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Louis Lindsay Mootoosamy, de l’Albion Fisheries Research Centre : « Il n’y a pas assez de pêcheurs »

Plusieurs pêcheurs se plaignent du manque de poissons dans nos eaux. Ils imputent ce fait à divers facteurs, dont la pêche industrielle.

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Au ministère de l’économie océanique et des Ressources marines, on conteste ces affirmations. Explications.

Edley, 50 ans, est pêcheur depuis plus de 30 ans. Comme son père avant lui, il connaît la mer comme sa poche. Cet homme qui exerce à Trou-d’Eau-Douce affirme qu’il n’y a plus autant de poissons dans nos eaux, comme il y a 20 ans de cela. Il blâme – et il n’est pas le seul à le faire – les bateaux de pêche industrielle venus d’autres pays qui « accaparent notre stock de poissons dans nos eaux ».

Mais les techniciens du centre de pêche d’Albion, de leur côté, affirment que ce sont les Mauriciens qui ne sont plus disposés à mener de longues campagnes de pêche sur nos bancs. « Avec le temps, le volume des prises a certes diminué dans le lagon, et ce, pour plusieurs raisons (développement touristique sur la côte, le bruit qui effarouche le poisson).

C’est pourquoi le gouvernement encourage la pêche au radeau en accordant toutes sortes de facilités. La pêche semi-industrielle consiste, elle, à des sorties en mer sur de petits bateaux à moteur pendant une douzaine de jours. Les pêcheurs rentrent en moyenne avec trois tonnes de poissons. Ce qui veut dire qu’il y a encore des poissons dans nos eaux », nous a déclaré Louis Lindsay Mootoosamy, Adjoining Divisional Officer, Marine Resources Division, à l’Albion Fisheries Research Centre, lors d’une rencontre avec les officiers du centre d’Albion la semaine dernière.

Campagne de 45 jours

Il précise que la campagne est plus élargie sur les bancs. « De gros bateaux sortent pêcher durant 45 jours au minimum. Ils pêchent sur les bancs de Nazareth, de Salha, d’Albatros, de Saint-Brandon. Il y a beaucoup de poissons là-bas. Ce dont Maurice a besoin, c’est le développement de la pêche industrielle, ce qui encouragerait les gens à se tourner vers la pêche. À l’heure actuelle, nous n’avons pas assez de bateaux. Il y a 20 ans, il y avait près de 17 bateaux sur les bancs.

Aujourd’hui nous n’en avons que cinq. Il y a un manque cruel de pêcheurs. On ne trouve plus de pêcheurs mauriciens désireux de se rendre sur les bancs. Les propriétaires de bateaux de pêche doivent faire appel à des marins malgaches. Peut-être que les Mauriciens ne veulent plus passer autant de temps en mer, alors que d’autres sont capables d’y rester plus longtemps... »

Notre interlocuteur ajoute : « J’aimerais ajouter que le nombre de gros bateaux a diminué. Comme je l’ai dit, il ne reste que cinq en opération actuellement. Ils appartiennent à des compagnies comme Shandrani et Diego Star. Je le maintiens : ce ne sont pas les poissons qui ont diminué dans nos eaux, ce sont les pêcheurs ! Au contraire, les poissons sont en train de vieillir par manque d’exploitation ! »

Louis Lindsay Mootoosamy était soutenu dans sa déclaration par Trishna Sooklall, Technical Officer. « Nous n’avons plus de pêcheurs prêts à partir pour ces campagnes de pêche de 45 jours. Il faut préciser que le manque de poissons se limite à une zone restreinte : le lagon. Cela est dû, entre autres, à des polluants qu’on jette en mer. L’environnement marin en est très affecté », nous a-t-elle déclaré.

 

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