Débat

Limitation du mandat d’un Premier ministre : les députés ouverts à un changement

S’il fallait voter demain, en son âme et conscience, pour ou contre la limitation du mandat d’un Premier ministre (PM), que se passerait-il au Parlement ? Comme le sujet a été évoqué au Mouvement socialiste militant, Le Défi Quotidien a posé la question aux députés. Il ressort que la tendance est favorable à un amendement en ce sens.

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Les membres du Parti mauricien social-démocrate et du Mouvement Patriotique suivent la ligne officielle du parti et disent oui à l’unanimité. Du côté du Mouvement militant mauricien, on est plus nuancé, préférant évoquer des solutions plus vastes pour assurer le renouvellement. Paradoxalement, les quelque parlementaires qui se prononcent contre sont, pour la plupart, de la majorité gouvernementale.

 

 

 

Bashir Jahangeer (MSM) : « Il faut appliquer le même principe qu’à l’étranger, comme aux États-Unis. Soit une limitation de deux mandats. Ce qui donnera la chance aux autres Mauriciens et évitera toute forme de corruption. »
 
Fazila Daureeawoo, (MSM) : « C’est un sujet qui nécessite la réflexion. Nous devons organiser des débats et je pourrai donner une réponse plus précise après. »
 
Sunil Bolah (MSM) :  « Je suis contre. Le PM choisit et dirige son équipe. Pour le bien de la continuité, il est important, parfois, qu’un chef de gouvernement reste à son poste. Mais il faut organiser un débat sur le sujet. »

 

 

 

Ezra Jhuboo (PTr) : « Je suis pour une limitation de mandat. Cela apportera plus de démocratie et libérera l’espace démocratique en politique. Mais il y a aussi le revers de la médaille. Certains peuvent avoir du talent, mais ne réussiront pas à faire preuve de cette prédisposition. »
Leela Devi Dookun-Luchoomun (MSM) : « Quand on parle du mandat d’un PM, on parle aussi d’une vision. Limiter est limitatif, parce qu’on ne sait pas ce que l’on a comme projet. Une vision prend du temps pour être mise en œuvre. On ne peut pas venir dire un ou deux mandats. »
Sandya Boygah (MSM) : « J’attends de connaître la ligne du parti. »

 

 

 

Mahen Jhugroo, (MSM) : « Le pays a un jeune et dynamique PM de 55 ans qui a une vision. Nous ne pouvons mettre des restrictions. Trois mandats, c’est idéal. Mais c’est au peuple de décider s’il veut que le chef de gouvernement, les ministres et les députés continuent. »
Zouberr Joomaye (MSM) : « Il faut connaître le mécanisme approprié. La limitation apportera-t-elle un renouvellement de la classe politique ou c’est juste dans le contexte actuel ? En 50 ans d’indépendance, le pays a connu cinq PM. C’est surtout la limitation du nombre de mandats à la députation dans une même circonscription qui est importante. »
Thierry Henry, (PMSD) : « Au PMSD, on compte venir avec un changement de la Constitution afin qu’un PM ait uniquement deux mandats consécutifs et pas plus. »

 

 

 

Alan Ganoo (MP) : « Autant que je m’en souvienne, je suis le premier député à avoir parlé de restriction de mandat d’un PM, il y a quelques années. Il y avait même une motion au Parlement dans laquelle j’ai demandé qu’on réactualise la Constitution. Une limitation de mandat est indispensable. »
Malini Sewocksingh, (PMSD) : « Nous avons inclus la limitation de mandat dans notre manifeste électoral. Je suis pour un tel projet. Durant le premier mandat, le PM pourra réaliser ses idées. Il pourra poursuivre le travail commencé lors du second mandat. »
Franco Quirin (MMM) : « Je n’ai pas de problème, si la formule considérée est de deux mandats. Mais je suis contre l’effet rétroactif. Toute personne compétente peut aspirer à être à la tête d’un gouvernement. Le pays regorge de professionnels et la limitation de mandat vise à faire briller les compétences avant tout. »

 

 

 

