Interview

Marie Antoinette Brunette, porte-parole de l’Association des Femmes Entrepreneurs Réunies: «Pour être visibles et vendre nos produits, les foires sont les plus efficaces»

L’interdiction des foires en cette période de fin d’année est une menace pour de nombreuses micro-entreprises et PME. C’est ce que déplore Marie Antoinette Brunette. Elle revient également sur des propositions pour le développement de ce secteur qu’elle estime un peu ignoré. Dans quelle mesure les activités des micro-entreprises contribuent-elles à notre économie ? Les micro-entreprises achètent les matériaux bruts, équipements et accessoires avec les commerçants locaux. Ils produisent, vendent aussi bien aux Mauriciens qu’aux touristes, surtout ceux qui sont à la recherche de produits locaux authentiques. Les revenus des micro-entreprises sont la plupart injectés dans les dépenses des ménages ou pour sortir de la pauvreté.
En cette période de fin d’année, comment les micros-entreprises s’en sortent-elles dans la concurrence avec les grandes surfaces, les magasins et les marchands ambulants ? Les micro-entreprises ne sont pas des concurrents et ne peuvent concurrencer avec les grandes surfaces, les magasins et les marchands ambulants. Les entrepreneurs produisent à petite échelle à leurs propres frais et dans un coin de leurs maisons. Pour écouler leurs produits, il faut une bonne visibilité sur ce marché concurrentiel. Pour avoir cette visibilité et vendre leurs produits, les foires sont les plus efficaces. S’il existe un groupe de femmes entrepreneurs réunies dans une association ou coopérative dans une boutique, il reste que pour couvrir le loyer et les frais encourus, elles dépendent des foires dans des lieux publics où les ventes sont plus efficaces. Les marchands ambulants, en général, sont des revendeurs de produits importés.
[blockquote]« Les micro-entreprises ne sont pas des concurrents et ne peuvent concurrencer avec les grandes surfaces, les magasins et les marchands ambulants » [/blockquote]
Mais le plus étonnant, c’est que parmi ces marchands ambulants se trouvent aussi des femmes entrepreneurs avec leurs produits locaux, car les foires formelles sont rarement organisées. Et en cette période de fin d’année où les magasins et marchands ambulants seront autorisés à vendre ou faire des foires, les foires des coopératives et micro-entreprises sont interdites. Ici se pose la question d’égalité des chances et non la question de la concurrence. Et si nous sommes contraintes de respecter cette interdiction, je peux vous dire, qu’en revanche, à proximité des foires, il y a des personnes venues hors de Maurice qui écoulent leurs produits en toute quiétude face aux autorités. Quels sont les défis majeurs auxquels font face les femmes entrepreneurs engagées dans les PMEs ? Encouragées à créer nos entreprises, dans la plupart des cas, nous commençons par des micros ou petites entreprises. Par la suite, sans une bonne structure, nous faisons face à des contraintes financières. Nous sommes contraintes à vendre nos produits à des prix en-dessous de leurs vraies valeurs et des marges bien serrées et surtout face aux produits importés. L’attente est longue pour la réalisation des projets par le gouvernement. Les micro-entreprises arrivent très rarement à gravir les échelons et certaines sont contraintes à mettre la clé sous le paillasson. Que proposez-vous pour qu’elles obtiennent une place dans le commerce ? Un encadrement, une législation, des foires régulièrement organisées de manière efficace, un vrai programme d’accompagnement, d’écoute, de dialogue et le constat de visu des micros-entreprises et les PME, sans des menaces constantes de nous enlever ce droit et cette chance. Au lieu de nous voir comme des concurrents, les commerces locaux devraient envisager d’acheter avec nous. Des actions concrètes qui promeuvent une chance égale, en ligne avec leurs projets de l’autonomisation des femmes et de faire de Maurice une nation d’entrepreneurs.
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