Interview

Me Ashley Hurhangee : «Un chien sans dents ne va jamais mordre»

Me Ashley Hurhangee

Me Ashley Hurhangee ne passe pas par quatre chemins pour dire que toutes les institutions mises sur pied pour la défense des droits de l’homme ou pour se pencher sur les cas de brutalités policières n’ont jamais fonctionné. « Un chien sans dents ne va jamais mordre », dit l’homme de loi. Il serait aussi temps, selon lui, de mettre des personnes indépendantes à la tête de nos institutions.

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Un médecin légiste réunionnais est venu confirmer qu’il y a eu brutalités policières sur la personne de Patchee. Êtes-vous étonné ?
Il y a deux volets de réponse à cette question. Le premier est de savoir combien de cas de brutalités policières ont été avérés en cour. La réponse est : infiniment minime, si ce n’est rien. Le deuxième point est de savoir combien de cas ont été présentés devant le Police Complaints Bureau devenue la Human Rights Commission (HRC).

La HRC a dénombré 541 cas, avec un seul référé au Directeur des poursuites publiques (DPP)… Est-ce parce que certains sont farfelus et sans fondement ?
Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Il est extrêmement difficile de détecter des cas de brutalités policières. Il ne faut pas oublier que des accusés qui ont fait des aveux se servent de ce subterfuge pour tenter d’échapper à la justice. Avoir recours à un rapport d’autopsie indépendant payant, c’est bien, mais il faut aussi connaître le rapport du médecin légiste du gouvernement. Les Drs Gungadin et Monvoisin ne sont pas des novices. En tant que légistes, nous nous basons sur les témoignages des experts. Car, pour nous, avocats, il faut que le rapport du médecin légiste indépendant et payant soit le même que celui du gouvernement. Si tel n’est pas le cas, c’est alors à la cour de trancher.

Avec la nouvelle Independent Police Complaints Commission (IPCC), est-ce qu’on diminue les pouvoirs de la HRC ?
Toutes les institutions qui étaient censées défendre les droits de l’homme et qui devaient se pencher sur des allégations de brutalités policières n’ont pas fonctionné jusqu’ici, comme l’attestent les chiffres officiels. Mais je persiste à dire que la police est sommée de faire son travail, qui est de veiller à la sécurité des citoyens mauriciens. Je vous raconte une anecdote : un homme entre dans une banque et la braque en faisant des morts. La police l’arrête et lui passe les menottes de façon brutale. Les gens vont crier à la brutalité policière et feront l’impasse sur les morts. En clair, un chien sans dents ne va jamais mordre. Le mot magique est agir. Quand deviendra-t-on comme Singapour où, durant un an, il n’y a pas eu une seule contravention pour infraction au Code de la route. À Dubayy, n’importe quelle femme peut marcher à n’importe quelle heure en toute sécurité. Dans ce pays, il fait bon vivre et c’est enviable.

Il y a une école de pensées qui favorise une Police des polices. Quelle est la vôtre ?
Personnellement, je pense que cette idée est caduque. On a eu la PCB et la HRC, pour rien. J’estime qu’il faut faire confiance à notre force policière, sauf que les brebis galeuses doivent s’en aller.

L’IPCC sera dirigée par un trio contesté par le leader de l’opposition et d’autres. Et vous ?
L’IPCC me laisse un mauvais goût. Il est temps de mettre à la tête de nos institutions des personnes indépendantes, pas des nominés ou des agents politiques.

Dans l’affaire Gaiqui, le ministre mentor a avoué au Parlement que la police est allée un peu loin…
La question qui se pose est celle-ci : est-ce qu’un avocat peut prendre des photos ? S’il le fait, il cesse d’être un homme de loi, car il devient un témoin. Il fallait considérer les entrées dans le Diary Book de la police avant de sauter sur une conclusion qui peut être grotesque et fictive. Le ministre mentor a cru bon de dire que la police est allée un peu loin. Il faut savoir à quel degré et la raison pour laquelle les policiers sont allés un peu loin. À aucun moment SAJ n’a mentionné qu’il y a eu brutalité, c’est cela, la nuance.

 

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