Yogida Sawmynaden (MSM) : « Pourquoi une limitation de mandat ? Je n’en vois pas la nécessité dans le contexte mauricien. Limiter le mandat d’un PM c’est comme bloquer le travail enclenché. Il faut laisser aux électeurs le soin de décider qui sera le chef de gouvernement après un premier mandat. On ne peut pas les priver de ce choix. »
Ravi Rutnah (ML) : « La limitation de mandat ne devrait pas être appliquée uniquement au PM mais aussi à tous les ministres. Au bout de deux mandats de cinq ans, on n’a pas d’idées nouvelles. On est dépassé. Pour un renouvellement, il faut laisser la place aux autres. Quand il y a des dinosaures, le travail peut être monotone pour eux-mêmes. Ils peuvent ne pas être aussi efficaces qu’auparavant. »
Salim Abbas Mamode (PMSD) : « Un PM ne peut pas  assumer plus de deux mandats. Je suis entièrement d’accord. »

 

 

 

Xavier-Luc Duval, (PMSD) : « Nous sommes en faveur d’une limitation de deux mandats pour un PM. Mais nous ne voulons pas que ce soit avec effet rétroactif. »
Bobby Hurreeram (MSM) : « Je suis divisé sur la question. Ce serait une bonne chose de limiter le nombre de mandats d’un PM à deux. Cela permettrait un renouvellement. Mais Maurice est un petit pays et nous n’avons pas beaucoup de ressources humaines. Mais il faut une capacité et une expérience politiques pour être chef du gouvernement. On ne peut pas confier ce rôle à n’importe qui. »
Rajesh Bhagwan (MMM) : « Je suis d’accord avec le concept, mais je suis contre la rétroactivité. La limitation doit aussi être incluse dans le manifeste électoral d’une formation politique. Si le peuple décide d’élire ce parti, il aura la possibilité de limiter le mandat d’un PM. »

 

 

 

Kavi Ramano, député indépendant : L’idée de cet amendement constitutionnel est de valoriser chaque Mauricien, de prôner la méritocratie et de tenir compte du fait qu’une personne avec plus de deux mandats laisse la voie à la corruption et au népotisme. Je suis en faveur d’un tel amendement. »
Ritesh Ramful (PTr) : « Je suis pour. Une personne ne peut se présenter à ce poste à plusieurs reprises. Cet amendement constitutionnel donnera la chance à tout le monde, d’autant qu’il est désormais question du rajeunissement de la classe politique. »
Prem Koonjoo (MSM) : « Un mandat suffit. Il y a  trop de personnes assoiffées de pouvoir. Pravind Jugnauth doit aussi donner la chance aux autres. Dans certains cas exceptionnels, un chef de gouvernement peut entamer un deuxième mandat. »

 

 

 

Toolsyraj Benydin  (ML) : « Je ne vois pas pourquoi il faudrait limiter le mandat d’un PM dans une démocratie ? Si le PM fait bien son travail et qu’il a été élu par le peuple, pourquoi imposer une limitation ? »
Guito Lepoigneur (PMSD) : « C’est une très bonne chose pour la démocratie. La démarche de venir avec une limitation à deux mandats revient avant tout au PMSD. Néanmoins, un PM peut se présenter à nouveau au poste, après un break. »
Joe Lesjongard (MSM) : « Il faudrait pousser le débat plus loin. La limitation de mandat doit faire partie d’une réforme globale du système électoral. La durée doit être redéfinie. Le mandat peut s’étaler sur trois, voire cinq ans. Mais il faut se rappeler que notre système fait que les électeurs votent pour un député et non pour un chef de gouvernement. »

 

 

 

Shakeel Mohamed (PTr) :  « La limitation de mandat d’un PM est nécessaire au renouvellement du leadership politique. Je suis pour ce projet, sauf s’il est imposé avec effet rétroactif. Le no 1 du gouvernement doit être désigné au suffrage universel et non dans une circonscription particulière. La limitation de mandat pourra alors être introduite. Sinon, ce sera comme un gâteau à demi-cuit. »
Eddy Boissézon (ML) :  « Je n’ai pas encore réfléchi sur le sujet. »
Patrice Armance (PMSD) : « Je suis pour. Cette proposition figure dans notre manifeste électoral. »

