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À Maurice: une filière de recrutement vers la Syrie

Maurice semble être plus que jamais concerné par la lutte pour endiguer le virus djihadiste. La cellule anti-terroriste locale serait sur le point de démanteler un réseau qui recrute des combattants volontaires pour la Syrie. Une dizaine de personnes sont dans le collimateur du National Security Service. Discrète, mais très active, cette cellule est depuis plusieurs mois dans le collimateur des services des renseignements. Ses membres sont, d’ailleurs, sous étroite surveillance. Pour attirer un maximum de monde, ils font appel à de jeunes rabatteurs. Ceux-ci ont pour mission de descendre sur le terrain afin de convaincre ceux de foi musulmane de se joindre à Daech (acronyme arabe de l’État islamique en Iraq et au Levant). Selon quelques personnes interrogées, une ou deux fois par semaine, à l’aube, des jeunes débarquent au Square Khadafi, Plaine-Verte, non loin du food-court, d’autres aux abords de l’hôtel Pakistan à la rue Desforges et distribuent des tracts pour inciter ceux intéressés à rejoindre Daech. « Zot dir tou seki interese pou ale ou seki konn bann zenes ki interese al la Syrie, fer kone. Tou zot fre pou peye. Bizin kontakte zot lor enn nimero telefonn ki ena lor trak la », explique un témoin. De sources bien informées, nous apprenons que cette filière locale de recrutement serait très bien organisée et financée. Les responsables sont connus comme des recruteurs. Un certain J.M. est soupçonné d’avoir des connaissances dans le maniement des armes et des explosifs, alors qu’un dénommé A.J. serait le brainwasher. Z.B. serait un agent et I.A., celui qui aborde les éventuel candidats au djihad. Les quatre responsables de la cellule agissent comme des facilitateurs pour acheminer les combattants volontaires jusqu’à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Des cyber-recruteurs utilisent, pour leur part, les réseaux sociaux pour faire leur canvassing. À ce stade de leurs investigations, les enquêteurs pensent que des départs vers la Syrie ont déjà été organisés. Ils soupçonnent qu’une vingtaine de Mauriciens y sont déjà. Depuis la diffusion du message de Yogen Sundrun, alias Abu Shuaib Al Afriqi, sur le Net, le PMO et le Bureau de l’Immigration mettent les bouchées doubles pour retracer l’itinéraire de ceux qui ont quitté le pays et qui ne sont pas rentrés. Les autorités pensent que ces personnes ont pu rejoindre Daech. À Maurice, il n’y a pas eu de recrutements en masse comme ailleurs, les jeunes Mauriciens étant peu enclins à sacrifier leur vie en Syrie. Mais toujours est-il que les recruteurs tentent, par tous les moyens, de séduire les délinquants ou autres chômeurs en leur promettant un meilleur avenir, avec une bonne formation et une mission qui est de se battre pour la bonne cause. Les autorités locales disposeraient aujourd’hui d’assez d’éléments pour s’attaquer à cette filière.  
   

Le tract

Nous avons pu mettre la main sur un tract distribué à Plaine-Verte. Il émane d’un groupe connu sous le nom Islam 4 Mauritius, qui dispose d’un website avec adresse e-mail et numéro d’urgence. Cependant, après une recherche, nous avons constaté que le site semble être en construction. Tout a été effacé et le numéro de téléphone est hors service. Le tract parle de persécution des musulmans dans le monde, ainsi que du devoir et des responsabilités de chaque musulman qui semble vivre dans l’ignorance. Il annonce qu’un calife dirige l’État islamique et que la Charia y est appliqué. Il parle aussi des « facilités » et autres avantages qui existent dans l’État islamique.
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Dans une vidéo en 2014: Abu Shuaib Al Afriqi disait être Sud-Africain

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Abu Shuaib Al Afriqi, de son vrai nom Yogen Sundrun (35 ans), et Aisha (Ranusha Moher, 29 ans pour l’état civil mauricien) se sont mariés en 2003. Ils ont contracté le mariage religieux (nikaah) à Norwich, en Angleterre. Le couple a six filles. L’aînée a 8 ans et la benjamine un an. C’est à Norwich que Yogen a rencontré des djihadistes chargés de rallier des non-musulmans à leur cause, de leur apprendre les préceptes de l’islam et de la langue arabe, et de les convertir. Dans un premier temps, Yogen est resté discret. Il semblait être un homme sans histoires jusqu’à la diffusion d’une première vidéo en 2014 par un média sud-africain. Le 17 août 2014. IOL News, site d’information sud-africain, publie un article intitulé « ‘SA’ man’s Isis video probed ». L’auteur fait mention d’une vidéo de 20 minutes et 52 secondes postée par Daech à l’occasion de la fête Eid-ul-Fitr, sur les réseaux sociaux. « They recently posted a 20-minute video, Eid Greetings from the Land of Khilafah (caliphate), on social media sites to coincide with Eid-ul-Fitr, the Muslim holiday that celebrates the breaking of the Ramadaan fast », peut-on lire. À la 16e minute, un homme encourage ses « frères » à le rejoindre. L’homme en question s’identifie comme étant Shuaib de l’Afrique du Sud, aussi appelé Abu Shuaib Al Afriqi. Dans ses bras, une fillette en bas âge, que Shuaib  présente comme étant sa cinquième fille. La vidéo a été enlevée et fait l’objet d’une enquête. Yogen et sa famille avaient, eux, disparu. Les médias africains le qualifie « d’homme dangereux ». Cela parce qu’il a appelé les musulmans à rejoindre Daech qui a à sa tête, Abu Bakr Baghdadi qui se proclame comme le nouveau calife. « The group has made headlines in the past few months for its brutal assassinations and murder of Christians and Yazidis, slavery of women and the recent capture of Lebanese soldiers », peut-on lire.  
   

