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Main-d’oeuvre étrangère - Construction : les autorités font volte-face

La main-d’oeuvre étrangère sera nécessaire pour la réalisation des projets d’envergure.

En 2016, le gouvernement voulait limiter le nombre de permis de travail dans le domaine de la construction. Aujourd’hui, des consultations sont en cours pour revoir tout le processus d’octroi de permis dans le secteur, vu le manque de main-d’oeuvre.

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Metro Express, nouvelles routes, Smart Cities, nouvel hôpital, nouvelle Cour suprême… c’est tout le pays qui s’apprête à devenir un chantier. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a lui-même reconnu cette semaine que s’il faut terminer tous ces chantiers à temps, il faudra faire appel aux travailleurs étrangers. Parallèlement, sous l’impulsion du ministère des Infrastructures publiques, le Construction Industry Development Board (CIDB) a démarré un travail sur la révision des critères pour l’importation de la main-d’oeuvre. Une situation qui contraste avec celle de fin 2016, quand le Conseil des ministre annonçait une « sévère restriction » sur les permis de travail dans la construction.

Projets

C’est lors de l’inauguration du chantier pour le pont reliant les routes A1 et M1 que Pravind Jugnauth l’a reconnu : « Si on veut que les projets se terminent à temps alors on n’aura d’autre choix que d’importer de la main-d’œuvre pour ce secteur. » Il suffit pourtant de se rapporter au communiqué du Conseil des ministres du 25 novembre 2016 pour constater un discours totalement opposé : « Cabinet has agreed to the issue of work permits for the importation of foreign labour in the construction sector being severely restricted with a view to promoting the employment of local labour. »

Conformément à ce changement de posture, le CIDB a démarré un exercice pour la possible révision des procédures pour l’importation de la main-d’oeuvre. Une source impliquée dans les discussions en cours explique : « On n’a plus trop le choix. Il faut permettre aux contracteurs d’importer de la main-d’oeuvre. À un moment, le gouvernement disait qu’il faut protéger les travailleurs locaux, mais ils ne s’intéressent clairement pas au secteur. »

Actuellement, 5 682 hommes et 31 femmes expatriés travaillent dans la construction. Le but des travaux enclenchés auprès du CIDB est d’éviter qu’il y ait des abus dans un secteur où les travailleurs étrangers devraient affluer en masse.

Parmi les critères proposés, on retrouve l’obligation d’être enregistré comme entreprise de construction auprès du CIDB, ce afin d’éviter que des agents recruteurs n’abusent du système. Les entreprises concernées devront aussi pouvoir prouver qu’ils ont un contrat d’envergure et devront aussi préciser la durée des travaux.

« Nous avons aussi identifié quatre secteurs clés où il y a une pénurie de compétences, explique notre source, il s’agit de maçons, de charpentiers, de bar benders et de ferrailleurs. » Les employés devront aussi prouver leurs compétences et degré de qualification si les propositions sont acceptées. Certains ont proposé que le permis de travail soit étendu au-delà du délai de deux ans ou encore qu’on donne un break aux employés étrangers qui sont à Maurice pour une longue durée pour qu’ils puissent visiter leurs proches s’ils le veulent.

Sauf qu’il faudra que le ministère du Travail accepte ces changements. Or, c’est Soodesh Callichurn qui avait proposé de limiter le nombre de permis dans le secteur pour favoriser l’embauche des locaux. Le ministre semble avoir revu sa position : « On ne m’a pas encore remis de propositions, mais nous sommes prêts à écouter les acteurs. Il faut voir comment protéger ce secteur et encourager le développement pour devenir un pays à revenus élevés. S’il n’y a pas de main-d’oeuvre, comment réussir ? »

Dev Luchmun, ancien conseiller du ministère du Travail, aujourd’hui consultant en relations industrielles, explique que le gouvernement avait fait fausse route en 2016. « Le ministre était totalement à côté de la plaque en voulant limiter les étrangers, explique le consultant, ce qu’il faut, c’est insister pour qu’un pourcentage de travailleurs sur un projet donné viennent de Maurice ».

Quant à Gérard Uckoor, président de l’Association of Small Contractors, il voit toutefois ces développements d’un oeil méfiant : « Qu’avons-nous fait pour protéger notre main-d’oeuvre locale ? Aujourd’hui, quand je mets les pieds sur un chantier, je me sens presque en pays étranger… »

 

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