aujourd’hui. Il convient de rappeler que si tous les dirigeants du pays (du président de la République au simple député) avaient été grassement récompensés par le PRB en 2008 et en 2013, c’est le Deputy Speaker qui avait proportionnellement obtenu la plus grosse augmentation. Ses rémunérations sont passées d’un seul coup de Rs 44 630 à Rs 100 000 en 2008, soit plus de 115 % de hausse. En 2013, elles ont atteint Rs 132 000. Il va sans dire que pour maintenir la relativité des salaires, ceux des hauts fonctionnaires avaient également connu les mêmes augmentations démesurées en 2008 : environ 70 % aux secrétaires permanents, 80 % au commissaire de police et 100 % au Chief Medical Officer… Est-ce que ces augmentations ont été suivies par une amélioration correspondante de la qualité de service au sein de la fonction publique ? La réponse du citoyen lambda est on ne peut plus évidente. Pourtant, le Premier ministre d’alors affirmait qu’une telle politique salariale était destinée à « attirer les meilleurs cerveaux vers la fonction publique ». Avons-nous finalement obtenu value for money ? La démocratie n’a évidemment pas de prix. Si des salaires dépassant l’entendement permettaient à notre pays d’être dirigé par des ministres et députés compétents et d’avoir des débats de qualité au sein d’une Assemblée nationale efficace pouvant prendre des décisions fondamentales pour assurer une meilleure qualité de vie à la population, le jeu en vaudrait la chandelle. Mais est-ce réellement le cas ? Est-ce que la précarité, la pauvreté et le chômage ont reculé durant cette dernière décennie ? Est-ce que les problèmes liés à la corruption, la fraude, l’immoralité publique, au law and order et à la politique des petits copains et copines ont été résolus ? Si l’actuel gouvernement soutient qu’il est en train de rectifier de nombreux cas d’abus perpétrés sous l’ancien régime, ne serait-il pas approprié, au nom de la décence et de la moralité professionnelle, mais surtout de la solidarité nationale, de revoir à la baisse le quantum de la relativité salariale établie en 2008 et 2013 ?
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