Varun Moher : « Pa tret mo tifi kuma enn teroris »

  Ranusha Moher est née à Port-Louis. Elle fréquente la Raoul Rivet Govt. School, avant d’intégrer la Renganaden Seeneevassen SSS. Elle y passe son School Certificate, mais termine son cycle secondaire au collège Droopnath Ramphul. Elle rencontre Yogen dans un cocktail à Flic-en-Flac, alors qu’elle est âgée de 16 ans. Ils entretiennent une relation amoureuse à l’insu de leurs parents. Élève très brillante, elle veut devenir comptable. À 19 ans, elle quitte le pays pour l’Angleterre afin de poursuivre ses études supérieures. Son diplôme en poche, Ranusha décide de s’installer avec Yogen à Norwich, en Angleterre. Bien qu’elle soit en contact avec ses parents, elle ne leur a jamais dit qu’elle s’est convertie. Jusqu’à 2008, à la mort de sa grand-mère. Ranusha et son époux rentrent à Maurice pour assister aux funérailles. C’est la surprise générale. Ranusha porte le voile et se fait appeler Aisha. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5336","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-9892","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"Yogen Sundrun"}}]]Ranusha est la cadette des filles de Varun Moher. Ce dernier, 59 ans, est, lui, l’un des directeurs de Coronation. Selon Varun Moher, elle a eu une bonne éducation et a toujours été une « bonne fille ». Attristé et bouleversé par la position que son gendre Yogen Sundrun a prise sur cette vidéo qui fait le buzz sur le Net, il ne mâche pas ses mots à l’égard de celui-ci. Varun Moher condamne fermement la démarche de son gendre et lui demande de revenir à la raison et « dans le droit chemin ». Depuis le 9 décembre, Yogen Sundrun est vu sur une vidéo à travers laquelle il lance un appel aux Mauriciens de foi musulmane pour le rejoindre au sein de Daech. Depuis sa conversion à l’islam, il se fait appeler Abu Shuaib Al Afriqi. Al Afriqi signifiant fils d’Afrique. Yogen est un ancien étudiant du MGI. Malgré ses bonnes notes, cet ancien habitant de Terre-Rouge abandonne ses études pour prendre de l’emploi dans une imprimerie. Il est issu d’une famille brisée. Sa mère est en France, où elle a refait sa vie. Quant à Yogen, il quitte Maurice pour s’établir à Norwich chez une proche en 2001. Après quelque temps, il s’installe chez un ami musulman qui fréquente l’association Muslims of Norwich, qui enseigne les préceptes islamiques et qui invite les non-musulmans à se convertir. Yogen et sa femme se convertissent et fréquentent la mosquée Ihsan à Chapelfield East, Norwich. Ils y étudient le Coran et la langue arabe. En 2012, le couple, qui a alors quatre enfants, décide de venir s’installer à Maurice. Il n’y restera qu’une année, car en février 2013, Yogen et les siens regagneront l’Angleterre en passant par Dubaï. Depuis, ses proches sont sans nouvelles de lui. Yogen est décrit comme un homme calme et sans histoires par son entourage. Il n’a jamais eu de démêlés avec la justice. « Aucune religion n’enseigne le terrorisme ni ne détruit la paix et l’humanité. Que  Yogen et ma fille aient choisi de se convertir, cela n’a aucune importance. Mais utiliser la religion pour commettre le mal, ni ma famille ni moi ne tolérerons pareille chose. Nous serons les premiers à dénoncer ce genre de choses,  mais je suis sûr et certain que ma fille n’a rien à voir avec la position que mon gendre a prise. Mo pa swete ki mo tifi trete kuma enn teroris. Mo konn li ek mo sir li pe bizin swiv so mari partou parski li pena lot swa. Mo sir Ranusha pass so letan okip so six zanfan. Ki letan li pu ena pu azir kuma teroris », déclare Varun Moher. Le père de Ranusha estime que les autorités doivent aider sa fille qui, selon lui, est dans une impasse « entre la position de Yogen et ses responsabilités de mère et d’épouse. Nou sagrin ki demin mo tifi ek so six zanfan gayn enn move tretma parski dimoun pe kalifye zot de danzere. Nou so bann paran nou kone ki li pa pu fer bann kiksoz parey », dit Varun Moher.
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