 

 

 

Aadil Ameer Meea (MMM) : « C’est une décision de ligne du parti. Nous n’en avons pas encore discuté au bureau politique. Donc, peut-être quand on l’aura fait. C’est une des questions que je voulais justement adresser au PM à travers ma question parlementaire sur la réforme électorale. »
Veda Baloomoody (MMM) : « Je n’ai aucun problème avec la limitation de mandat, à condition que la Constitution soit amendée. »
Gowkaran Oree (MSM) : « Il faut mettre tous les partis autour d’une table pour voir s’ils sont d’accord. »

 

 

 

Raffick Sorefan (MSM) : « J’ai laissé cela au comité ministériel sur la réforme électorale. Les responsables ont les données. Mieux vaut que le comité travaille dessus. »
Soodesh Callichurn (MSM) :  « Il faut un débat national sur le sujet. Je suis pour, mais il faut qu’une décision soit prise avec le concours des partis. D’ailleurs, dans certains pays, la limitation de mandat est une priorité. »
Adrien Duval (PMSD) : « Les ex-PM pensent que le trône leur est réservé, mais ce n’est pas le cas. Limiter à deux mandats, comme aux États-Unis, serait une bonne chose. Trop de mandats engendre la corruption et décourage le renouvellement des compétences. »

 

 

 

Alain Aliphon (MSM) : « Il n’y a pas lieu d’introduire une limitation de mandat pour le poste de PM. Si celui-ci fait le travail comme il faut, il n’y a pas de raison de l’empêcher de continuer. »
Jean-Claude Barbier  (MP) : « Il y a une position officielle du MP.
Avant même que la question ne soit soulevée, nous étions déjà pour la limitation du mandat d’un PM, mais pas en ce qui concerne les autres fonctions. Je suis contre la question d’introduire la rétroactivité. »
Sangeet Fowdar (ML) :  « Je suis contre. Deux mandats, ce n’est pas assez. Que se passera-t-il si un PM doit composer avec une grosse crise économique mondiale qui affecte le pays ? Au lieu de pouvoir appliquer sa vision, il doit composer avec ce problème. »

 

 

 

Anil Gayan (ML) :  « Je pense qu’on doit voir cela dans un cadre et contexte élargis. Ce n’est pas un débat. À Maurice, nous avons la Constitution. »
Raj Rampertab (MSM) : « Je suis en faveur de plusieurs mandats car cela donne la chance au PM de poursuivre le travail commencé. Deux mandats seulement n’auront que très peu d’aboutissements. »
Sudhir Sesungkur (MSM) : « C’est le peuple qui élit un gouvernement. Si l’électorat veut redonner la direction de son pays à quelqu’un, c’est son choix. Je ne vois aucune raison d’inclure la limitation du mandat d’un PM à la Constitution. »

 

 

Reza Uteem (MMM) : « Une limitation de mandat ne changera pas grand-chose. Car depuis 47 ans, il n’y a que deux familles qui gouvernent le pays. Ce qu’il faut, c’est une réforme électorale proportionnelle, avec une transparence financière de la vie politique. »
Dan Baboo (PMSD) : « Je suis d’accord avec un maximum de deux mandats pour un PM. Cela donnera la chance aux jeunes. »

Ceux qui n’ont pas souhaité s’exprimer

Outre ces députés que nous n’avons pas pu joindre, ils sont plusieurs à ne pas avoir souhaité donner leurs opinions. Certains ont expliqué leur silence et d’autres pas. Maneesh Gobin a déclaré que sa fonction d’Attorney General lui impose un droit de réserve sur ce type de questions. Sanjeev Teeluckdharry, Deputy Speaker, a dit être pris par les travaux parlementaires : « Pour l’instant, je ne suis pas disponible pour répondre à cette question. » Stéphane Toussaint a préféré laisser le sujet épineux à ses collègues pour rester dans son « domaine de prédilection qu’est le sport ». Puis il y a ceux qui n’ont pas élaboré sur le sujet ou qui ont ignoré nos sollicitations : Ashit Gungah, Anwar Husnoo, Ivan Collendavelloo, Nando Bodha et Paul Bérenger.

 

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