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Main-d’œuvre étrangère : des entreprises en difficulté après la fuite de leurs employés bangladais

Biswas MD Sagor, Parwez MD, Imran Shikder, Kazi Matlub, MD Islam Rafiqul et MD siddick Abu Bakararrival.
  • De nombreux travailleurs immigrés quittent leur emploi d’origine pour bosser au noir.
  • Tant que l’employé « disparu » n’a pas été rapatrié dans son pays, l’employeur ne peut pas en recruter un autre. 

Le départ massif de travailleurs bangladais a mis de nombreuses entreprises mauriciennes au bord de la faillite. Selon les chiffres officiels, près de 22 000 Bangladais sont actuellement employés à Maurice, et quelques milliers d’entre eux travaillent illégalement. Ce phénomène a pris de l'ampleur ces derniers mois, créant un problème majeur dans plusieurs secteurs de l'économie.

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Les autorités indiquent que 839 travailleurs bangladais ont immigré à Maurice au cours des trois premiers mois de 2023. Dans le même temps, le Passport and Immigration Office (PIO) a enregistré une augmentation du nombre de travailleurs bangladais et malgaches qui se faufilent dans le pays pour travailler au noir, alors qu’ils sont venus sous contrat avec des entreprises textiles, des boulangeries et d’autres compagnies. Chaque semaine, ces sociétés signalent la « disparition » d’ouvriers bangladais.

Ces travailleurs immigrés, cherchant à échapper à la misère de leur pays, tentent leur chance sur le marché noir avant d'être finalement appréhendés par les autorités et rapatriés chez eux. Cependant, ces fugues ont un coût élevé pour les entreprises locales qui se retrouvent sans main-d'œuvre et subissent des pertes financières considérables.

Suchita Munnohur, 40 ans, directrice de Bread Lovers Bakery Co. Ltd, est confrontée à une situation difficile et menace de fermer définitivement sa boulangerie, la seule dans sa localité. Auparavant, le commerce fonctionnait avec des ouvriers mauriciens, mais il a été de plus en plus difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée localement. Face à cette pénurie, à partir de 2016, Suchita Munnohur et son époux ont décidé de recruter des Bangladais, avec des contrats de trois ans.

Les premières années, les Bangladais sont venus travailler sans problème. Cependant, entre 2021 et le 15 juillet 2023, le couple a rapporté la disparition de plusieurs employés bangladais malgré le respect des protocoles d'immigration et de travail. Aujourd'hui, il ne leur reste qu'un seul employé bangladais, menaçant également de quitter son emploi.

La fuite des travailleurs bangladais a entraîné une crise majeure pour de nombreuses entreprises à travers l'île. Un exemple frappant de cette situation préoccupante est l'histoire d'une boulangerie située à Montagne-Longue, qui a été contrainte de fermer ses portes il y a un mois, après le départ de tous ses travailleurs immigrés.

En 2018, le conseil des ministres avait révisé la réglementation relative à l'octroi des permis de travail. Le quota autorisé est passé à trois travailleurs étrangers pour un Mauricien. 

Cette politique a toutefois eu des conséquences imprévues pour les boulangeries et d'autres entreprises. Le ministère du Travail a imposé une condition spécifique en cas de « disparition » d'un travailleur étranger, qu'il soit bangladais, malgache ou autre. L'employé étranger doit être retrouvé par les autorités compétentes, telles que la Tracking Team du PIO, et rapatrié dans son pays d'origine. Seulement après cela, la compagnie concernée est autorisée à en recruter un nouveau.

Pour Bread Lovers Bakery Co. Ltd, cette condition s'est révélée problématique depuis 2021. La boulangerie a signalé à maintes reprises la « disparition » d’employés bangladais, mais ces derniers n'ont jamais été retrouvés par les autorités. L'entreprise s’enfonce ainsi dans une crise profonde, n’ayant plus la main-d'œuvre suffisante pour assurer son fonctionnement.

Suchita Munnohur appelle le ministre du Travail à trouver rapidement une solution. Elle demande un changement de la loi afin de permettre aux entreprises de recruter plus facilement des travailleurs étrangers pour combler la pénurie de main-d'œuvre. 

La situation actuelle soulève des questions cruciales sur la nécessité de réévaluer les politiques d'immigration et de travail à Maurice afin de protéger les entreprises locales et de préserver leur viabilité économique.

En ce sens, l’abolition du ratio de travailleurs étrangers dans la construction, le secteur manufacturier, l’agriculture et les PME, y compris les boulangeries, a été annoncée dans le budget 2023-24, ainsi qu’une simplification des procédures de recrutement.  

Environ 400 clandestins dans la nature

Environ 400 étrangers séjournant illégalement à Maurice sont dans la nature. Les services de l’immigration, selon l’inspecteur Devesh Sobrun, mettent les bouchées doubles afin de mener autant de raids que possible pour arrêter ces sans-papiers. « Aucune piste n’est laissée au hasard », assure-t-il.

14 sans-papiers arrêtés

Quatorze clandestins, soit quatre Bangladais, trois Indiens et sept Nigérians, ont été arrêtés par la Tracking Team du Passport and Immigration Office (PIO) lundi matin dans les régions de Belle-Rose, Phœnix et Quatre-Bornes. L’opération a été menée par les sergents Lilloo et Mootoosamy. Ces étrangers séjournaient à Maurice depuis 2016 à 2020 selon les cas.

La direction du PIO avance que le combat contre la clandestinité se poursuit chaque jour. L’inspecteur Devesh Sobrun précise que les policiers basés dans les divers postes du pays procèdent également à des arrestations de sans-papiers.

 

 

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