Economie

Les 5 priorités du Budget

À deux jours de la présentation du Budget 2016-2017, les spéculations continuent sur l’orientation et le contenu de cet exercice annuel. La récente annonce à l’effet que ce sera un Budget totalement différent des exercices précédents ne fait qu’alimenter le suspense. En quoi sera-t-il différent ? Dans la forme ? Dans le fond ? On parle déjà de ‘mesures audacieuses’ et de ‘risques à prendre’.

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En contraste, on entend de moins en moins le terme ‘miracle économique’. Mais ce qui intéresse le peuple, c’est surtout l’annonce des ‘mesures extrêmement fortes’… Le conseiller économique spécial du ministère des Finances parle, lui, d’un véritable ‘déclic’ pour booster la croissance. La population attend avec impatience des mesures pour améliorer leur quotidien, alors que le monde des affaires veut une relance économique pour redonner confiance aux entrepreneurs et investisseurs. Pour le principal concerné, c’est à la fois un pari hautement risqué et une opportunité exceptionnelle. Pari risqué parce que les attentes sont grandes, le contexte difficile et les défis énormes. Opportunité, parce que c’est l’unique chance de démontrer sa capacité à prendre des décisions majeures, voire radicales, pour redessiner notre paysage économique, afin de non seulement consolider notre acquis, mais d’optimiser nos ressources limitées pour élargir le gâteau national et assurer sa pérennité pour une redistribution plus juste et équitable.

1 Booster la croissance

Le monde des affaires veut une relance économique pour redonner confiance aux entrepreneurs et investisseurs.
Le monde des affaires veut une relance économique pour redonner confiance aux entrepreneurs et investisseurs.

 

C’est la condition sine qua non dans la conjoncture. La croissance revient comme un leitmotiv dans tous les discours économiques. Maurice aspire à devenir une nation à hauts revenus et sans une croissance supérieure, l’objectif ne sera pas atteint. Mais comment booster la croissance ? Le ministre des Finances a déjà annoncé son intention de relancer le secteur manufacturier, le tourisme, les services financiers et d’autres secteurs émergents comme les énergies renouvelables. Attirer plus d’investissements directs étrangers aura également un impact positif sur la croissance.

2 Créer plus d’emplois

Le chômage inquiète. L’un des facteurs à considérer est l’employabilité. Beaucoup de personnes sans emplois ne peuvent pas se faire embaucher à cause du fameux ‘mismatch’ entre la demande et l’offre des ‘skills’. Ce n’est qu’à travers la formation que ce problème sera résolu. Les Petites et moyennes entreprises devront se tourner de plus en plus vers l’exportation pour pouvoir créer des emplois, mais d’abord il faut que leurs produits soient rehaussés pour concurrencer les autres sur le marché international. Un nouveau courant de pensée estime que les PME créent, certes, des emplois, mais c’est au niveau des micro-entreprises que la création d’emplois est plus rapide. On doit donc s’attendre à une pléiade de mesures budgétaires pour encourager l’éclosion des micro-entreprises. Un autre courant de pensée veut que l’embauche des étrangers soit restreinte afin de donner l’opportunité aux Mauriciens. Certains ministères, à l’instar du Tourisme, appliquent déjà une politique restrictive. Mais ces mesures subites, sans étude d’impact, ne risquent-elles pas de plutôt réduire les opportunités et d’augmenter le chômage ?

3 Améliorer le climat des affaires

On ne le dira jamais assez. La bureaucratie étouffe les entrepreneurs et affecte l’efficacité et la productivité. Les gouvernements successifs se sont attaqués au ‘Business Facilitation’, mais dans beaucoup de cas, on s’attarde sur la forme, plutôt que sur le fond, et même dans les rares cas où on ‘informatise’, on ne fait que mettre le système actuel en ligne, sans l’améliorer. On a beaucoup parlé des réformes, de la rationalisation des permis et licences, de la revue des procédures, etc. Le climat des affaires demande à être davantage amélioré pour libérer les entrepreneurs et les investisseurs des vices procéduraux. Une priorité du Budget, selon notre source.

