Débat

Légalisation du cannabis : la pression populaire s’intensifie

Cannabis Photo d'illustration.

La dépénalisation du cannabis est devenue ces dernières années un sujet qui soulève bien des passions. Nombreux sont les individus, députés, organisations non-gouvernementales à prendre position ouvertement pour une révision de la loi concernant l’usage et le commerce du cannabis. Maurice doit-elle emboîter le pas à d’autres pays qui ont décidé d’assouplir leurs positions concernant cette plante ? Une marche mondiale du cannabis sera organisée le 5 mai prochain.

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L’assouplissement de la loi concernant le cannabis est perçu par beaucoup comme une mesure progressiste. La légalisation, la décriminalisation et la dépénalisation du cannabis sont des questions qui sont en train d’être soulevées à travers le monde. Ceux qui sont en faveur de la légalisation ne manquent pas de citer le Canada qui s’apprête à rendre le cannabis légal à partir du 1er juillet 2018, comme avait promis Justin Trudeau, le Premier ministre, pendant sa campagne électorale, en 2015.

Un des nouveaux mouvements, qui vient de s’engager dans la lutte pour la légalisation du cannabis à Maurice, est le Kolektif 420 mené par Jameel Peerally. Ce dernier invite les dirigeants mauriciens à adopter une attitude plus progressiste concernant le cannabis. « Le monde et les lois à travers le monde sont en train de changer. Les méthodes de répression s’agissant du cannabis ont été des échecs. »

Ce dernier, qui s’était présenté devant la commission d’enquête sur la drogue, avait au cours de son audition proposé que le cannabis soit enlevé de la Dangerous Drugs Act. Il est inconcevable, selon lui, de mettre le gandia dans le même panier que des drogues dures, telles que l’héroïne ou encore le brown sugar. Une marche mondiale du cannabis sera organisée le 5 mai prochain

Outre l’aspect récréatif du cannabis, cette plante, selon Jameel Peerally, possède d’autres vertus. « Le chanvre qui est un composant du cannabis peut, par exemple, être utilisé pour la production de biocarburants. » N’empêche que malgré les différents arguments avancés en faveur du cannabis, une question revient sans cesse : Maurice est-elle prête pour revoir sa position concernant cette plante ?

L’avocat Rama Valayden ou encore la députée de l’opposition Danielle Selvon pensent que oui. Dans un document que cette dernière avait remis à la commission d’enquête sur la drogue, elle n’a pas manqué de faire ressortir que le cannabis était légal à un certain moment à Maurice, soit de 1883 à 1934. « Le fait que le gandia a été légal à un moment de notre Histoire démontre que Maurice a en fait été toujours prête. Les conservateurs se cachent toujours derrière le même argument concernant les mesures progressistes.  » De son côté, l’ancien Attorney General ajoute : «  On avait aussi dit que Maurice n’était pas prête pour le droit de vote. C’est pour vous dire à quel niveau peuvent descendre les réactionnaires. »

La légalisation du cannabis fait aussi ressortir Me Valayden , s’est révélée être un pari gagnant dans différents pays. Il prend pour exemple la Jamaïque qui a rendu le cannabis légal sous certaines conditions, avec pour conséquence directe une importante baisse dans la violence et la criminalité. Et de souligner : « On vient également témoigner d’un changement de prise de position des Seychelles. La chef juge vient d’annoncer qu’il faut revoir la loi concernant le cannabis. »
Danielle Selvon, la députée du Mouvement militant mauricien (MMM), propose ainsi de procéder à des amendements nécessaires pour dépénaliser le gandia industriel défini par sa teneur en THC via l’analyse chimique d’après des normes des Nations unies et des États-Unis. La députée invite aussi le Mauritius Research Council (MRC) à mener une étude sur le cannabis médicinal.

Un sondage publié en février par Afrobarometer est toutefois venu refroidir l’enthousiasme de ceux qui sont en faveur de la légalisation du cannabis. Selon ce sondage, la décriminalisation de cette plante n’est pas acceptable à Maurice. Des 1 200 personnes interrogées, 66 % disent être contre cette idée. Me Rama Valayden est toutefois d’avis que pour mieux mesurer l’opinion publique sur le cannabis, il aurait été préférable d’avoir recours à un référendum. Il se dit persuadé que les réformistes gagneront haut la main.

La bataille pour la légalisation du gandia est cependant loin d’être gagnée. Le gouvernement ne veut pas en entendre parler. Au cours de ces différents discours, le Premier ministre Pravind Jugnauth a affirmé avec force que la légalisation du cannabis ne serait jamais une réalité aussi longtemps qu’il serait au pouvoir. Ravi Rutnah, député de la circonscription Piton / Rivière-du-Rempart (No 7), est lui aussi convaincu que la légalisation du gandia ne doit jamais devenir une réalité à Maurice. « Plusieurs recherches scientifiques démontrent que la consommation du cannabis est nocive pour le cerveau. » Pour le député, la consommation du gandia laisse la porte ouverte à la prise d’autres drogues.

La légalité du cannabis à travers le monde

Parmi les pays qui ont revu leurs positions concernant le cannabis, on compte l’Urugyay qui a légalisé le cannabis depuis 2013. Dans ce pays, les usagers doivent s’inscrire sur un registre et peuvent acheter 40 grammes par mois ou cultiver jusqu’à six plants. La consommation et la vente du cannabis ont aussi été légalisées au Colorado, aux États-Unis. Le cannabis est aussi légal dans d’autres États américains, tels que celui de Washington, l’Alaska, l’Oregon. La consommation du cannabis est aussi légale en Argentine, aux Pays-Bas, en Espagne, au Portugal. La possession d’un maximum de 15 grammes de cannabis est aussi autorisée dans certaines régions d’Allemagne.

 

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