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Maurice sur la liste écarlate de la France : un coup de massue pour le tourisme mauricien 

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En l’espace de moins de 24 heures, Maurice a été placé sur la liste rouge, puis sur la liste écarlate de la France. Si la première décision du gouvernement français inquiétait modérément, la seconde constitue un changement radical qui sera lourd de conséquences pour le secteur touristique de notre pays.  

Avec 17 738 touristes français ayant foulé le sol mauricien en octobre 2021, la France demeure le premier marché pour le tourisme à Maurice. Les Français représentaient d’ailleurs les espoirs de relance de toute une industrie qui a tourné au ralenti pendant un an et demi. Or, la décision du gouvernement français de placer Maurice sur sa liste écarlate intervient comme un véritable revers pour le secteur touristique mauricien. 

L’annonce de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, dans l’après-midi du 1er décembre, a pris les opérateurs touristiques au dépourvu en France. Plus tôt dans la journée, Aymeric Becaud, directeur associé de Konect Agency en France, affirmait au Défi Quotidien que Maurice restait la destination éloignée la plus réservée par les Français depuis la réouverture des frontières le 1er octobre dernier. 

Aymeric Becaud, directeur associé de Konect Agency en France.
Aymeric Becaud, directeur associé de Konect Agency en France.

Entre-temps, notre pays est passé de la liste rouge (pays caractérisés par une circulation particulièrement active de l’épidémie de Covid-19) à la liste écarlate (arrêt complet des voyages touristiques et professionnels). Rémi Sabarros, directeur des bureaux de Beachcomber Resorts & Hotels en France, au Luxembourg et en Belgique, se dit dans l’incompréhension : « Cela ne sent pas bon. Nous sommes atterrés car c’est une décision folle de notre gouvernement. »  

La situation inquiète également les opérateurs à Maurice. Pour Sydney Pierre, Chief Sales & Marketing Officer de Marriott Mauritius, c’est une décision grave : « La présence de Maurice sur la liste rouge était déjà un coup dur pour notre attractivité. Maintenant, avec la nouvelle catégorie écarlate, c’est l’arrêt complet du marché français et c’est vraiment grave. » 

Sydney Pierre, Chief Sales & Marketing Manager de Marriott Mauritius.
Sydney Pierre, Chief Sales & Marketing Manager de Marriott Mauritius.

Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourist Operators, parle d’un coup de massue pour les opérateurs du secteur. Il craint que d’autres pays de l’Union européenne n’emboîtent le pas à la France. « Nous avons tout intérêt, pour la santé locale, pour les visiteurs sur notre île, mais aussi pour l’avenir de notre industrie, à sortir de cette liste. déclare-t-il. 

Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourist Operators.
Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourist Operators.

De son côté, Christian Lefèvre, président de Friends in Tourism (FIT), estime que c’est une catastrophe parce que la présence de Maurice sur la liste écarlate de la France noie les chances de reprise. « Après un démarrage en fanfare, nous nous retrouvons en difficulté de nouveau à cause de la fermeture des frontières avec l’Afrique du Sud et maintenant de la sanction de la France. » 

Christian Lefèvre, président de Friends in Tourism.
Christian Lefèvre, président de Friends in Tourism.

L’annonce du gouvernement français arrive à un moment charnière pour le tourisme mauricien. Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionals, trouve dommage que cette décision ait été prise en pleine période de haute saison touristique à Maurice. « Nous avions déjà un bon nombre de réservations effectuées par des Français pour les mois de décembre et janvier », indique-t-il.  En outre, La Réunion applique également la mesure prise dans l’Hexagone. Il faudra donc s’attendre, dans les prochains jours, selon Daniel Saramandif, à des annulations de la part des Français de la métropole mais aussi du département d’outre-mer.  Comment remédier à cette situation complexe et embarrassante ? Sydney Pierre préconise que la diplomatie mauricienne prenne des initiatives pour permettre à Maurice de remonter au niveau orange et éventuellement vert une fois que la situation se sera améliorée. « Nous devons sans cesse travailler sur notre attractivité quelle que soit la situation sanitaire », ajoute-t-il.  Pour sa part, Daniel Saramandif pense que le classement de Maurice sur la liste écarlate est le résultat d’une mauvaise communication sur le plan international. « Certes, il y a une hausse des cas de Covid-19 à Maurice, mais la situation n’est pas aussi alarmante que ce que rapportent les autorités françaises », dit-il.  Pour lui, il faut que le gouvernement, les opérateurs et la presse locale travaillent en collaboration pour assurer une meilleure communication concernant la destination mauricienne. Christian Lefèvre dit d’ailleurs s’attendre à l’action du gouvernement mauricien pour convaincre les pays concernés de ne pas asphyxier davantage l’industrie touristique de Maurice. 

L’inquiétude s’installe dans le secteur de l’exportation

Le secteur de l’exportation pourrait également être affecté par le placement de Maurice sur la liste écarlate de la France. Sudesh Proag, directeur d’Ananas Victoria Ltd, ne cache pas son inquiétude. En raison des restrictions liées à la Covid-19, il avance que les ventes locales sont très mauvaises pour la compagnie. « Nous exportons nos produits en France. Les exportations de décembre ne seront que de 20 % pour les letchis et 35 % pour l’ananas », dit-il. Cependant, selon lui, il est difficile d’anticiper l’impact que la décision du gouvernement français aura sur marché. « Il nous faut plus de temps pour analyser s’il y aura des conséquences à long terme. Nous suivons cette situation de près. »

 

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