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Le Grand Journal : une passation de pouvoir légitime aux yeux de la loi

Pour débattre de la passation des pouvoirs entre sir Anerood et Pravind Jugnauth, le Grand Journal de Radio Plus a accueilli deux observateurs politiques, Jean-Claude de L’Estrac et Rajiv Servansingh.

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La passation des pouvoirs et sa légitimité

Le débat s’est porté sur la légitimité de cette passation des pouvoirs, surtout avec les commentaires du constitutionnaliste Parvez Dookee. Il affirme que, selon son interprétation de la Constitution, la passation des pouvoirs devait se faire à travers une élection, car le siège du Premier ministre était vacant.

Réfuter ses propos, Jean-Claude de L’Estrac dira que, selon l’article 117 de la Constitution, le Président de la République a les pleins pouvoirs de nommer celui qui commande une majorité au Parlement. « La passation des pouvoirs est légitime », dira-t-il. Pour Jean-Claude de L’Estrac, il y a un élément dynastique dans cette passation des pouvoirs, mais « il ne faut pas mélanger la démocratie, la loi et la moralité. »

La défection de Roshi Bhadain

C’est d’abord l’absence de Roshi Bhadain qui a retenu l’attention. Rajiv Servansingh explique que le rapport de force entre l’ancien ministre de la Bonne gouvernance et l’actuel Premier ministre s’est penché en faveur de Pravind Jugnauth. Il a évoqué l’épisode Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui avait été délogé de son poste aux Finances. Roshi Bhadain, qui avait eu un rôle important dans cette affaire, lorgnait ce maroquin. « Toutefois, Pravind Jugnauth a soutenu Vishnu Lutchmeenaraidoo et c’est là qu’on a vu sa montée en puissance et le déclin de Roshi Bhadain. »

Jean-Claude de L’Estrac fait, lui, allusion à l’ambition politique de Roshi Bhadain, celle de fonder un parti. Il affirme que Roshi Bhadain pourrait envisager cette option. « Il ne faut pas penser que sa carrière politique se termine avec son départ. Au contraire, il se peut que ce soit le début ».  L’ancien Secrétaire Général de la Commission de l’Océan indien explique que Roshi Bhadain a cru qu’il allait tout écraser avec le soutien de sir Anerood Jugnauth. « Maintenant, cet homme, vilipendé par tous les partis de l’Opposition, est reconnu pour ses qualités par ces mêmes partis », fait valoir Jean-Claude de L’Estrac. « Paul Bérenger, Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval peuvent très bien accueillir Roshi Bhadain. Il a un avenir. »

Le nouveau rôle de SAJ

« Un titre honorifique », selon Rajiv Servansingh. Il cite, comme exemple, l’abandon du projet Heritage City et le licenciement de Megh Pillay qui a échappé au contrôle de sir Anerood Jugnauth au profit de son fils. Il affirme qu’avec Pravind Jugnauth comme Premier ministre, SAJ sera un ministre comme les autres.

Jean-Claude de L’Estrac n’est pas de cet avis. Il affirme que l’ancien Premier ministre, fort de ses 54 ans d’expérience, « fera de l’ombre à son fils ». Il aura un contrôle considérable sur le gouvernement, selon l’ancien politicien. « Ce n’est pas très bon pour Pravind Jugnauth ». Il ajoute que le Premier ministre doit se libérer de son père.

Démission en bloc

La démission en bloc de l’opposition n’est pas une bonne idée, selon les deux observateurs politiques. Le gouvernement peut bien organiser des élections partielles et n’aligner aucun candidat. « Les députés de l’opposition démissionnaires se retrouveront aux mêmes sièges», affirme Rajiv Servansingh. Cependant, Jean-Claude de L’Estrac explique que cela risque d’être contre-productif si la majorité aligne des candidats et que quelques-uns sont élus. 

Les défis

Pravind Jugnauth a bien fait de conserver le portefeuille des Finances. Toutefois, il aura de grands chantiers sur les bras. Rajiv Servansingh rappelle qu’il y aura les projets routiers et le métro entre autres. Le plus gros problème, c’est le manque de ressources humaines, affirme, pour sa part, Jean-Claude de L’Estrac. « Il faut qu’il y ait une grande ouverture et recruter des étrangers, car il y aura un manque de main-d’œuvre dans les moyen et long termes, car la population diminue ».

 

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