Economie

L’économie peu présente dans le Budget

Pour 83 % des sondés, le budget de 2017-2018 néglige l’économie et ne lui donne pas les moyens de relever le défi de ses ambitions.

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1. Comment qualifiez-vous le budget de 2017-2018 dans son ensemble ?

Encore un Budget passable

Comme celui de l’année dernière, le ministre des Finances Pravind Jugnauth a présenté un budget passable. C’est ce que pensent 73 % des sondés. Pratiquement personne n’a qualifié ce budget de bon. Pour eux, « c’est un budget sans grande vision », qui n’a aucune feuille de route. Car « the budget lacks measures to boost the economy », et « there are no new ideas, no economic stimuli, but only a few token hand-outs to the lower end of the society », ainsi que « some measures meant to support the economy in meeting its socio-economic ambitions ». Un économiste regrette que « measures to promote the country as a reputed international financial centre are either lacking or not adequately designed ».

2. Pensez-vous que ce budget permet de « relever le défi de nos ambitions » ?

Manque d’ambition

Le discours budgétaire a pour titre « Rising to the challenge of our ambitions ». Mais 83 % des personnes interrogées sont d’avis que ce budget ne permet pas de relever le défi de nos ambitions, à moins que nous ayons une « ambition limitée ». Le fait est que « the challenges are immense but our response is very shy ». Un de ceux-ci concerne les pensions, mais « there is nothing to encourage long term savings, i.e. saving for retirement ». Si c'est « un budget de renouveau qui jette les bases des trois prochaines années avec les divers projets d’infrastructure », il faut savoir que « those projects need time before coming out of ground ». Et puis, « instead of having a vision for 2030, the signal has already been given that taxes will be increased for the economic drivers ».

3. Dans quelle mesure l’économie a-t-elle été prise en compte dans ce budget ?

L’économie négligée

Toujours pour 83 % d’analystes, le budget de 2017-2018 a insuffisamment pris en compte l’économie. Ils notent que « except for investment in infrastructure, there are few impactful measures ». Ainsi, « l’impact du budget sera négligeable sur l’économie, hormis les investissements dans les infrastructures publiques ». S'il y a quelques mesures en faveur de l'exportation, on fait ressortir que « there are other pillars of the economy than the export sector, and the Minister of Finance ignores them at his peril ». C'est pourquoi « bearing in mind the extent of domestic imbalances and the persistently exigent global economic and trade landscape, a wider and bolder range of policy initiatives and of structural reform measures is required to meaningfully and consistently boost investor and business confidence, sectorial performances, private investment, economic growth and employment creation ».

4. Quelle est votre prévision de la croissance économique pour l’année 2017-2018 ?

4,1 % ou plus     3%
4,0 %     23%
Inférieure à 4,0 %     73%

La croissance en deçà de 4 %

Le Budget vise une croissance économique de 4,1 % en 2017-2018, contre 3,9 % en 2016-2017 (au lieu des 4,1 % prévus par le Budget de l’année dernière). Il faut aussi noter que Statistics Mauritius prévoit 3,8 % pour 2017. Les analystes sont quasiment unanimes à dire que le Grand argentier ne réalisera pas son objectif de croissance encore une fois. Question intéressante : « When did we ever do better than the Statistics Mauritius’ prediction? ». Encore que « all will depend on whether the infrastructure projects will happen ». Un économiste précise que « although investment in infrastructure projects should give a boost to the economy in the periods ahead, growth in the next financial year is likely to remain subdued on account of execution lags of projects, the import content of these projects and the tepid evolution of exports as projected by the authorities themselves ».

5. Selon vous, les niveaux de la dette du secteur public sont...

La dette publique inquiète

La dette du secteur public s’élève à 66,1 % du PIB en 2016-2017, alors que le Budget de l’année dernière visait 62,8 %. Le ministère des Finances compte la réduire à 63,0 % en 2017-2018, à 62,8 % en 2018-2019 et à 62,2 % en 2019-2020. Ces niveaux de la dette demeurent néanmoins inquiétants pour trois répondants sur cinq. Encore qu’on ne tienne pas compte de la ligne de crédit de 500 millions de dollars de l’Inde. S’endetter pour des activités productives n’est pas mauvais, « provided that the investments yield adequate
returns ». Mais « we do not want to become another Greece or Venezuela, so some prudence is needed ». Car « the uptrend in debt metrics lately might send the wrong signals to the international community, notably Moody’s. It would be important that clear targets be set and institutionalised, considering the still below-par growth ».

6. Comment voyez-vous les mesures visant à aider les entreprises locales à exporter ?

TRÈS Favorables    17%
SUFFISAMMENT Favorables     53%
PAS ASSEZ Favorables     30%


Encouragement à l’exportation 

Le Budget aligne quelques mesures incitant les entreprises orientées vers le marché domestique à exporter, parmi lesquelles une imposition de 3 %, au lieu de 15 %, des bénéfices générés par l’exportation. Sept analystes sur dix trouvent ces mesures suffisamment ou même très favorables à l’exportation. Pour certains, « a big incentive to go on an export drive », mais pour d’autres, « this will not change things, as there needs to be taxable income in the first place! » Or, « the local companies are faced with lack of market access, efficiency, technology roll-out and skilled technicians ». Donc, « to boost the exports of goods in a perceptible way, it is essential that more ambitious measures be adopted, notably relating to the productivity of resources and to the range and depth of our value proposition ».

7. S’il faut choisir entre l’impôt négatif et le salaire minimum, lequel préférerez-vous ?

Impôt négatif    37%
Salaire minimum     63%

Préférence au salaire minimum

En marge du Budget, le gouvernement a annoncé l’introduction d’un salaire minimum national en janvier 2018. Il vient maintenant avec un impôt négatif sur le revenu, qui sera effectif à partir du premier semestre de 2018. S’il faut choisir entre l’un et l’autre, 63 % des sondés préféreront le salaire minimum. Celui-ci « is a must », car « the salaries that employers pay to the lower scale of salaries are indecent ». De plus, « minimum salary would be more effective », alors que « l’impôt négatif va alourdir le déficit public ». Mais d’autres analystes diront que « minimum salary may result in layoffs », que l’impôt négatif « encourages people to work and to submit their tax return », et que « de ce fait, le taux de chômage va baisser ».

8. Pour vous, quel signal envoie l’introduction de la taxe de solidarité à la communauté des affaires ?

Les analystes pas solidaires

Il est écrit dans le discours budgétaire que sera créée une « solidarity levy on high income earners », suivant laquelle « individuals having chargeable income plus dividends in excess of Rs 3.5 million will be required to pay 5 per cent of the excess ». Cette taxe de solidarité divise les analystes quant au signal qu’elle envoie à la communauté des affaires. Si 43 % le considèrent mauvais, deux répondants sur cinq estiment qu’il est neutre. Même si « dividends are commonly taxed in other countries », il est incohérent de taxer les dividendes, mais pas les intérêts, d’autant que « dividends cannot be taxed twice ». Du reste, « this levy could have some distortionary effects, considering the differing treatment of savings instruments ». Enfin, « we have been selling Mauritius for the last 10 years as a simplified tax regime of 15 %, and now we are shooting ourselves in the foot! »

 

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