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Le chairman de l'IBA : «Kapav pou bizin pey frekans»

Le mardi 7 décembre 2021, alors qu’il intervenait dans l’émission « Au cœur de l’info », Bhooneswar Rajkumarsingh, Chairman de l’Independent Broadcasting Autority (IBA), a lancé à deux reprises une phrase qui pourrait être lourde de sens. « Kapav pou bizin pey frekans », a-t-il laissé entendre. « Mo finn dir frekans li pa peyan et li ‘scarce’. Me ki dir ki nou pa pou peye ? », a-t-il ajouté. Est-ce une simple réflexion ? S’agit-il de l’annonce d’une mesure en vue ? Ou encore est-ce une menace en demi-teinte ? 

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Il y a toutefois un point sur lequel Bhooneswar Rajkumarsingh a été catégorique : la fréquence est la propriété de l’État. Défendant la nouvelle IBA Act, il a affirmé que toute l’affaire a été politisée. Il a également donné l’assurance que l’IBA n’ira pas devant un juge en chambre pour obliger un journaliste à dévoiler sa source. Répondant à une question d’Al Khizr Ramdin à ce sujet, il a répondu : « Pa pou fer li… » 

Le Chairman de l’IBA avait face à lui Rajen Valayden, de la Plateforme pour la liberté d’expression, mouvement qui milite contre les amendements apportés à l’IBA Act. Le débat a été plutôt animé sur un sujet tout aussi brûlant. 

Indépendance de l’IBA 

Une des craintes exprimées par ceux qui s’opposent à la nouvelle IBA Act est l’indépendance de l’organisme. « Il sera indépendant », a assuré Bhooneswar Rajkumarsingh. Il a argumenté que les radios ne peuvent pas être des plateformes où il est possible de proférer des propos à caractère raciste. « Nous ne pouvons pas enflammer le pays », a-t-il dit. 

Parlant de la suspension d’une licence, il a fait ressortir qu’il y a une proportionnalité dans les sanctions infligées. Jusqu’à présent, a-t-il précisé, une radio a été suspendue pour quelques heures uniquement et une seule fois pendant deux jours. 

Independent Broadcasting Review Panel 

Le fait que le Chairman de l’Independent Broadcasting Review Panel sera nommé par le Premier ministre et l’indépendance même de ce panel sont remis en question. Selon Bhooneswar Rajkumarsingh, cela a toujours été le cas concernant les nominations. Il se demande comment fonctionne le commissaire de police alors que c’est le Premier ministre qui le nomme ? 

L’Independent Broadcasting Review Panel sera-t-il donc une pseudo-cour de justice ? « Le panel vient remplacer le Complaints Committee car celui-ci a pris beaucoup de temps dans le passé pour traiter des dossiers. Désormais, une personne se sentant lésée déposera une plainte à l’IBA et c’est le Board qui jugera. Avant cela, l’opérateur devra se justifier pour dire pourquoi il ne doit pas subir de sanction. Le panel ne s’occupera que de revoir les pénalités administratives », a expliqué Bhooneswar Rajkumarsingh. Il a cependant souligné que le Chairman du Complaints Committee, Gilbert Ithier, restera à l’IBA. 

Pour Rajen Valayden, « c’est un aveu » de tout ce que la Plateforme pour la liberté d’expression reproche à la nouvelle loi. Il a fait comprendre que devant le panel, il faudra prêter serment au risque d’être accusé de commettre un outrage, alors que devant le Complaints Committee ce n’était pas le cas. Face aux reproches sur la nomination des membres du panel, Bhooneswar Rajkumarsingh a lancé : « Dans ce cas, changeons de Constitution, car cela a tout le temps été ainsi. » 

Autre point troublant de cette loi : l’Independent Broadcasting Review Panel peut siéger en l’absence de son Chairman car deux membres suffisent pour constituer un quorum. Rajen Valayden a déploré le fait qu’il n’y ait pas d’aspect pédagogique dans la nouvelle IBA Act. « Si vous voulez contester la loi, allez-y », lui a dit Bhooneswar Rajkumarsingh. 

L’intervention de Dick Ng Sui Wa commentée 

Vendredi dernier, dans l’émission conjointe Radio Plus/Top FM, le Chairman de l’Information and Communication Technologies Authority a déclaré qu’il représente le gouvernement. « Si li finn dir sa, li pran so responsabilite », a réagi Bhooneswar Rajkumarsingh. 

Pourtant, Dick Ng Sui Wa, est membre du Board de l’IBA. Selon l’IBA Act, « a member shall cease to be a member when he becomes a member of a political party or actively… » Pour Bhooneswar Rajkumarsingh, il n’y a rien de politique dans l’intervention de son collègue. Il a insisté sur le fait que les amendements ont été politisés à outrance. 

Et la MBC dans tout cela ? 

Bhooneswar Rajkumarsingh dit pouvoir prouver que l’IBA est indépendant. Selon lui, il a sanctionné la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) à deux reprises : une fois à travers des directives écrites et une autre fois quand il a demandé à la station de radiotélévision nationale d’émettre une mise au point du père Jean-Maurice Labour. 

Il a ajouté que sur une radio privée, en presque deux mois, la même personne est intervenue 39 fois dans une émission. Il a expliqué que c’est grâce à un contrôle et sans que quelqu’un ne se plaigne que ce constat a été fait. 

Nawaz Noorbux a fait ressortir que les chaînes de la MBC sont inondées par les « défilés de ministres » et que le Premier ministre y passe plusieurs minutes presque tous les jours. Or, pendant ce temps, les conférences de presse du leader de l’opposition passent en voix-off. Pour Bhooneswar Rajkumarsingh, c’est « normal car il est le Premier ministre ». 

Alors que le Chairman de l’IBA donnait l’assurance que l’organisme traite toutes les plaintes, y compris celles concernant la MBC, Rajen Valayden a pris l’engagement de regrouper des citoyens pour déposer une plainte, preuves à l’appui, contre la station de radiotélévision nationale. Ce à quoi Bhooneswar Rajkumarsingh a rétorqué : « Wi, nou pou azir. » Il a soutenu qu’en 2007, le gouvernement avait préparé une ébauche concernant les pénalités administratives mais que celle-ci n’a jamais atteint le Conseil des ministres. 

Le paiement des radios finance l’IBA 

Bhooneswar Rajkumarsingh a déclaré que le paiement des licences des radios permet à l’IBA de payer ses loyers, entre autres dépenses. « Pas possible de travailler dans ces conditions à l’IBA », a-t-il ajouté, soulignant qu’en tant qu’institution « indépendante », l’organisme ne mettra pas la pression sur le gouvernement concernant les frais.

 

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