L’influence des religieux sur leurs suppôts est parfois considérable. Les faits divers dans lesquels les premiers sont impliqués suscitent de nombreuses interrogations. Comment arrivent-ils à subjuguer leurs auditoires pour devenir si puissants qu’ils arrivent à demander l’impossible.
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La question que de nombreuses personnes se posent est pourquoi la société moderne est toujours sous l’influence des hommes religieux ? La sociologue Zuheira Ameer explique que même si la population mauricienne est plus éduquée et exposée à la technologie, il y a toujours une catégorie de personnes qui croient aveuglément tout ce qu’on leur dit au nom de la religion.
« Il faut d’abord se dire qu’un religieux est un être humain qui a consacré sa vie à Dieu et il est comme chacun d’entre nous. Il agit comme guide et comme nous, il n’est pas parfait. »
La sociologue précise qu’en tenant compte de ce qui se passe actuellement, on constate qu’il s’agit souvent de gens qui parlent au nom de la religion pour escroquer les autres. Selon cette dernière, cela est dû à une érosion de la culture.
« Auparavant, les gens faisaient confiance facilement aux religieux, quand ils étaient en difficulté. Bien qu’on puisse les qualifier d’ignorants, il est à préciser que les choses n’ont pas vraiment changé. Même les hauts cadres se laissent berner par les sorciers. Ces derniers sont la cible idéale, car ils sont prêts à débourser de grosses sommes », dit la sociologue.
La sorcellerie est bel et bien présente dans notre société et prend de l’ampleur. Pour Zuheira Ameer, les gens sont certes plus éduqués, mais ils ont délaissé l’éducation religieuse.
« Si on savait ce que disent nos livres sacrés, on serait conscients que la religion n’exige pas qu’on fasse des choses qui n’ont rien à voir avec la religion. Les attouchements, le viol ou payer pour éliminer ses problèmes ne sont certainement pas des pratiques religieuses », souligne-t-elle.
Vijay Ramanjooloo: « Cette influence ne laisse aucune place à la subjectivité »
Le mot religion tient son origine du latin ‘religare’ qui signifie « relier ». Un groupe de personnes qui ont les mêmes croyances est souvent lié à un chef. Ce dernier est la figure idéale qui représente les valeurs et la philosophie du groupe. Selon le psychologue Vijay Ramanjooloo, tout tourne autour du chef. Selon lui, si le leader est idéalisé de manière excessive, il y a une cassure qui devient dangereuse, car cette influence ne laisse aucune place à la subjectivité.
« Il s’agit souvent d’une personne vulnérable qui n’a plus les capacités de prendre du recul pour analyser les choses. Le ‘je’ ne fonctionne pas et c’est le ‘nous’ qui prend le dessus. La personne qui se laisse influencer est souvent psychologiquement fragile et perd tout son sens analytique », précise-t-il.
Le psychologue souligne qu’il ne faut pas généraliser, car la religion en général a ses propre us et coutumes. « Il est vrai que certains ont tendance à manipuler pour des gains personnels et d’empêcher les gens à réfléchir de façon logique », fait-il valoir.
David White: « Ils ont un flair aigu pour les plus faibles et les crédules »
« Ceux qui utilisent leurs religions ou croyances pour tromper, pour manipuler sont des charlatans, des menteurs, voire des faussaires », dit David White, pasteur, Counsellor et Business Psychologist. Il affirme que n’importe qui, au nom d’une inspiration, peut s’installer comme religieux et le risque de la manipulation psychique, émotionnelle et l’abus physique devient souvent une réalité.
« Ces religieux autoproclamés sont souvent inconscients de leurs incompétences et très souvent, puisqu’ils ne sont pas soumis à un mécanisme de recevabilité, de transparence et de supervision, la voie est toute tracée pour des abus en tous genres. Même au sein des religions qui réclament la transparence à leurs religieux, les cas d’abus existent », fait-il valoir.
L’accent doit être mis sur les pratiques éthiques et déontologiques pour éviter tout dérapage. C’est non seulement l’affaire des religions, mais le fondement de toute profession.
En ce qui concerne les stratégies de communication, David White précise qu’elles peuvent être conscientes ou viscéralement inconscientes. Selon lui, les manipulateurs, tous confondus, religieux et non religieux, ont un flair aigu pour les plus faibles et les crédules.
« Ils attirent par leur langage d’abord, leurs histoires vraies comme fausses. Lorsqu’une personne leur apporte la moindre attention, certains manipulateurs iront jusqu’à tenir des propos ou entreprendre des rites hypnotisant pour avoir une emprise sur la ou les personne(s). Le rapport de personne à personne n’existe plus », dit-il.
Notre interlocuteur souligne que le manipulateur a une emprise sur le sujet et va installer un rapport pervers. Les manipulateurs religieux sont des pervers narcissiques. « Ils existent parce que l’autre est devenu leur chose, un objet pour leur plaisir. La personne sous emprise réfléchit et agit sous l’impulsion du maitre-manipulateur ».