4 Réduire les dépenses

Beaucoup de personnes sans emplois ne peuvent pas se faire embaucher à cause du fameux ‘mismatch’ entre la demande et l’offre des ‘skills’.
Beaucoup de personnes sans emplois ne peuvent pas se faire embaucher à cause du fameux ‘mismatch’ entre la demande et l’offre des ‘skills’.

 

Le ministre des Finances a déjà déclaré la guerre aux gaspillages de fonds publics. Donnant l’exemple lui-même, il a préféré lire son discours pour une fonction de promotion d’investissement par vidéo conférence au lieu de faire le déplacement à l’étranger. Il cible également les ‘per diem’ des missions officielles. Réduire les dépenses publiques est une grande priorité, d’autant plus qu’il prône ‘la discipline fiscale et la prudence financière’, surtout avec le niveau de la dette publique qui se détériore. La réduction des dépenses publiques touchera-t-elle aussi aux investissements publics ? D’autres questions qui reviennent sur le tapis : un ciblage pour les allocations sociales ? Une nouvelle politique des subsides ?

5 Un meilleur cadre de vie

La population dans son ensemble en a marre d’attendre des lendemains meilleurs. Chaque nouveau gouvernement vient avec le même refrain : héritage catastrophique, marge de manœuvre limitée, contexte économique difficile, etc. Cette année, on met beaucoup l’emphase sur le renouveau : budget totalement différent, budget de rupture, une autre façon de voir les choses, etc. Tout cela donne un nouvel espoir à la population et un budget vraiment différent suscitera sans nul doute une adhésion totale. Pour donner un meilleur cadre de vie, il faut régler les problèmes du transport, qui vit déjà à l’ère des ‘low floor buses’, en attendant la réorganisation des gares et l’amélioration du service en général. Les infrastructures publiques sont aussi à l’agenda avec de nouveaux projets à venir : des kilomètres de trottoirs, des drains, des centres de loisirs, etc. Après plus d’une année de perception morose et de ralentissement, le ‘feel good factor’ sera-t-il de nouveau au rendez-vous ? Réponse : le 29 juillet.  


   

Agenda

Le ministère des Finances et du développement économique a publié, le week-end dernier, un agenda du déroulé de la journée du vendredi 29 juillet 2016, jour de la présentation du Budget 2016-2017 au Parlement à la Government House à Port-Louis, par le ministre des Finances et du développement économique, Pravind Jugnauth. On y apprend que la journée débutera par un prélude au discours ouvert au public, et notamment aux internautes qui ont donné leurs opinions sur le site internet mauritiusfinance.com. Cet événement se tiendra de 16h40 à 17 heures au Sir Harilal Vaghjee Memorial Hall de la New Government House, à Port-Louis. Il sera animé par l’économiste Renganaden Padayachy. La présentation du Budget par Pravind Jugnauth aura lieu au Parlement de 17 heures à 19 heures et sera retransmise en direct au Sir Harilal Vaghjee Memorial Hall. De 19h15 à 19h45, Pravind Jugnauth se rendra dans cette salle pour donner des explications aux membres du public présents.  


   

Ces chiffres à retenir

Le Budget national, c’est aussi la présentation des chiffres. Les méthodes de calcul font déjà débats. Alors que c’était lors de son mandat précédent comme ministre des Finances que Pravind Jugnauth avait changé le Central Statistical Office (CSO) en Statistics Mauritius, il se peut que cette fois encore, des changements soient annoncés sur le fonctionnement même de cette institution afin d’innover sur les méthodes de compilations de chiffres, entre autres.

2015-2016
  • Croissance : 3,1 %
  • Taux de chômage : 7,9 %
  • Inflation : 1,3 %
  • Dette publique au 31 décembre 2016 : Rs 260,7 milliards
  • Dette publique % PIB : 56,4 %
  • Revenus fiscaux : Rs 70 milliards
2016-2017
  • Croissance : 3,6 %
  • Taux de chômage : 7,7 %
  • Dette publique au 31 mars 2016 : Rs 267 milliards

 

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