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Les anonymes derrière les statistiques : les familles des décédés de la Covid-19 en souffrance 

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42 décès ont été recensés en une semaine. Parmi, 14 sont âgés de moins de 60 ans. Ces chiffres ont été révélés le vendredi 5 novembre par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, lors de la conférence de presse du National Communication Committee sur la Covid-19. Si pour certains, ces nombreux cas ne sont que des chiffres, pour d’autres, ils pleurent la disparition d’un proche. Rencontre émouvante. 

Dans leur chambre, des photos-souvenirs avec leur père, cet homme aimant qui leur manque. C’est encore difficile pour les enfants d’accepter ce départ, même si cela fait un mois maintenant qu’il n’est plus. Shiron, 16 ans, et Dhanvi, 14 ans, deux collégiens, puisent la force en eux pour reprendre le chemin de l’école. Entre-temps, ils essaient de s’accrocher aux leçons en ligne et de ne pas trop y penser. Mais ce n’est pas tous les jours facile. 

Écouter les infos, entendre le nombre de morts chaque jour. Ces chiffres, « prononcés en quelques secondes, comme si de rien n’était », attisent la colère des proches qui ont perdu un des leurs. « C’est une grande souffrance pour nous. Nous sommes dans le flou, nous ne comprenons pas ce qui se passe et personne ne nous donne des réponses. Cet être cher que nous aimons et qui s’en va n’est qu’un chiffre pour les autorités, mais pas pour nous… », crient-ils. 


Pinky et Suraj étaient  mariés depuis 19 ans.
Pinky et Suraj étaient mariés depuis 19 ans. 

Pinky Fokeer : « De jeunes parents meurent et laissent derrière eux des familles déchirées »

Il n’avait que 42 ans et croquait la vie à pleines dents. Suraj Fokeer, un habitant de Bambous, a rendu l’âme le 28 du mois dernier. Ses proches sont toujours sous le choc. Ils ne savent pas comment le père de famille a contracté la Covid-19. « C’était un samedi. Il a fait un premier test à l’hôpital et il était négatif. Mais, comme il avait des difficultés à respirer, il a dû effectuer un autre test au Casualty et le test s’est révélé positif. Il a dû être admis, car il avait besoin d’oxygène », explique son épouse Pinky. Les deux travaillaient ensemble dans leur entreprise de gâteaux, qu’ils livraient également à domicile. 

« Monn koz ek li lor WhatsApp tou le landemin, me lindi matin zot inn anons mwa ki linn desede ver 9 er. Depi gramatin mo ti pe sone me pa ti pe gayn li. Mo mem mo pa konpran kinn arive », relate l’épouse. Suraj et Pinky se connaissaient depuis 27 ans et comptaient 19 ans de mariage. La veuve explique qu’elle doit maintenant se débrouiller pour faire tourner l’entreprise, et en tant que nouvelle chef de famille, elle se doit d’assurer.


 

Ornella Gracieuse : « Nous avons appelé en vain jusqu’à ce que papa meure devant nous… » 

Perdre son père est une souffrance aiguë. Mais pour Ornella Gracieuse, comme pour les autres membres de sa famille, c’est encore plus dur, vu les circonstances dans lesquelles il est mort. C’était un 28 septembre. Son père, âgé de 53 ans, est décédé à domicile. « On n’a aucune idée en ce qui concerne la manière dont il a contracté le virus. Il était très malade le samedi qui a précédé son décès. On pensait que c’était une simple grippe, car il avait reçu sa dose de Johnson & Johnson. Et quand il a été testé positif, on lui a demandé de rester en auto-isolement. Cependant, son état de santé s’est détérioré ». 

Patrick Cloridor.
Patrick Cloridor.

Les proches avancent qu’ils n’ont pas cessé d’appeler la hotline quand leur père allait mal, mais en vain. « Ils nous ont dit qu’ils s’occupaient d’un autre cas urgent et qu’ils ne pouvaient pas venir. On les suppliait de venir, car on voyait qu’il allait très mal, mais rien à faire. Personne n’est venue. Nous avons aussi appelé le SAMU. ‘Zot inn dir nou si dimounn la pozitif zot pa kapav vini’ ». 

Quelques heures plus tard, Patrick Cloridor est mort sous leurs yeux. « Net met ou dan nou plas. Mazinn ou ki ou devan ou papa ki li pe mor e ou pa kapav fer nanie pou li. Ou kriye ou plore personn pa vini. Zot net dir ou al lakaz res ou lakaz mem. Omwin kan nou sone ti bizin kapav reponn nou. Pa les nou koumsa mem siplie zot ek les nou get nou fami mor dan lakaz », s’insurgent les proches. 

De plus, ils ont dû attendre plusieurs heures avant que le corps ne soit récupéré. « Il a rendu l’âme vers 18h30 et jusqu’à trois heures du matin, le corps était à la maison. La compagnie funéraire a avancé qu’elle ne pouvait pas prendre le corps et qu’elle allait uniquement faire le trajet de l’hôpital au cimetière. Il fallait donc attendre que les autorités emmènent le cadavre à la morgue ». 
 

 

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