Comment ne pas tomber dans leur piège ? Pour le psychologue, cela exige d’abord qu’on ait leurs références certifiées. Ensuite, c’est s’assurer d’où tiennent-ils leur autorité. « C’est aussi ne pas abdiquer à leur charme, leur pouvoir séducteur. C’est apprendre à avoir du discernement, un peu d’esprit critique. C’est se faire toujours accompagner. C’est de tenir ses proches au courant de tout contact possible. C’est surtout, ne pas se retrouver seul/e en leur compagnie et bien d’autres choses qui relèvent du bon sens », fait-il ressortir.
Quand des hommes religieux dérapent
Mai 2010
Un religieux de 41 ans a été arrêté par la police de Rose-Belle après qu’une mère de 36 ans l’ait accusé d’avoir attenté à sa pudeur dans un champ de cannes. L’homme a nié les allégations et a été libéré contre une caution de Rs 7 000 et après avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 50 000. Il aurait donné un lift à la plaignante et l’aurait conduit dans un champ de cannes.
Novembre 2011
Un professeur de religion de 68 ans a été arrêté par la police dans un faubourg de la capitale après qu’une étudiante de 15 ans ait allégué que son enseignant avait attenté à sa pudeur. Selon elle, son professeur de religion lui aurait dit qu’il ressentait des douleurs et lui aurait demandé de lui faire un massage. « J’étais debout et lui était assis quand, soudain, il m’a dit qu’il allait me montrer comment je dois faire », a-t-elle expliqué.
Mars 2014
La police a procédé à l’arrestation d’un guérisseur qui a été pris à partie pour avoir tripoté une patiente. La scène a même été filmée. Il exerçait en prononçant des incantations religieuses afin de chasser les mauvais esprits.
Mars 2010
Une fillette de 6 ans accuse son instituteur qui est aussi un religieux, d’attouchements sexuels. La fillette a expliqué à la police que le vendredi 5 février, alors qu’elle suivait la classe en compagnie de quatre camarades, l’instituteur lui a ordonné de venir devant la classe à côté de la table et lui aurait caressé les parties intimes avec un rotin bazar.
2002
Un religieux, 25 ans, marié, père de famille, résidant à Montagne-Blanche, est impliqué dans le viol collectif de Sandra O’Reilly. Cela s’était passé dans une voiture de location dans la nuit du 19 juillet 2002 à Belle-Rive. Aux enquêteurs, cet homme avait expliqué qu’il avait fait glisser le levier du siège avant pour avoir plus d’espace afin d’abuser de la femme à deux reprises en compagnie de ses amis.
Un religieux avoue avoir commandité le meurtre d’une femme à Poudre-d’Or. Le corps de la quadragénaire avait été retrouvé calciné dans un champ de canne à Poudre-d’Or, le 3 novembre. Elle entretenait une relation extraconjugale avec le religieux. S’adressant à la Cour durant son procès, ce dernier s’était excusé d’abord auprès de la famille de la victime et ensuite auprès de Dieu pour ses actes.
Mars 2009
Un religieux doit quitter Maurice en quatrième vitesse. Un ordre d’expulsion a été émis contre lui. Il fait l’objet d’allégations d’attouchements sexuels sur deux élèves à Quatre-Bornes. Le 1er octobre 2008, une fidèle d’un lieu de culte adresse une lettre au secrétaire de l’association. Elle dénonce des actes indécents. Deux filles, élèves d’un religieux, allèguent avoir été victimes d’attouchements sexuels le 23 septembre 2008 dans un lieu de culte.
Avril 2015
Une patrouille de la police remarque la présence d’une voiture garée près de l’autoroute menant à Jin Fei. Les policiers s’approchent pour voir ce qu’il en est. Ils découvrent deux hommes dans une position compromettante sur le siège. Un policier braque sa torche en direction du chauffeur. Ce dernier s’adonnait à des actes sexuels sur un jeune homme. Le chauffeur est un religieux.
Mars 2014
Dans une plainte à la police, une femme, âgée de 31 ans, allègue qu’elle aurait été violée et séquestrée alors qu’elle résidait dans un centre religieux il y a dix-huit ans. Elle accuse aussi des membres de ce centre d’avoir essayé d’acheter son silence. Elle dit avoir été victime d’agression sexuelle en 1998, alors qu’elle était encore mineure. Son viol aurait été perpétré par le président du centre.
2009
Une adolescente de 13 ans, révèle à sa tante en février 2010, avoir été violée quatre mois plus tôt par un jeune d’environ vingt ans. Ce dernier prétendait être un religieux au service d’un centre des Plaines-Wilhems.
Avril 2012
Une femme âgée de 39 ans, domiciliée dans un village du sud, décide de se tourner vers un religieux pour trouver la guérison. Ce dernier en a profité pour abuser d’elle et elle a porté plainte.
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