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Le plus grand zoo d'Ukraine piégé près de la ligne de front

Le zoo de Mykolaïv se targuait déjà d'être le plus grand d'Ukraine, il expose maintenant de nouveaux spécimens: plusieurs roquettes russes y sont tombées dont deux à sous-munitions, accusent ses responsables, piégés avec des milliers d'animaux sans perspective d'évacuation.

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Au moment où retentissent les sirènes d'alerte dans cette ville-clé sur la route d'Odessa, principal port d'Ukraine (Sud-Ouest), un léopard gratte nerveusement les barreaux de sa cage.

Mais il est difficile de dire si ce léopard de l'Amour, "la plus rare sous-espèce de ce félin", réagit au bruit strident ou à la présence désormais inhabituelle d'inconnus, après plus de trois semaines de fermeture aux visiteurs, explique à l'AFP un naturaliste du zoo, Viktor Dyakonov.

La première roquette, tombée le 27 février et qui a fracassé le dallage du promenoir longeant la fosse des tigres et de l'ours polaire, se trouve désormais dans le musée du zoo fondé il y a plus de 120 ans.

Personne n'a été touché, ni parmi le personnel ni parmi les quelque 4.000 animaux revendiqués par l'établissement, mais cet épisode a été "particulièrement stressant, avec une bataille de chars à 600 mètres du zoo", indique le volubile directeur, Volodymyr Topchy.

Depuis, trois autres roquettes se sont abattues dans le zoo dont une dans la volière de l'outarde, un oiseau rare figurant sur les armoiries traditionnelles de l'Ukraine.

Deux de ces engins sont alignés le long d'un mur du bâtiment de l'administration. Il s'agit de roquettes de type "Ouragan", des projectiles à sous-munitions, selon le personnel du zoo.

L'ONU, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont dénoncé l'utilisation de sous-munitions par l'armée russe, notamment dans le Nord-Est de l'Ukraine, interdite par la convention d'Oslo de 2008 mais que Moscou n'a jamais signée.

Les bombes à sous-munitions (BASM), très imprécises, se dispersent sur un vaste périmètre frappent une immense proportion de civils et peuvent tuer et mutiler bien après la fin des hostilités car toutes n'explosent pas immédiatement.

- Espèces menacées -
Sur quelque 400 espèces représentées dans le zoo, près de la moitié sont inscrites sur la liste rouge mondiale des espèces menacées, souligne le directeur.

Mais leur évacuation de la ville, reliée par un pont sur le fleuve du Boug méridional au reste du territoire toujours contrôlé par l'armée ukrainienne, serait actuellement irréalisable.

"Il n'y a pas assez de moyens de transport pour acheminer les animaux, d'autant plus que la seule route vers Odessa est très encombrée", explique Volodymyr Topchy.

"Et il fait encore très froid, si nous emmenons les girafes, les éléphants, les hippopotames ... ils risquent de ne pas survivre", ajoute-t-il, excluant de les abandonner.

Malgré les difficultés, une centaine de membres du personnel continue à "travailler héroïquement", dormant parfois sur place pour éviter les trajets aléatoires et périlleux, poursuit-il.

C'est le cas du naturaliste, Viktor Dyakonov, qui s'est installé là avec son épouse, vétérinaire.

"Pour venir de l'endroit où j'habite il faut franchir un pont qui est abaissé et relevé à des horaires indéterminés. Je n'ai donc aucune certitude de pouvoir aller au travail", raconte-t-il. "C'est pourquoi ma femme et moi avons décidé de rester au zoo pour un moment, tant que la situation est aussi instable".

Dans l'ensemble, les pensionnaires du zoo continuent pourtant à "mener une existence tranquille", affirme une soigneuse, Olga, observant la femelle hippopotame, Rikky, qui s'ébroue paresseusement dans son bassin.

"Aujourd'hui nos animaux mangent et se reproduisent, ils vont bien", assure le directeur.

Le 8 mars, sous d'intenses bombardements, une femelle léopard a même accouché d'un bébé se félicite-t-il: "c'est le printemps, les naissances vont commencer".

© Agence France-Presse

 

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